Pour l’ancien coach de l’AJ Auxerre, Guy Roux la région parisienne constitue le centre névralgique d’un football français car il y puise une grande partie de ses meilleurs joueurs. Quitte à tout déséquilibrer.
Selon vous, où se situent les grands axes forts du football français en 2024 ?
Ils sont tous en périphérie du coeur d’un pays où Paris et Auxerre sont aujourd’hui les seuls clubs à évoluer en L1. Sinon, il faut aller vers Strasbourg à l’extrême est, en Bretagne à l’extrême ouest, tout au nord vers Lille et Lens, au sud vers Toulouse, Montpellier, Marseille et Nice, en passant par Lyon et Saint-Etienne. Le centre du pays n’est plus représenté depuis la descente de Clermont.
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Où bât le plus fort le coeur du foot français ?
C’est à Paris, sans aucun doute, et principalement en raison d’une importante population d’origine africaine qui trouve dans le football un levier d’ascension sociale. Ce fait démographique est accentué par les règles de la FFF qui, depuis 1998, interdisent aux plus jeunes de signer dans un club en dehors de leur ligue ou au-delà de 100 km.
Concrètement, si les milliers de jeunes talents de la région parisienne veulent accéder au plus haut niveau, ils n’ont que trois choix : le PSG, le Paris FC et le Red Star. Ils n’ont pas le droit d’aller ailleurs. Et cela ne fait que renforcer le déséquilibre avec les autres régions et ça explique pourquoi Paris écrase tout et que la moitié des joueurs de l’équipe de France à l’Euro y ont débuté. (1)
Guy Roux pas fan de la répartition du foot en France
Qu’est-ce que cela dit de la situation du football français ?
La répartition des clubs professionnels est malgré tout assez équilibrée et épouse généralement les grandes métropoles, à l’exception de Guingamp, Auxerre ou Lens qui sont des exceptions que la réduction de la L1 à 18 clubs rend encore plus improbable. Sur sa base, le football français est en pleine évolution dans ses territoires avec de moins en moins de clubs et de plus de licenciés.
Ce paradoxe s’explique en raison du regroupement des petits clubs pour faciliter les déplacements, et faire face au manque de bénévoles. Le football de villages n’existe quasiment plus, en tout cas par chez nous et je pense que c’est le cas dans beaucoup de régions. Dans ce contexte, la hausse des licenciés s’explique car les clubs accueillent les gamins de plus en plus tôt, dès 6 ans quand il fallait attendre d’avoir plus de 10 ans avant, et ouvrent aussi leurs portes à un football féminin en plein essor. Avec en plus tout ce qui est football diversifié.
(1) Mendy, Zaïre-Emery, Maignan, Kolo-Muani, Mbappé, Saliba, Konaté, Rabiot, Coman, Aréola, Thuram, Kanté et Fofana