samedi 20 avril 2024

Hand : que vaut vraiment le championnat de France ?

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Eric Mendes
Eric Mendes
Journaliste

Chaque saison, les stars de StarLigue sont forcément ciblées par les plus grands clubs européens pour venir renforcer leurs rangs. Et l’été prochain avec notamment le départ de Hugo Descat à Veszprém ou encore de Vincent Gérard à Kiel, ce sera encore le cas. Mais peut-on les retenir ?

De l’aveu de tous, le championnat de France est le meilleur du monde. Très souvent comparée à la Bundesliga, en Allemagne, la StarLigue a su gagner ses lettres de noblesse grâce à sa gestion exemplaire et une compétitivité qui lui permet d’être intéressante à suivre chaque week-end. Membre du comité directeur de la Ligue, Thierry Anti salue le bon travail des clubs professionnels en France.

« Les clubs français ne font pas n’importe quoi. C’est sûr que pour un joueur qui souhaite gagner un peu plus d’argent et payer le moins d’impôt possible, ce sera plus attrayant de partir à l’étranger, mais on n’a pas à rougir. Je ne vois pas pourquoi on quitte le PSG pour aller à l’étranger alors qu’ils sont en passe d’aller une nouvelle fois au Final 4. Le sportif n’est pas un argument, c’est surtout une question financière. »

Avant de rajouter. « J’espère que les dirigeants vont garder les pieds sur terre et ne pas être dans la surenchère comme le font des clubs comme Veszprém, Kielce ou d’autres. L’imposition est différente dans ces pays, mais le championnat n’est pas aussi intéressant. Ça peut être une deuxième option de penser jouer des matches plus tranquilles. En France, les équipes qui reviennent de Ligue des Champions et de Ligue européenne, elles le ressentent. Même contre le 11ème ou le 12ème de StarLigue, le match n’est pas simple à gagner. »

« On voit bien que le PSG a galéré à Créteil avant de réussir un gros match à Kiel. Ce n’est pas si simple. J’en parlais avec mon ami Patrice Canayer, après la trêve internationale, quand on reçoit les internationaux, le match est loin d’être gagné. Le championnat français est très attrayant et solide financièrement. C’est grâce au contrôle de gestion, mais on ne peut pas concurrencer un départ à l’étranger avec plus d’argent. »

« Il n’y a que le PSG  qui peut rivaliser d’un point de vue économique avec Kielce ou Veszprém »

Ils sont quelques joueurs de StarLigue à succomber aux sirènes de l’étranger comme Julien Meyer (Schaffhausen), Yoav Lumbroso (Kielce), Kévin Bonnefoi (Kriens-Luzern), Linus Persson (GOG), Dainis Kristopans (Melsungen) sans oublier Vincent Gérard (Kiel) et Hugo Descat (Veszprém). Mais pour Fernando Barbeito, le coach de Créteil, il est évident que la France garde un pouvoir d’attraction unique.

« J’ai connu le championnat de France, avant, quand j’étais à Barcelone comme adjoint de Xavi Pascual. Chaque année, il y a de plus en plus de qualité. Les clubs travaillent de mieux en mieux. Il y a de plus en plus de moyens, au niveau économique, marketing et médiatique. Il y a chaque année de plus en plus de bons joueurs qui arrivent aussi bien français et étrangers. Aujourd’hui, les internationaux ne partent pas tous. A l’exception de Barcelone, Kielce ou Veszprém, ce sont des clubs du top mondial, les meilleurs joueurs français sont en StarLigue. Le niveau moyen du joueur français a augmenté. »

Pour autant, l’entraîneur espagnol comprend que l’étranger puisse être une option pour certains joueurs.

« La carrière d’un joueur est courte. Il faut respecter les choix de certains. Il est normal qu’ils soient tentés d’aller décrocher un bon contrat à l’étranger. En France, il n’y a que le PSG qui peut rivaliser d’un point de vue économique avec Kielce ou Veszprém. C’est logique de voir des joueurs comme Descat, Nahi ou Fabregas aller dans des équipes de top niveau. Des équipes candidates chaque année au Final 4 de Ligue des Champions. Cela permet à d’autres joueurs français et étrangers de grandir et s’épanouir en StarLigue. En partant ces joueurs laissent une place libre et non pas un vide. Au contraire, ils permettent à d’autres de se révéler. »

Le hand français s’exporte bien

Hugo Descat a pris la décision de repartir à l’étranger, en Hongrie. Une décision qu’il assume même s’il ne ferme pas la porte à un retour dans quelques années. « Je vais regretter le championnat de France. Mais ce n’est pas la fin de l’aventure. Je vais revenir jouer en StarLigue un jour. Pourquoi pas. Mais une carrière, c’est court. Il faut savoir se mettre en danger. Et pour faire de bons JO, il faut être compétitif. Je l’étais avec Montpellier, mais je pense avoir fait le bon choix avec Veszprém. »

Ancien coéquipier de Descat à Créteil, Jérémy Toto, qui est parti deux ans à l’étranger (Plock puis Vardar) avant de revenir en France, à Nantes, comprend la décision de son ami, mais pense que la StarLigue reste un championnat compétitif et attractif.

« Il y a l’aventure humaine. Les joueurs partent, mais pour découvrir autre chose. Ce n’est pas pour retirer de l’intérêt au championnat de France. C’est un choix humain. Hugo et Nedim, je les connais. Ils sont surtout partis pour la découverte d’une autre culture et une autre mentalité. Ils voulaient se mettre en danger en se confrontant à d’autres choses. Mais je suis persuadé qu’ils reviendront. La France reste le meilleur championnat. On sait la valeur de notre championnat. »

« Tout le monde peut battre tout le monde. La preuve, on a perdu contre Limoges chez eux. Toulouse a su battre Paris, Montpellier et Nantes. Ils sont venus faire nul à la maison. On a rencontré des difficultés à Istres. C’est l’un des meilleurs championnats au monde avec l’Allemagne. C’est plus dur en France. Il y a du spectacle à chaque journée. En partant deux ans, j’ai vu la différence et je suis revenu avec cette envie de titiller les sommets. »

Le championnat de France dans le top 3 au monde

Pour Thierry Anti, le championnat de France est déjà un exemple, surtout financièrement, et il doit le rester. « On est parmi les deux plus beaux championnats du monde avec l’Allemagne. Le Vardar, par exemple, a disparu après avoir gagné, il y a peu. Kielce a eu besoin de vendre un joueur (Remili, Ndlr) pour équilibrer ses comptes… Il ne faut pas tomber dans ce piège. Le Barça, c’est différent. C’est un nom malgré les difficultés économiques. Ailleurs, tout d’un coup un sponsor arrive pour mettre de l’argent, mais ça va durer deux-trois ans. Comme en Allemagne. Ce n’est pas notre modèle même si on peut se comparer à la Bundesliga, au niveau sportif. Ce sont deux exceptions avec la France. »

Mais que faire pour continuer à se développer. Anti en a une idée précise. Avec la Ligue Nationale et David Tebib son président, ils y travaillent déjà.

« Il faut conquérir de nouveaux publics. Il est vieillissant. On va essayer aussi d’aller chercher des fans. Au niveau des compétitions, on va voir si on peut le rendre plus intéressant même si, cette année, le suspense est total avec trois équipes en deux points à quelques journées de la fin. Il faut savoir envelopper le match avec un spectacle qui peut être avant, pendant et après. C’est une vraie réflexion à mener. On travaille dessus à la Ligue. Il y a des salles qui se construisent, mais il y a aussi des salles vieillottes. Ça fait partie du dossier. On doit être dans un autre modèle. On doit être capable de vendre plus la marque handball. »

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