A mi-saison, Sélestat était bon dernier avec 1 seule victoire au compteur (à Limoges 31-29). Malgré les difficultés, le promu, de retour dans l’élite après cinq saisons en ProLigue, cherche à se construire un avenir meilleur espérant toujours ne pas faire l’ascenseur comme en 2016/2017 même si l’essentiel est ailleurs.
Les chiffres sont têtus. Avec 2 maigres points en 15 matches, 1 seule victoire à Limoges lors de la 14 journée (29-31), Sélestat était bon dernier à mi-championnat. Laurent Busselier, pour sa 1ère comme coach après avoir été adjoint à Chambéry entre 2017 et 2022, ne se cache pas :
« Ce serait mentir que d’affirmer que nous sommes surpris. On savait que cela allait être difficile. Le choix a été de conserver une grande partie des joueurs présents l’an dernier, notamment les jeunes avec lesquels on voulait continuer à avancer. Tout le monde nous annonçait l’enfer cette année. Malgré nos défaites, le constat reste positif en termes d’état d’esprit. 90% du groupe n’a pas connu ce niveau-là. »
« J’ai vraiment l’impression de gagner du temps avec ce groupe, le plus jeune du championnat (22 ans de moyenne d’âge) et avec le plus petit budget (2,3 M€ environ). On s’attendait forcément à une année compliquée. Malgré tout, la dynamique n’est pas mauvaise. Elle est même positive dans la manière. La plupart des gens en début d’année nous voyaient pourtant faire une Billère… » (26 défaites en 26 matches en 2012/2013, Ndlr).
« On n’est pas si loin »
L’entraîneur du club alsacien refuse absolument de voir tout en noir. Au contraire même !
« On progresse. On n’est pas très loin sur beaucoup de matches. Il nous manque un peu d’expérience. Il faut qu’on soit moins naïfs dans pas mal de domaines et qu’on avance. Cela réclame un certain temps pour mettre en place le projet. Les dirigeants sont bien conscients de la situation. En finissant l’an dernier 5ème de ProLigue et en montant via des playoffs (vainqueur contre Cherbourg en finale, Ndlr), il n’y a pas eu trop le temps de bien préparer cette montée. C’était naturellement un challenge très compliqué à relever ».
« Mais on met en place un cadre, on donne du temps de jeu à de jeunes joueurs. On envoie un message positif. Il faut prendre aussi ces éléments en compte sans ne regarder que les résultats comptables. Il faut regarder absolument la manière et l’état d’esprit affichés sur le terrain ».
Un maintien pas acquis pour le SAHB
Quand on lui parle de maintien, l’ancien ailier gauche international français entre 2006 et 2008 (17 sélections) garde la tête froide :
« Bien entendu que tout le monde au club serait content qu’on reste dans l’élite. Mais certaines problématiques existantes persisteraient l’année prochaine. Actuellement, les moyens économiques sont tels qu’il est difficile de lutter et de miser sur des éléments expérimentés afin d’aider ce groupe jeune et talentueux. Bien sûr qu’on ne se gênera pas si on peut se maintenir, mais on travaille déjà pour l’avenir en accompagnant ces jeunes joueurs. Si on se maintenait, ce serait un exploit pour le club. On pourrait dans ce cas travailler encore plus sur la durée. Mais si on descendait on continuerait d’avancer ».
« Le groupe ne devrait pas beaucoup changer. Ce n’est pas qu’on ne croit pas au maintien, mais on part de tellement loin avec un groupe qui ne connaît pas les exigences de la StarLigue. Depuis quatre, cinq ans, ce championnat monte sans cesse de niveau avec une énorme quantité d’internationaux présents dans tous les clubs. Quand on regarde les feuilles de matches, on joue avec des joueurs de 2002/2003, donc âgés de 19 ans. Si leur talent est bien là, il reste compliqué de leur demander de répéter à chaque fois la même chose.Malgré tout, on n’est pas si loin. Il faut tirer profit de cette accession en se penchant sur le futur. On veut s’axer sur un projet sur deux à trois ans ».
Sélestat conscient de ses difficultés
En devenant entraîneur notamment au sein de la Team Chambé, cet ancien joueur chevronné de Montpellier et Chambéry, savait que la situation sportive ne serait pas évidente à Sélestat. Il a accepté de relever le challenge en connaissance de cause :
« Quand j’ai signé, je l’ai fait dans un club de deuxième division. La mission était de faire émerger des jeunes joueurs, de renforcer l’ADN du club et la formation, tout en jouant le haut de tableau. La tâche n’a plus été du tout la même avec cette montée. Il a fallu s’adapter sans tout changer. Le fait de faire évoluer ces jeunes joueurs en StarLigue sans parler de laboratoire constitue une expérience très enrichissante. Je reste un compétiteur. Je suis passé par Montpellier et Chambéry comme joueur et comme entraîneur ».
« Je connais l’exigence de l’élite. Notre situation peut donner lieu parfois à de la frustration. Si on regarde un peu plus loin que la complexité des résultats et qu’on prend un peu de hauteur, je reste satisfait de cette première partie de saison. D’autant que la salle est pleine ».
Busselier veut rester serein
Et Busselier d’insister : « Il n’y a pas à calculer. Il faut continuer à fédérer. Dans la victoire, c’est certes plus facile. Il faut persister à faire suivre une génération en l’accompagnant du mieux possible. Ces jeunes joueurs talentueux n’ont pas encore la maturité nécessaire pour être totalement efficients, mais ils ont un état d’esprit irréprochable. »
« Il faut donc amener cette génération à maturité. Faire ce métier ici et à Chambéry n’est pas la même chose. Là-bas, il y a des joueurs expérimentés avec un autre vécu. Les fonctionnements sont logiquement différents avec un groupe jeune. Il a fallu que je m’adapte. J’ai signé pour deux ans. On est en train de travailler déjà sur l’effectif de l’an prochain en essayant d’anticiper les choses. On veut bâtir un groupe encore plus fort pour les années à venir ».
Alors oui Sélestat souffre, mais Sélestat se bat avec ses armes. Et qui sait après sa victoire 29-28 à Cesson-Rennes pour la reprise…