Arrivé de Sochaux au début de la saison, titulaire à Bruges pour le match de la qualification, Jean-Christophe Thomas a remplacé Völler à dix minutes de la fin pour conserver le résultat et entrer dans l’histoire.
Trente ans après, que représente cette finale pour vous ?
Elle reste un fantastique marqueur de vie dans une carrière de footballeur. Se la remémorer reste toujours quelque chose d’agréable. Et dans la mesure où nous serons éternellement « à jamais les premiers », je pense qu’on n’a pas fini d’en entendre parler, même après ce jour, qui arrivera forcément, où un autre club français parviendra à la gagner.
A quel moment avez-vous su que vous ne seriez pas titulaire ?
Nous étions partis à Munich avec un groupe élargi avant de resserrer à 16, ceux qui allaient être inscrits sur la feuille de match, dans la semaine. On a appris le onze de départ la veille, et j’ai su que j’allais entrer en jeu cinq minutes avant (rires) !
Etiez-vous déçu de ne pas débuter ?
J’étais titulaire à Bruges pour le match qui nous avait permis de nous qualifier pour cette finale donc j’aurais pu espérer être titulaire. Ceci-dit, je ne me voyais pas faire la fine bouche car participer à une finale de Ligue des Champions reste un privilège. Et en plus on l’a gagnée !
« Après Bari, perdre une seconde finale en 1993 aurait été un vrai coup dur pour notre génération »
Vous avez joué dix minutes, quelles étaient vos consignes ?
On menait 1-0, j’ai remplacé Rudi Völler pour densifier le milieu de terrain alors que Boksic et Pelé occupaient les avant-postes. Je n’ai pas touché beaucoup de ballons, mais le but était d’occuper les espaces, de couper les trajectoires, de défendre. Le match était très tendu, serré, la concentration était à son comble… L’essentiel était fait, il fallait tenir. On a tenu.
Qu’est-ce qui a fait la différence en faveur de l’OM ?
Cette saison-là, nous faisions preuve d’une cohésion assez exceptionnelle qui s’est exprimée le jour J pour cette finale que nous n’aurions pas gagnée sans ça. A partir du moment où on a marqué, au meilleur moment juste avant la mi-temps, le temps jouait pour nous parce que le Milan n’a jamais réussi à nous déstabiliser.
Avez-vous douté à un certain moment ?
Nous n’en n’avons pas eu le temps et c’est d’ailleurs pour ça que nous avons gagné. La concentration était telle qu’on ne s’est jamais permis de douter. Sûrement que ça nous aurait perdus… car l’expérience des joueurs du Milan AC était tellement grande qu’ils en auraient profité.
« Tapie-Goethals ont chacun leur part dans le succès de l’OM »
Vous arriviez de Sochaux, n’étiez-vous pas impressionné par le statut des joueurs du Milan AC ?
On était en finale donc en position de rivaliser avec eux. Certes, Van Basten, Rijkaard, Baresi et compagnie avaient déjà beaucoup gagné, avec un palmarès énorme, mais sur le terrain ça restait des footeux comme nous. D’homme à homme, il n’y avait aucun complexe à faire.
Cette finale a-t-elle changé votre vie ?
Ça l’a marquée à jamais… J’avais déjà perdu une finale (de Coupe de France), je savais le sentiment désagréable que ça procure. Même si je n’y étais pas en 1991, perdre une seconde finale en 1993 aurait été un vrai coup dur pour notre génération. Une finale, ça se gagne.
Quelle a été la part du duo Tapie-Goethals sur ce sacre de Munich ?
Ils ont chacun leur part, nous les joueurs avons évidemment aussi la nôtre car le groupe fonctionnait aussi beaucoup en autogestion. Pour faire court, Tapie a su tirer les leçons de la défaite de Bari, dans la préparation notamment. Goethals a su décortiquer le jeu du Milan AC, nous l’expliquer, pour bien appréhender le match tactiquement. Savoir lequel a eu le plus d’influence…