Il a formé des tas de gardiens, notamment Vincent Gérard, Valentin Kieffer (son fils, gardien de Dunkerque), Julien Meyer et tant d’autres. Le poste de gardien, Jean-Luc Kieffer, il connaît !
« Ce poste a radicalement changé. Avant, le gardien pouvait aller chercher la balle à deux mains et faire beaucoup plus de trajets. Il était davantage dans le déplacement et arqué en hauteur. Il procédait aussi par pas chassés. Ce temps est révolu. Désormais, s’il ne travaille pas au plus court avec moins de pertes de temps… la grande différence se situe-là. Le moins de gestes, il fait, le plus d’arrêts il effectue ».
S’il est aujourd’hui coach de Plobsheim, Jean-Luc Kieffer a en parallèle la charge de l’entraînement et de l’accompagnement des gardiens appelés en sélection. Portrait robot du gardien contemporain de haut niveau.
« Il mesure environ 1m90. Il est souple et doit avoir des temps forts. Sa bonne lecture de jeu est primordiale. Il doit vraiment comprendre le handball, mais surtout il est devenu le premier défenseur et le premier attaquant. »
« Des entraînements avec des jeux vidéos »
Quelle différence entre un bon gardien et un autre de classe mondiale ? « Un top gardien est celui qui négocie au mieux les moments charnières, explique l’ancien formateur au Pôle espoirs Grand Est.
Il sait arrêter les balles importantes au bon moment en soulageant sa défense. Un gardien peut avoir un impact énorme sur un match. Entre celui qui fait beaucoup d’arrêts et un autre qui en fait moins, l’impact psychologique sur une défense n’est plus le même. »
« Cela peut se répercuter aussi au niveau du résultat final. Certains exagèrent un peu en pensant que le gardien est 50% de l’équipe. Cependant, il est devenu une pièce maîtresse.
Il est crucial d’avoir un super gardien si on veut avoir une super équipe. Quand Vincent Gérard fait de supers Jeux Olympiques, il est bien davantage qu’une option en plus ».
Même en club, l’entraîneur des gardiens est un rôle en vogue. De quoi envisager comment sera le gardien de 2030. « Il sera encore plus athlétique, encore plus technique et plus fort mentalement.
Je m’attends à une évolution significative avec des entraînements encore différents. Peut-être sur des jeux vidéos comme on est en train de le faire avec du laser. J’aime beaucoup entraîner les jeunes. Ce sont eux qui apportent les changements. Si j’entraînais les gardiens comme il y a 22 ans, je ne sortirais plus un jeune ».
Jean-Luc Kieffer encense Vincent Gérard
Qui est actuellement le meilleur gardien mondial ? « Il y a Landin, Palicka, Vincent Gérard… les Danois ont trois, quatre gardiens extraordinaires avec Nielsen qui est à Nantes. Leur réservoir est énorme ». Certains détracteurs aiment à pointer du doigt des défaillances de nos gardiens lors de récentes compétitions internationales. Les plus acides osent même affirmer que Thierry Omeyer n’a pas totalement été remplacé… De quoi agacer Jean-Luc Kieffer :
« Je ne suis pas d’accord. Thierry Omeyer a été un grand gardien. Il a couvert entre 15 à 20 ans à ce poste. Quand on a un gardien de cette trempe, on ne réfléchit pas trop car le rôle au poste est comblé.
Mais Vincent Gérard a très bien assuré la relève. Sans ce Vincent Gérard-là, on ne devient peut-être pas champions olympiques (à Tokyo, Ndlr). En 2017, il a réalisé aussi un très bon Mondial.
Le grand gardien de l’équipe de France de demain ? Ce sera assurément un grand chantier à mener. Sans vous citer de noms, certains jeunes pointent déjà le bout de leur nez. On regarde, on visionne… »
Les néophytes sont toujours surpris de voir les gardiens de handball repousser les assauts sans gants ! « Quand on débute entre 14 et 18 ans, on se fait des entorses à tous les doigts. Les mains se façonnent avec les coups pris. On s’habitue aux secousses. Mais ce sont surtout les coudes qui sont touchés avec beaucoup de tendinites ». Quand on est gardien, le don de soi n’est pas un vain mot.