Fort de sa grande expérience dans le football, Jean-Michel Roussier a mis les ingrédients qu’il fallait pour permettre au Havre de retrouver l’élite avec sérénité. CVC, le maintien du Havre, le mercato… L’ancien président de l’OM et de Nancy, passé par Médiapro (entre autres), porte un regard lucide sur son club.
Le Havre est dixième, malgré une défaite très honorable contre le PSG, vous vous attendiez à ce début de saison ?
Je m’attendais à ce que ça ne se passe pas mal. On avait fait en sorte que cela ne se passe pas mal…
Malgré un des plus petits budgets de Ligue 1, même si le président Volpe a fait ce qu’il fallait pour vous permettre de bien aborder la saison…
Exactement…. Effectivement, on fait une bonne saison, on ne peut pas nous l’enlever…
« Je ne suis pas contre le contrat signé entre la Ligue et CVC, même si la façon dont il a été fait est difficilement compréhensible. ».
Le budget du HAC justement, selon vous aurait pu être plus élevé, si le contrat avec CVC avait été mieux fait…Vous avez parlé d’une différence de 16 millions d’euros…
Je n’ai jamais fait une demande de 16 millions. J’ai seulement dit que les clubs qui ont accédé à la Ligue 1 la saison d’avant, ont reçu 16,5 millions d’euros.
Finalement, Le Havre a reçu seulement 1,5 millions et ça ne passe pas…
Je ne suis pas contre le contrat signé entre la Ligue et CVC, même si la façon dont il a été fait est difficilement compréhensible. Mais ce sur quoi je suis archi contre, c’est la répartition qui a été faite.
Comment l’expliquer ?
On n’a pas imaginé la possibilité qu’un autre club que ceux qui avaient reçu les fameux 16,5 millions la saison précédente, Saint-Etienne, Metz et Bordeaux, puisse passer de la Ligue 2 à la Ligue 1. Cette probabilité a été négligée. C’est tellement énorme la différence de budget. C’est une différence considérable.
Il n’y a pas de prime prévue pour une équipe qui monte ?
Non, pas du tout. Contrairement aux Espagnols, qui, dans le contrat avec CVC, ont organisé une réserve, qui permet aux clubs passant de la Ligue 2 à la Ligue 1, mais aussi du National à la Ligue 2, d’en bénéficier, jusqu’à 2031.
Le principe, c’est de dire que vous n’avez pas contribué aux revenus générés lors de la saison 2022/2023, notamment les droits télé ?
Si la Ligue veut volontairement mélanger les droits télé avec l’argent de CVC, je lui laisse le faire… Mais il n’y a pas de points communs entre les deux. Les droits télé, ce sont les droits télé, l’argent de CVC, c’est l’argent de CVC. Il n’y a pas de passerelles entre les deux.
« On savait très bien que les joueurs issus du centre de formation avaient largement les capacités de se mettre au niveau de la Ligue 1 »
Revenons au sportif. Malgré la montée, on pouvait quand même s’interroger sur le comportement de l’équipe en Ligue 1…
Ce n’est pas une surprise. Pour vous, ça l’est peut-être, mais nous, on savait très bien que les joueurs issus du centre de formation, qui ont joué l’année dernière en Ligue 2 et qui jouent cette saison, avaient largement les capacités d’élever leur niveau, et de se mettre au niveau de la Ligue 1.
L’impression donnée par le HAC, c’est que, lorsque vous mettez des gens compétents aux postes clés, le travail est bien fait…
Tous les gens qui sont arrivés en même temps que moi, je n’avais aucun doute sur leurs compétences, leur capacité à travailler, énormément, à partager… La compétence et le partage, c’est pour ça que je leur ai demandé de m’accompagner quand je suis arrivé ici.
« Mathieu avait totale confiance dans le fait que Luka réussirait, et il avait raison »
A l’image de Luka Elsner, qui avait fait des débuts remarqués à Amiens, avant que cela ne se termine pas très bien… C’était un pari de lui faire confiance ?
Non, ce n’était pas un pari. Je connaissais Luka, que j’avais eu comme consultant chez Médiapro. Et il y en avait un qui le connaissait particulièrement bien, pour avoir bossé avec lui, c’est Mathieu Bodmer (Mathieu Bodmer était joueur à Amiens, sous les ordres de Luka Elsner, lors de la saison 2019/2020, NDLR). Mathieu avait totale confiance dans le fait que Luka réussirait, et il avait raison.
Le travail de Mathieu Bodmer est souvent mis en avant, il y a quelques semaines, son nom était évoqué du côté de Lyon… Vous n’avez pas eu peur de le perdre ?
Regardez Lyon… Regardez où ils en sont…. La valse des gens qui arrivent et qui partent…Jamais je n’ai eu peur. Après, ce milieu est tel, il est fait de telle façon que, évidemment, que les gens qui sont particulièrement bons, seront sollicités. Je n’ai pas de doutes la dessus, mais est-ce que j’ai peur ? Non, je n’ai pas peur. Et je n’ai jamais été inquiet de l’éventualité lyonnaise concernant Mathieu.
Vous êtes serein pour la saison du Havre, même si tout va très vite et tout peut arriver…
Vous savez, l’année dernière, on ne présidait le pire. Certains, disaient même qu’on allait avoir du mal à se maintenir en Ligue 2. Serein, je ne sais pas si c’est le mot, mais on est lucide. On sait que la saison est longue, mais je suis lucide, comme j’ai été lucide la saison dernière.
Vous avez prévu des ajustement lors du mercato hivernal, notamment en attaque ?
Non, nous ne ferons rien.