vendredi 20 septembre 2024

Jérôme Pineau : « Il faut revoir le système, ça devient urgent »

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Frédéric Denat
Frédéric Denat
Journaliste

Echaudé par les réactions violentes qui ont accompagné ses doutes sur les performances des coureurs de la Jumbo-Visma pendant le Tour de France, l’ancien manager de l’équipe B&B Hotels-KTM a mis longtemps à accepter de répondre à nos sollicitations. S’il l’a finalement fait, sans vouloir revenir sur les circonstances de la fin de son équipe (la page est tournée), c’est pour clarifier certaines choses. Entretien pour Cyclisme magazine et Le Quotidien Du Sport.

Que devenez-vous ?

Je me prépare à ouvrir un magasin de vélos Specialized sur Pornic, il s’agit de mon activité principale. En parallèle, j’interviens aussi sur RMC et je ne m’interdits pas de répondre à des opportunités si elles se présentent… mais je ne crois pas que ça arrivera ! Pourtant je reste persuadé qu’il y a encore de belles choses à faire.

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Pour quelles raisons n’envisagez-vous pas un retour ?

Déjà parce que j’ai envie de faire autre chose et ensuite parce que le milieu n’a pas forcément besoin de moi. En France, il y a des gens en place qui fonctionnent bien et qui ne sont pas prêts de bouger. J’ai vécu une super expérience pendant cinq ans avec B&B Hotels, où j’ai beaucoup appris. Mais, aujourd’hui, je manque peut-être de légitimité aux yeux de certains. Une équipe pourrait faire appel à moi mais, pour ça, il faudrait que je fasse partie de son cercle, et ça, intégrer un cercle, c’est très compliqué…

« Il ne suffit pas de gagner des courses pour aller chercher de l’argent »

Vous éloignez-vous définitivement du milieu du cyclisme ?

Non, pour preuve, je vais vendre des vélos donc je reste dans ce qui a toujours été et restera toujours ma passion, le cyclisme. Je baigne dedans depuis gamin. Je suis également toutes les courses avec toujours beaucoup d’intérêt et la même appétence pour la compétition. Cette saison, j’ai regardé plus particulièrement ce que faisaient mes anciens coureurs. Voir que certains, à l’instar du petit Axel (Laurance), avaient pu magnifiquement rebondir m’a fait beaucoup de bien.

Après ce que vous avez vécu chez B&B Hotels, que vous inspirent les difficultés rencontrées par la Jumbo-Visma, la meilleure équipe du monde, pour faire face au départ de son principal sponsor ?

Ça montre qu’il ne suffit pas de gagner des courses pour aller chercher de l’argent. Les budgets nécessaires aujourd’hui pour exister dans le World Tour sont tellement importants que personne n’est à l’abri d’une défaillance d’un sponsor. Il faut se battre, tout le monde doit se battre pour boucler ses budgets, les plus gros comme les plus petits. Et en France, il n’y a clairement pas la place pour une autre équipe.

Le cyclisme ne serait-il plus attractif ?

Au contraire, je pense qu’il ne l’a jamais été autant même s’il souffre de la comparaison avec d’autres sports mieux lotis et plus attractifs. Le financement pur et dur devient rare car les entreprises préfèrent accompagner leurs collaborateurs en interne plutôt que d’investir dans le marketing en externe. C’est une réalité économique actuelle qui rejaillit sur le milieu du vélo. Même la meilleure équipe du monde a dû y faire face.

Jérôme Pineau frustré par la réaction des gens sur ses opinions dans le cyclisme

De quoi vous consoler de ne pas avoir pu poursuivre l’aventure B&B Hotels…

Non, voir les autres en galère ne me réjouit pas… au contraire de certains qui riaient de me voir en difficulté et qui étaient heureux de notre disparition. En cinq ans d’existence, je pense que nous avons apporté quelque chose au cyclisme. On s’est tous mis en danger. Notre passion du vélo a été écornée.

Comment éviter que ce genre de mésaventure se reproduise ?

On ne pourra pas faire l’économie d’une réflexion profonde pour revoir le système. Ça devient urgent. Mais comme c’est moi qui vous dis ça, je sais très bien qu’on va sortir la kalachnikov parce qu’aux yeux de certains je ne suis pas crédible. C’est pour ça que je ne permets plus de faire des commentaires, j’ai vu comme les gens réagissaient quand je donnais mon avis. Mon nom a été suffisamment sali comme ça…

1 COMMENTAIRE

  1. En France ou peut être même ailleurs il N,y a pas énormément d’enthousiasme devant la réussite Mais quand c’est le contraire !!!!!

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