PAU (L2) – NANTES (18h)
L’ancien entraîneur de Guingamp, Bordeaux et Lille espère que son retour dans un club où il a joué de 1995 à 1998 sera gagnant sur le long terme. Pour justifier son retour, il met surtout en avant son amour pour le FC Nantes.
Pourquoi avez-vous accepté de relever le défi du FC Nantes ?
Le FC Nantes est sûrement le club où je me suis le mieux senti dans ma carrière et dans ma vie de joueur. C’est un club qui a beaucoup compté pour moi. J’y ai passé trois ans, j’ai l’impression d’y avoir passé dix ans. Ça m’a marqué à vie parce que j’ai rencontré des gens incroyables sur le plan du foot, j’ai eu des entraîneurs comme Jean-Claude Suaudeau et Reynald Denoueix lors de sa première année et ça a été pour moi une vraie chance.
Etre entraîneur du FC Nantes, c’est un honneur pour moi d’être là. C’est un honneur, mais c’est aussi une responsabilité parce qu’on a un héritage qui est très important. Il y a eu de très grands entraîneurs et sûrement des entraîneurs qui ne seront jamais égalés parce qu’ils étaient hors norme comme José Arribas, Jean-Claude Suaudeau et Reynald Denoueix. En revanche, ces gens-là ont fait naître chez moi comme chez d’autres des envies de cultiver un esprit du jeu et de vivre le football de haut niveau sur des principes.
À LIRE AUSSI : toute l’actualité des transferts dans votre mag
Il y a deux ans, vous aviez signé une pétition qui demandait un changement de direction et à soutenir le Collectif Nantais. Qu’est-ce qui vous a fait changer d’avis ?
Je ne sais pas de quoi on me parle, je n’ai jamais rien signé, je ne sais pas ce que c’est que cette pétition. Je suis quelqu’un et je pense l’avoir montré depuis le début de ma carrière et elle a démarré très tôt à 16 ans à Lorient, tout le chemin que je fais, avec beaucoup de rigueur et de loyauté à l’égard de tous.
Tous les clubs dans lesquels je suis passé, je les ai tous respectés et je ne sais pas ce que c’est que cette histoire. J’ai été joueur du FC Nantes, je n’étais pas le joueur du président Scherrer ou du président Toumelin, j’étais le joueur du FC Nantes ! Aujourd’hui, je ne suis pas l’entraîneur du président Kita, je suis l’entraîneur du FC Nantes et je suis là pour défendre les couleurs du FC Nantes !
« L’âme du club est toujours extraordinaire »
Le FC Nantes que vous avez connu, ce n’est plus le même…
Ça reste le FC Nantes. Le FC Nantes appartient à tous les Nantais. J’ai habité à Nantes à plusieurs reprises dans ma vie. Je m’y suis installé ici à la fin de ma carrière et si Guingamp n’était pas venu me chercher peut-être que ma vie serait encore ici. J’ai bougé, c’est le métier d’entraîneur. Le club a évolué. Il y a des phases plus difficiles.
Il a gagné un titre récemment (la Coupe de France en 2022, Ndlr) donc ça veut dire que c’est un club qui est vivant et qui fait de bonnes choses. La manière dont ça fonctionnait avant c’est complètement différent aujourd’hui, mais pas qu’à Nantes.
C’est très difficile d’avoir comme c’était le cas avant un tiers de l’effectif formé au club. Ça n’existe plus nulle part ou quasiment nulle part parce que le foot a changé. En revanche, ce qui reste, c’est l’âme du club. Ça a toujours été un club fantastique. Quand j’étais enfant, je venais à Saupin.
Quand j’ai joué au FC Nantes, j’ai peut-être mesuré encore plus que c’était un club fantastique et quand je suis parti à chaque fois que je suis revenu jouer à la Beaujoire avec mes différents clubs j’ai toujours trouvé que c’était fantastique. L’âme est toujours aussi extraordinaire.
Vous êtes le 19ème entraîneur depuis l’arrivée de Waldemar Kita sans compter les intérimaires. Avez-vous réfléchi avant de vous engager ?
J’ai beaucoup voyagé dans ma carrière peut-être plus que ce que j’aurais souhaité. Je ne crois pas que ce soit plus difficile ici. Il y a une réalité aujourd’hui, c’est que la durée de vie d’un entraîneur qui, en moyenne, est tombée en dessous de 12 mois. C’était encore 18 mois il y a cinq ans. C’est la réalité du métier. Ça peut s’arrêter vite, mais on peut aussi construire et vivre des choses sur le moyen terme.
Gourvennec dans la construction d’un projet de jeu
Qu’entendez-vous par construire ?
Mon job, ce n’est pas de faire des déclarations en conf de presse et de gesticuler sur un banc de touche. Mon job, c’est tout ce qui se passe au quotidien dans la construction. La construction d’un management adapté à la situation.
On a découvert avec le staff un groupe qui a de la qualité. Mais s’il y a un changement d’entraîneur, c’est qu’il y a aussi des choses à modifier. Le job d’entraîneur, c’est à la fois de bien gérer les idées de jeu et ce qu’on veut mettre en place pour l’équipe et puis il y a toute cette partie à côté de travail de management des hommes pour que vos idées déteignent sur le comportement des joueurs et que ce management-là donne de la plus value à vos idées de jeu.
C’est le terrain le plus important, mais après il faut gérer les hommes et j’aime ce travail-là. Il ne doit pas y avoir d’états d’âme dans un groupe. C’est un vrai danger. On a besoin de faire les choses plus que jamais ensemble.
Comptez-vous prendre le temps de développer des jeunes dans cette période où le résultat prime ?
Je l’ai toujours fait. Quand il a fallu lancer des gamins de 17 ans et même de 16 ans à Lille avec Yoro qui joue maintenant deux ans plus tard de manière régulière les premières pierres c’est à 16 ans17 ans avec Blas, avec Tchouaméni, avec Koundé, avec Marcus Coco que j’ai lancé très jeune. Pour moi, il n’y a pas d’âge.
S’il y a des gamins du club, même plus jeunes, qui doivent jouer, à un moment donné ils joueront et après c’est notre rôle d’accompagner ces jeunes joueurs. Dès que j’aurai la possibilité d’intégrer des jeunes, je le ferai évidemment, mais après c’est le terrain qui commande. Il faut que ces jeunes-là montrent des choses qui leur permettent de pouvoir évoluer avec les pros.
« Un match ne se joue plus à 11 avec les 5 changements »
Avec vous, les compteurs sont-ils remis à zéro pour tous les joueurs ?
Je n’ai d’a priori sur personne. Après, il y la manière dont on veut jouer et l’investissement de chacun. Plus que jamais et encore plus aujourd’hui qu’avant avec les cinq changements, un match ne se joue pas à 11, mais avec l’ensemble du groupe et notamment avec ceux qui rentrent. On a besoin de tout le monde. Mon rôle, c’est de conseiller, d’expliquer, de guider, d’emmener et dans ce processus-là il y en a qui suivront le rythme et d’autres non. C’est la vie d’un vestiaire.
Quelle analyse avez–vous pu faire des dificultés de l’équipe ?
J’ai vu beaucoup de matches. Le constat qu’on peut faire, c’est qu’on prenait trop de buts. Il n’y a que Lorient qui en avait pris plus. Il y a certainement des choses à corriger. Je ne suis pas là pour remettre en cause le travail qui a été fait avant. Il y a des choses à améliorer, à rééquilibrer sur le plan de l’organisation générale de l’équipe, du peps à retrouver pour être plus dynamique et plus intense et faire des choses simples.
Qu’estce qui a fait la grandeur du FC Nantes et qui est possible de remettre en marche en tant qu’entraîneur ?
Je ne me comparerais jamais à nos illustres aînés qui ont fait des choses merveilleuses et qui étaient des entraîneurs hors normes. Le métier d’entraîneur est un métier d’humilité. Ce qui est important, c’est d’avoir une vision claire de ce qu’on veut mettre en place, de bien tenir entre guillemets le vestiaire et l’état d’esprit. C’est fondamental. C’est ce que j’ai connu ici quand j’étais joueur du FC Nantes. C’était tenu. Je suis là pour tenir et tenir c’est aussi tenir le cap.
« L’objectif est de se mettre à l’abri le plus tôt possible »
Quelle mission vous a donnée la direction ?
Sur les trois dernières années, le club s’est fait peur deux fois et ce n’est pas agréable de vivre des fins de saisons stressantes. L’objectif, c’est de se mettre à l’abri le plus tôt possible, ne pas se retrouver sur une situation aléatoire de fin de saison.
Craignez-vous la relation avec le président Kita grand consommateur d’entraîneurs avec qui ça a pu être tendu ?
J’ai vécu plein d’expériences dans ma carrière d’entraîneur ; J’ai vécu le quotidien avec plein de présidents. J’ai l’habitude de ça.
Quel style de jeu souhaitez-vous inculquer à cette équipe nantaise ?
On a des joueurs qui sont capables de faire différentes choses. Il y a toujours une structure quand on n’a pas le ballon et une structure qui se module quand on a le ballon. On a des joueurs devant capables de faire des différences, je pense à Mostafa et Simon. Ce sont des joueurs qui doivent faire douter l’adversaire.
On a beaucoup de joueurs à l’intérieur aussi que ce soit derrière ou au milieu. Le groupe est plutôt intense dans la répétition des efforts à très haute intensité et plutôt bien sur le plan du volume. Quand tu as le volume et l’intensité, tu es capable de faire des choses. Il y a du répondant.
Gourvennec plus mature à son poste d’entraîneur
Etes-vous un entraîneur différent avec les années ?
Avec les différentes expériences que j’ai vécues, je me sens plus mûr, plus déterminé, plus convaincu d’un certain nombre de choses. Mon expérience à Lille a été très importante parce que ça a été le plus haut niveau. Gagner au plus haut niveau, c’est parlant quand on finit premier de sa phase de groupes avec 11 points.
On s’aperçoit en ce moment que ce n’est pas facile de prendre des points en Champions League. On l’a fait ! Quand on prépare des choses, qu’on explique ce qu’on veut et qu’on arrive à le faire sur le terrain, ça fait grandir et je vais me servir de toutes ces expériences-là.
Suaudeau encore dans toutes les têtes
Que vous reste t-il de la méthodologie des glorieux anciens ?
Ce qui m’a marqué chez le coach Suaudeau, c’est sa capacité à inspirer les joueurs. C’était incroyable. De mettre en valeur un geste, une passe, même une relance, même une relance de gardien. Cette capacité à inspirer, de renforcer des choses que l’on faisait bien. C’était parfois frontal, mais c’était toujours instructif et toujours dans le but que le joueur progresse et on peut dire qu’on a quasiment tous progressé.
Je retiendrai cette capacité à inspirer à travers des situations d’entraînement sous forme jouées, plein de choses qui me reviennent et qui me sont encore revenues sur ce terrain d’entraînement que je n’avais plus foulé depuis 1998. Reynald Denoueix a pris sa suite.
Avec les mêmes idées de jeu, il a apporté sa vision un peu différente, un peu plus rationnelle, plus cartésienne avec beaucoup de rigueur et de clarté dans ce qu’il voulait mettre en place. Avoir vécu ces deux expériences, c’était une chance incroyable. J’ai eu d’ailleurs un message de Reynald qui m’a fait très plaisir juste avant une séance.
Il a toujours été quelqu’un je respecte beaucoup. Il a toujours été disponible pour m’aider quand j’étais joueur, mais aussi en tant qu’entraîneur. Je faisais la route pour venir le voir pour le questionner sur un certain nombre de questions il m’a toujours aidé et a toujours été dispo.