1992-2022, il aura donc fallu trois décennies pour le revoir à l’OM dans un rôle de conseiller sportif qui ne demande, peut-être, qu’à évoluer. Car le président Longoria est trop intelligent pour ignorer tout ce que représente la seule présence de JPP dans l’organigramme d’un club où il a été élu joueur du siècle.
Comme un symbole, la première sortie publique du nouveau conseiller sportif présidentiel, s’est effectuée en marge du tirage au sort des 32èmes de finale d’une Coupe de France que l’OM n’a plus gagnée depuis 1989. Cette année-là, il fallut un merveilleux triplé de JPP pour battre Monaco en finale (4-3). En rappelant aux joueurs actuels l’importance d’une compétition qui a notoirement perdu de sa superbe depuis les années 80, Papin est dans son (nouveau) rôle, ainsi défini par le président olympien :
« Je n’aime pas donner des rôles politiques aux gens, spécialement quand on parle de l’un des meilleurs joueurs du club et de l’un des plus importants du football français. Mais il sera placé sous l’autorité directe du président, en contact quotidien avec David (Friio, le directeur sportif), Javier (Ribalta, le directeur du football) et moi. »
Plus qu’un Basile Boli qui ne semble là que pour inaugurer les chrysanthèmes dans un rôle d’ambassadeur bien flou, le Ballon d’Or 1991 a vocation à réincarner l’esprit « droit au but », à transmettre ce mental de gagnant qui caractérisait l’OM des années Tapie, à conseiller l’ensemble des intervenants auprès de l’équipe de Tudor et bien au-delà avec les jeunes du centre de formation.
Papin à l’OM comme Nedved à la Juve
C’est aussi, et peut-être surtout, là que Longoria attend beaucoup de sa « recrue » dans un premier temps. D’un Ballon d’Or à l’autre, l’Espagnol veut ensuite s’inspirer de ce qu’il a connu lors de son passage à la Juventus Turin lorsque Pavel Nedved avait été promu vice-président (il l’est toujours). Tout en distillant à l’occasion son expérience auprès des jeunes, le Tchèque est le représentant officiel du club auprès des instances, un référent qui est aussi la voix du club dans les médias et n’hésite jamais à intervenir en interne pour servir de caution sur certains transferts, ou susciter des réunions lorsqu’il en éprouve le besoin.
Même s’il n’a pas été transcendant, le passé d’entraîneur de Papin en L1 et L2, à Lens et Strasbourg surtout, mais aussi ses fonctions à la FFF (président de la commission de la Coupe de France depuis 2014) et à la LFP (ambassadeur) brossent le portrait d’un possible futur homme fort du club, bras droit du président. Sa popularité chez les supporteurs, sa disponibilité auprès des médias, et la crédibilité de son parcours dans les plus grands clubs du monde (Marseille, Bayern, Milan AC, Bordeaux) autant que l’authenticité de sa démarche plaident pour qu’il en aille ainsi.
Mais entre un président qui n’hésite jamais à intervenir directement dans les affaires sportives, un coach qui doit protéger ses prérogatives et qui ne voit pas forcément d’un très bon oeil l’arrivée d’une personnalité aussi médiatique dans son champ d’action, la marge de manoeuvre de JPP s’annonce limitée. A lui de bien naviguer s’il veut s’inscrire dans la durée dans un organigramme qui ne cesse d’évoluer.
JPP/Tudor une association qui marche ?
A lui de se faire une vraie place en amenant une plus-value qui ne pourra qu’être sportive dans un premier temps, pour le recrutement ou la préparation des attaquants notamment, mais que le président Longoria souhaite aussi politique (vers les instances), sociale (vers les supporteurs) et marketing (image du club). Pas sûr que notre JPP national en ait la dimension. A lui de nous prouver le contraire. Il y a un an, dans ces colonnes, Eric Di Meco appelait de ses voeux l’arrivée de son ancien capitaine :
« Je sais qu’il a souvent fait des appels du pied, qu’il rêverait d’apporter son expérience, au centre de formation ou avec les pros, nous disait-il. Or, on l’a toujours fait passer pour un entraîneur qui ne réussit pas… Pourtant, en voilà un qui a la fibre du club, la compétence du très haut niveau, l’envie d’entraîner, de transmettre. Franchement, ne pas le voir à Marseille, après tout ce temps et tous ces techniciens qui n’ont fait que passer sans laisser aucune trace… ça me gêne ! Donnons-lui au moins sa chance et laissons lui faire ses preuves. Ils savent que ça le titille, donc tu l’appelles et tu vois avec lui ! »
Longoria donne à Papin les clés de l’OM
C’est exactement ce qu’a fait Pablo Longoria, il l’a appelé et il a vu avec lui ! A 59 ans, Papin ne s’est effectivement pas fait prier pour démissionner de son poste d’entraîneur de Chartres, en N2.
Depuis, il avait filé en Espagne participer au stage de préparation de l’effectif pour prendre ses marques. Sollicité pour nous donner son sentiment sur ce retour qu’il attendait tant, il a refusé notre demande, peut-être pour remettre un peu de distance, sûrement pour prendre le temps d’entrer dans son nouveau costume.
Car c’est à un nouveau JPP que nous allons avoir affaire en 2023. Plus loin du serial buteur des années 80, plus proche du consultant et du conférencier qui intervenait à la demande des entreprises sur les thèmes suivants : excellence, dépassement de soi et motivation, collectif, succès et échecs. L’occasion est belle de mettre tout ça en pratique pour le compte de seul club qui ait vraiment compté pour lui ; l’OM.