Bien moins en verve qu’il y a quatre ou cinq ans quand il glanait 12 victoires par saison, pour certains, le champion français, qui arrive en fin de contrat, serait sur le déclin. Faut-il vraiment s’inquiéter ?
Pour Julian Alaphilippe, il y a eu un avant et un après 2022. Cette année-là, il est contraint à l’abandon sur Liège-Bastogne-Liège. La chute est impressionnante à plus de 80 km/h et le verdict est lourd. Le champion français souffre de deux côtes cassées, d’une fracture de l’omoplate et d’un pneumothorax. Quelques mois plus tard, il prend part au Tour d’Espagne au soutien de Remco Evenepoel.
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Mais cette fois il chute encore sur la 11ème étape, et est contraint à l’abandon suite à une luxation de l’épaule droite. En début d’année 2023, Patrick Lefevere ne goûtait guère aux résultats récents de son coureur :
« Je lui ai dit que je n’étais pas content du tout. Je comprends ses maladies et ses chutes, mais tu ne peux pas continuer à te cacher derrière cela. C’était la froide vérité. L’année dernière, il a gagné deux fois (2022, Ndlr). Les années précédentes trois et quatre fois. Je ne l’ai pas pris dans l’équipe pour ça ».
« Avec un gros hiver, il va faire une très grosse saison 2024 »
Avant sa grande rentrée en 2023, le champion du monde 2020 et 2021 n’a pas voulu mettre de l’huile sur le feu en déclarant lors d’un point presse : « On a toujours été transparents l’un envers l’autre. A la fois quand les choses allaient bien et quand cela allait moins bien. Ses déclarations n’impactent pas ma motivation. Je ne m’arrête pas à cela. J’ai une grande motivation sur ce qui va arriver ».
Quand on regarde les victoires du natif du Cher en 2023, elles ne sont qu’au nombre de deux. Alaphilippe remportant sa 40ème victoire en carrière sur l’Ardèche Classic devant David Gaudu. Sa 41ème au sprint début juin sur la 2ème étape du Dauphiné lui faisant dire :
« Je ne me suis pas senti aussi bien depuis longtemps ». Attendu logiquement sur le Tour de France, une épreuve lors de laquelle il a fini 33ème, il en avait été rappelons-le un éclatant 5ème en portant le maillot jaune pendant 14 jours en 2019 (et meilleur grimpeur l’année d’avant).
Alors quand on a été comme lui, double champion du monde, vainqueur de Milan-San Remo en 2019, triple vainqueur de la Flèche Wallonne en 2018, 2019, 2021, de la Classique Saint-Sébastien en 2018, des Strade Bianche en 2019, de six étapes sur le Tour et d’une autre sur la Vuelta, on est quand même assez éloigné actuellement de ses standards.
Gallopin confiant pour Alaphilippe
Alors faut-il s’inquiéter pour « Alaf » désormais âgé de 31 ans ? Va-t-on le revoir sous son meilleur jour ? Le désormais retraité des pelotons Tony Gallopin a son idée :
« Ce qu’il a fait par le passé, on ne lui enlèvera pas. Il est un des plus grands champions français de l’histoire du cyclisme. Cependant, désormais, le cyclisme a beaucoup changé. Le niveau des jeunes est très fort. Il arrive à 30 ans (31 ans, Ndlr). Refaire ce qu’il a fait, ce sera compliqué. Mais continuer à briller au plus haut niveau, honnêtement je pense qu’il n’y a aucun doute là-dessus. Le niveau qu’il affichait encore cette année était très élevé. Il va continuer à briller et gagner des courses. »
« Après, refaire des saisons comme il l’a fait avec des titres de champion du monde, et gagner plus de dix courses par an au plus haut niveau, je ne peux pas dire ce qu’il en sera vraiment, mais cela ne sera pas facile ». Son agent Dries Smets veut y croire :
« J’ai commencé à travailler avec Julian en 2013 quand il est passé professionnel. Il a connu une dernière saison assez stable, mais pas avec les résultats espérés. Sa saison 2022 a été très compliquée suite à sa chute et donc pour s’en remettre. Les gens oublient trop vite également qu’il n’y a pas eu que Liège cette année-là. Il a eu aussi la Covid en juillet puis il a subi une nouvelle chute sur la Vuelta. »
Alaphilippe sous pression en 2024
« En 2023, cela a été une année de transition pour lui. Avec un gros hiver, il va faire une très grosse saison 2024. J’en suis convaincu. Il va retrouver son top niveau. C’est quelqu’un de très motivé qui adore toujours faire du vélo. Il s’entraîne dur au quotidien. Il a encore quelques belles années devant lui ».
Plus le temps va passer plus la question est de savoir où. Et la réponse est loin d’être évidente à l’approche de la fin de son contrat en fin de saison prochaine. Il y a eu récemment des rumeurs.
La fusion entre Jumbo-Visma et Soudal-Quick Step a été évoquée, mais n’a finalement pas été entérinée. Les deux formations continueront chacune de leur côté l’an prochain.
Il est prématuré pour affirmer qu’ensuite Julian Alaphilippe passera sous pavillon français même si on connaît l’intérêt grandissant porté notamment par TotalEnergies à son égard. Néanmoins, quel que soit son point de chute, le double champion du monde va devoir retrouver de sa superbe.
