mardi 19 mars 2024

Kylian Mbappé peut-il faire mieux que Zinedine Zidane ?

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Frédéric Denat
Frédéric Denat
Journaliste

Déjà largement entré au panthéon des meilleurs footballeurs français de l’histoire, non loin de ceux qui ont déjà gagné le Ballon d’Or, Kopa, Platini, Papin, Zidane et Benzema, Kylian Mbappé est sur une trajectoire qui peut lui permettre de les supplanter tous. A moins qu’il l’ait déjà fait…

Comme Zidane, il a disputé deux finales de Coupe du monde, une gagnée, une perdue aux tirs au but. Comme Papin, il a été le roi des buteurs en France avec un cinquième titre qui lui tend les bras en fin de saison. Platini, qui a gagné l’Euro 1984 à lui tout seul, il a terminé meilleur buteur d’une grande compétition internationale. Comme Thierry Henry il a battu des records de précocité à Monaco…

Pourtant, même si son profil de joueur se rapproche beaucoup de celui de la légende des Gunners, les six premières saisons de Kylian Mbappé au plus haut niveau le placent sur une trajectoire inédite pour un joueur français. Jamais, même aux grandes heures de Platini, triple Ballon d’Or européen supplanté par Maradona au niveau mondial, aucun de ses glorieux aînés n’a autant impressionné au point de briguer le statut de meilleur joueur du monde.

« On est devant un joueur de 24 ans qui a déjà gagné une coupe du monde et qui a été à deux doigts d’en gagner une seconde à lui tout seul ! »

Quand Zidane avait Ronaldo dans ses pattes, Kopa composait avec Di Stefano, Papin avec Van Basten et Benzema avec Cristiano Ronaldo. Messi et CR7 en fin de parcours, un tel boulevard s’ouvre devant Mbappé qu’il peut se projeter sur la deuxième partie de sa carrière avec le potentiel pour faire mieux qu’eux tous réunis en une sorte de quintessence des qualités de chacun : l’efficacité de Papin, la vista de Platini, la capacité à répondre présent dans les grands rendez-vous de Zidane, la vitesse d’Henry…

« Nous avons déjà eu de grands buteurs, mais pas avec cette qualité exceptionnelle, précise Guy Lacombe, l’ancien coach du PSG et de Monaco. Mbappé est un phénomène qui dépasse largement les limites de notre pays. J’ai eu la chance de jouer avec un autre buteur d’exception à Monaco, Delio Onnis (recordman des buts inscrits en L1, Ndlr), il fait partie de cette race de joueurs qu’on ne voit pas pendant une heure et qui va faire la différence. Avec eux, on garde toujours l’espoir même quand l’équipe est dominée ou joue mal. Tout est toujours possible. Il faut bien avoir conscience qu’on est devant un jeune joueur de 24 ans qui a déjà gagné une Coupe du monde et qui a été à deux doigts d’en gagner une seconde à lui tout seul en finale ! »

Mbappé peut dépasser Zidane

Et qui peut encore en gagner une, ou plusieurs… ce qui donne le vertige aux nostalgiques qui ont vu Platini buter deux fois de suite face aux Allemands au pied d’une finale mondiale et Zidane quitter la scène internationale tête basse un soir de juillet 2006.

« Il n’est pas encore le meilleur joueur de l’histoire du foot français, mais il va le devenir, osait Christophe Dugarry pour son retour sur RMC Sport. Platini a eu trois Ballons d’Or… et son idée est d’être un jour à la hauteur de Messi et Cristiano Ronaldo. Il a tout pour y arriver. »

Avec les Bleus, s’il gagne un Euro, il rejoindra Zidane, mais devra s’accrocher pour atteindre les 108 matches d’un Zizou qui n’en a perdu que… 8 ! Avec 66 capes avant la trêve internationale de mars, Mbappé a déjà perdu à 9 reprises. Il en perdra d’autres avant d’espérer aller chercher le record de Lloris (145 sélections) mais, avec une moyenne proche de 10 sélections par saison, il peut y parvenir à l’horizon 2031, à 33 ans, juste après sa quatrième Coupe du monde…

Pour le serial buteur qu’il est et devrait être de plus en plus, le record de buts marqués avec les Bleus, propriété de Giroud (53 buts) lui tend déjà les bras. Mathématiquement, avec 36 buts et une moyenne de 0,55 par match, il ne fait aucun doute qu’il le battra le jour de sa 70ème sélection !

A condition qu’il continue évidemment sur le même rythme et qu’il progresse encore.

Il gagnerait à sortir plus souvent, ou plus tôt, de sa zone de confort…

« Le premier domaine qui vient tout de suite à l’esprit est son jeu de tête, poursuit Lacombe, même si je ne suis pas certain qu’il en fasse une priorité. Le deuxième est sa constance dans les efforts, surtout dans les grands matches car, en Ligue 1, il est au-dessus de tout le monde. On le voit souvent sortir de sa zone de confort qu’en fin de partie ou lorsque l’équipe est menée. Quand ça marche, et qu’il parvient à renverser le match, c’est parfait mais, au très haut niveau, ça va marcher de moins en moins parce que les défenseurs le surveillent de plus en plus, on l’a vu au Bayern où il n’a pas pu s’exprimer. »

« Il devrait avoir la maturité nécessaire pour s’imposer cet effort mental dès le coup d’envoi et jusqu’à la dernière minute. Mais comme il est intelligent, je pense qu’il le sait (rires)… »

Déterminé comme jamais à poursuivre sa trajectoire folle, alimentée par l’énorme frustration de Lusail, les déceptions récurrentes vécues avec le PSG, sa motivation est sans failles. Conscient de sa position dans l’histoire du jeu et de son statut d’icône nationale, il a le sentiment d’avoir trop gâché et perdu de temps sur des temps de passage qu’il souhaiterait plus flatteurs.

« Ce qui est surtout fascinant avec Kylian, c’est qu’on a l’impression qu’il en veut toujours plus » termine Guy Lacombe. C’est souvent à ça qu’on reconnait les champions d’exception.

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