Après Vénissieux, qui a déposé le bilan en mars alors qu’il jouait la montée en ProLigue, c’est Villeurbanne qui a rendu les armes fin octobre après avoir été repêché en ProLigue à l’intersaison. De quoi douter de la perspective de revoir, un jour, un grand club de handball à Lyon ?
Une malédiction s’acharne-t-elle sur les clubs des grandes métropoles ? Repêché en ProLigue à la faveur de la disparition de Bordeaux, le VHA n’aura profité de l’aubaine que quelques semaines, obligé de déposer le bilan après la 6ème journée de championnat (voir encadré), quelques semaines après la disparition du Strasbourg Eurométropole HB et un an après celle du Nice Cavigal HB.
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Lyon, Strasbourg, Nice, Bordeaux, même combat. A Lyon, depuis la fin de l’épopée vénissienne au début des années 90 (conclue par un titre de champion de France en 1992 et de deux Coupes de France), le handball enchaîne les échecs avec la régularité d’un métronome. Celui de Villeurbanne est sportif, avec une relégation en fin de saison dernière à peine atténuée par un repêchage miraculeux, et surtout économique.
Lyon n’y arrive pas avec le Hand
Il pose la question de la place du hand dans la métropole lyonnaise au milieu du foot, du rugby et du basket, les trois mastodontes qui concentrent toutes les énergies. Désormais, c’est en National 1 qu’il faut descendre pour trouver le meilleur représentant du handball lyonnais, Caluire HB, pas vraiment le profil d’une locomotive avec le plus petit budget de sa poule, des joueurs amateurs et seulement quatre entraînements par semaine. Pour Anthony Lambert, le coach caluirard, « la locomotive était le VHA et il ne faut pas se réjouir de la voir dérailler. C’est dommage car les joueurs et l’entraîneur commençaient à construire un projet sportif intéressant avec une équipe de qualité. »
Un projet que défendait Tony Breysse depuis 2020, qui était parvenu à doubler le budget en deux ans (de 600 000 à 1,2 M€), à attirer une société d’envergure internationale, DCB Logistics, dans son capital et avait tenté, en vain, de fusionner avec Lyon Handball, un club centré sur la formation. Au-delà de cette douloureuse expérience, l’ancien président du VHA revient sur la place du hand dans la capitale des Gaules, sur les conditions de sa réussite :
« Pour espérer avoir un grand club, il faut d’abord une volonté politique, ensuite un capitaine d’industrie. Il y a Tony Parker au basket, Jean-Michel Aulas (ancien joueur de handball, Ndlr) puis John Textor au foot, Yann Roubert au LOU… Sans les deux à la fois, ça ne marche pas. »
« Il faut une volonté politique et un capitaine d’industrie, sans les deux ça ne marche pas »
Dans un sport financièrement moins gourmand, sans avoir la surface financière de ses homologues lyonnais, Tony Breysse, dirigeant d’entreprise de 35 ans, avait le profil pour fédérer toutes les énergies autour de son projet. Faute de trouver suffisamment de relais, son mandat n’est pas allé au-delà de la quatrième saison. « La fusion avec Lyon HB nous aurait permis de toucher le cœur de la métropole, au-delà de Villeurbanne, cela aurait pu nous aider à trouver d’autres soutiens financiers et politiques. Elle a été mal comprise et la crise sanitaire n’a pas aidé. »
Avec les mauvais résultats sportifs de la saison passée, et une conjoncture économique peu favorable aux investissements dans un sport peu médiatisé, la commercialisation d’un club en voie de développement s’est avérée trop difficile.
« Mais cela ne veut pas dire que ça ne marchera pas dans deux ou trois ans, poursuit Tony Breysse. Le VHA va évoluer en National 1, là où on l’avait repris, le fossé à franchir n’est pas si large que ça. » De quoi lui redonner l’envie d’y retourner ? « Je vais d’abord laisser passer les étapes du dépôt de bilan, et on verra après. Une chose est certaine, de toute façon je ne m’éloignerai jamais du handball lyonnais. » Allan Villeminot était revenu onze ans après à Villeurbanne plein d’ambition…
Villeurbanne dit stop
La mesure d’encadrement de la masse salariale fin août, qui privait le VHA (Villeurbanne Handball Association) de trois de ses joueurs pros, n’annonçait rien qui vaille. L’annulation du match tant attendu en Coupe de France face à Nantes, à cause d’un autocollant mal nettoyé sur le parquet, non plus. Comme un symptôme de toutes les difficultés du club à assumer ses ambitions.
Avec un budget de 1,5 M€, le président Tony Breysse avait pourtant déclaré que les mauvais résultats sportifs de la saison passée l’avaient vacciné. Dans Le Progrès, il déclarait quelques jours avant la liquidation judiciaire de la SAS (société par action simplifiée qui gérait les pros) : « On a beaucoup à se faire pardonner. Mais on a aussi montré à nos partenaires que l’on avait rectifié le tir. »
Apparemment, pas suffisamment. Car à l’issue d’une assemblée générale extraordinaire, le conseil d’administration, notamment DCB le principal partenaire, a refusé l’augmentation de capital qui aurait pu sauver les apparences, mais pas une situation financière tellement catastrophique qu’elle n’avait pas permis au club de s’acquitter des frais d’organisation pour la réception de Valence le 13 octobre.
A condition d’y parvenir, c’est avec une équipe amputée de quatre joueurs n’ayant pas reçu leur salaire, et trois dont les contrats n’avaient pas été validés par la LNH, que le VHA se serait présenté aux Gratte-Ciel. Après le deuxième forfait face à Massy, et avant le troisième qui eut scellé son sort aux yeux de la Ligue, le couperet est tombé.
C’est désormais l’équipe réserve, évoluant en N2, mais en dernière position, qui représente un club délesté de son SAS et désormais seulement représenté par l’association. « Ce n’est pas un adieu, juste un au revoir » concluait le communiqué officiel du VHA le 24 octobre… qui avait six mois pour préparer son équipe première à repartir en N1 la saison prochaine.