Premier entraîneur français, et premier coach noir à gagner un titre en MLS, avec Columbus Crew, Wilfried Nancy est doublement entré dans la légende du soccer.
Avant lui, Patrick Vieira à NewYork City (2016-2018), puis Rémi Garde (2018-2019) et Thierry Henry (2019-2021) avec l’Impact de Montréal, mais aussi Yoann Damet, intronisé à 29 ans à la tête du FC Cincinnati, avec le statut de plus jeune coach de l’histoire de la MLS, étaient partis à la conquête de l’Amérique.
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On connait le destin des trois premiers, on a retrouvé celui du quatrième, entraîneur assistant de Los Angeles la saison passée… de Columbus cette année ! Au contraire des anciens internationaux français, dont il fut l’assistant à Montréal pendant cinq saisons, le Havrais de 46 ans n’était pas formaté pour représenter le football français à un tel niveau.
Joueur amateur en France, de Toulon à Orléans en passant par Châtellerault, Raon-L’Etape, Ivry ou Noisyle-Sec, c’est par la porte de l’université du Québec, à Montréal en 2005, qu’il a posé un premier pied en Amérique du Nord, d’abord comme joueur, rapidement comme coach. Un petit pas pour la colonie des entraîneurs tricolores expatriés de l’autre côté de l’Atlantique, encore anecdotique il y a vingt ans, un grand pas pour un jeune technicien qui n’allait plus cesser de creuser son sillon, profitant de la belle image de la formation française au pays de l’oncle Sam et au-delà au Canada.
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Nancy, premier entraîneur français en MLS et apprécié
Car c’est à la suite de Thierry Henry, en 2021, qu’il a sa première chance d’entraîneur en chef de l’Impact après avoir dirigé son académie et été adjoint des deux coachs français. Un an après, il filait vers Columbus, dans l’Ohio, où sa philosophie de jeu allait rapidement faire l’unanimité.
Directeur de la performance du Toronto FC après l’avoir été aux New York Red Bulls et à Los Angeles Galaxy, mais aussi à Leeds United la saison passée, Pierre Barrieu a souvent croisé le chemin de Wilfried dans ses années US : « Au-delà de sa manière de jouer, un peu inhabituelle en MLS où il n’y a pas d’entraîneurs de système, il est aussi apprécié pour son attitude toujours très calme, fair-play, qui ne fait pas de vagues. Ça aussi c’est un peu hors norme. »
« Au-delà de son style de jeu, hors norme en MLS, il est aussi apprécié pour son attitude toujours très calme »
Comme son parcours qui illustre aussi toutes les opportunités qui existent dans un pays qui récompense surtout ceux qui ont le courage d’oser. Pierre Barrieu en est un autre bel exemple :
« J’ai découvert un environnement où on valorise l’expertise, les compétences, avec une grande ouverture d’esprit et moins d’a priori que chez nous. Un tel parcours n’aurait pas été possible en France où il faut faire partie d’un cercle relationnel, connaitre les gens en place, avoir suivi un cursus bien déterminé et où rien n’est possible sans diplôme. » Aux Etats-Unis, il faut surtout faire ses preuves. En gagnant la MLS, Wilfried Nancy a peut-être montré l’exemple à d’autres.
Désormais, tous ceux qui ne sont pas suffisamment légitimes aux yeux de dirigeants français aveuglés par les réputations savent que leur salut peut aussi passer par les States. « Les dirigeants français sous-estiment clairement la MLS, poursuit Barrieu. Ce bémol est injustifié et j’espère que cette victoire de Wilfried fera évoluer les choses. ».
« Il s’est fait lui-même, racontait Rémi Garde sur RDS, la chaîne de télé sportive québécoise. C’est quelqu’un de remarquable, de très humaniste. Il a un peu galéré, mais il montre qu’il n’y a pas qu’une voie pour se faire plaisir dans le foot. » Désormais, il y a surtout une nouvelle vie à vivre pour le coach français de 46 ans adepte des contrats courts. Peut-être pour traverser l’Atlantique dans l’autre sens…