mercredi 12 février 2025

Le débat : faut-il supprimer les oreillettes du peloton ?

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Eric Mendes
Eric Mendes
Journaliste

Dans le cyclisme, les oreillettes font désormais partie intégrante de la panoplie du parfait coureur professionnel. Mais ne faudrait-il pas s’en passer pour pimenter les courses et éviter les scénarios écrits à l’avance ?

Parler des oreillettes dans le cyclisme, c’est ouvrir la porte à un débat sans fin. Depuis de nombreuses années, beaucoup pointent du doigt le manque de naturel des coureurs dans le peloton, au moment d’écrire l’histoire des courses et des étapes.

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Pour les anciens comme Cyrille Guimard, Marc Madiot, Jean-François Bernard ou Luc Leblanc voire Bernard Hinault, il ne fait aucun doute qu’il faut faire sans. D’autant plus qu’en France, l’oreillette est interdite pour l’ensemble des usagers de la route depuis 2015, notamment les cyclistes. Rémi Cavagna avoue qu’il ne serait pas contre faire sans à l’avenir.

« Je préférerais courir sans oreillettes et plus au feeling, surtout avec moins de stress. Les oreillettes peuvent être bien pour signaler un danger sur la course mais après, pour la course en elle-même, je trouve ça moyen. On voit bien que les courses sur les championnats sans oreillettes sont beaucoup plus passionnantes que les courses qui sont guidées avec les consignes des directeurs sportifs qui parlent à chaque instant et tout le stress qu’elles procurent avant des passages et points clés d’une course où tous les directeurs sportifs disent finalement la même chose. D’être dans les premiers avant tel ou tel endroit… C’est ce qui provoque une nervosité qui accentue les chutes. »

Arrivé en 1990 à Motorola, ce dispositif a été démocratisé dans le peloton permettant aussi aux stratégies d’équipes de se développer, laissant moins de liberté aux coureurs.

« La première sécurité des coureurs »

Aujourd’hui, on a pu même voir France Télévisions utiliser les échanges aux oreillettes pour apporter un autre regard de la course sur le Tour France. A croire que finalement, tout le monde s’adapte à la présence des oreillettes.

« C’est un vieux débat, explique Alexis Vuillermoz. En 2013, c’était déjà le cas quand j’étais néo-pro. J’ai envie de dire que c’est parfois bien. On prend les coureurs pour des sportifs plus bêtes qu’ils ne le sont. Les coureurs savent courir sans oreillettes. Sur le fonctionnement des coureurs ou la manière dont on va courir, on n’en a pas besoin. Parfois, ça peut augmenter la pression sans apporter des infos utiles. »

Champion de France sur route grâce à une course sans oreillettes, Valentin Madouas estime pourtant que les oreillettes sont utiles, notamment pour éviter des drames sur la route qui ne cesse d’être moins faite pour les coureurs de haut niveau.

« Il n’y a pas de raisons de les supprimer. Tout d’abord pour la sécurité. C’est la première sécurité des coureurs. Contrairement à ce que disent les médias, le problème ne vient pas de là. Il vient d’abord de l’état des routes parfois en mauvais état. Les oreillettes sont là pour nous indiquer les dangers de la route comme les gravillons, les virages serrés, l’huile sur la route… Sans elles, c’est un manque d’informations. Sur le Tour, ça nous a servi pour nous indiquer des descentes sinueuses et humides. Il peut y avoir de gros crashs sans ces informations. C’est important de les avoir grâce aux oreillettes. » Les oreillettes n’ont pas fini de faire parler…

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