jeudi 28 mars 2024

Le hand féminin français a-t-il les yeux plus gros que le ventre ?

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Loin des parquets, le handball féminin français a vécu une saison difficile avec les liquidations judiciaires de deux clubs, Fleury Loiret Handball et Bourg de Péage. D’autres clubs peuvent-ils se retrouver en difficulté ?

Champion de France en 2015, vice-champion en 2013 et 2016, le Fleury Loiret Handball a longtemps été une place forte du handball français mais, depuis novembre, le handball féminin professionnel n’existe plus à Fleury, le tribunal de commerce ayant prononcé une liquidation judiciaire. En décembre, c’est Bourg de Péage qui était placé en liquidation judiciaire.

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Ces deux exemples montrent la fragilité de l’économie des clubs aujourd’hui : « Les destins de Fleury et Bourg de Péage doivent nous alerter, mais ce sont des dossiers différents. Fleury tablait sur une subvention forte (100 000 euros) qu’ils n’ont pas eue finalement. La situation de Bourg de Péage s’est dégradée à cause de la gestion passée. Le club n’aurait pas dû repartir dans ce championnat, mais plus bas pour se remettre à niveau. »

Le hand féminin veut diversifier ses sources de revenus

« Nous sommes dans une période où les clubs doivent se réinventer dans la recherche de financement, dans une période où les budgets devraient se stabiliser alors qu’ils ont beaucoup augmenté ces dernières années avec des locomotives comme Metz, Brest, Nantes » explique Pierre Pradeau, directeur général de l’Union des Clubs Professionnels du Handball Féminin. »

Avant d’ajouter : « La Covid a accéléré le changement car les politiques des clubs doivent se réinventer. Il faut que les clubs soient des acteurs du territoire local plus seulement un spectacle sportif. Il faut que les clubs participent à la vie de leur territoire, qu’ils renforcent l’ancrage territorial. » Pour Nodjalem Myaro, la présidente de la Ligue Féminine, la priorité est d’alerter les clubs et de les accompagner afin qu’ils ne franchissent pas la ligne rouge qui mettrait en danger leurs finances :

« Les aides de l’Etat ont aidé les clubs à surmonter la crise sanitaire, mais le sport féminin dans son ensemble, pas seulement le handball, connait des difficultés avec la disparition de deux clubs, des partenaires moins présents car eux aussi ont été impactés par la crise. »

« Nous avons quelques belles locomotives, il faut que les autres clubs s’en inspirent »

« Des clubs comme Metz, Brest se portent bien économiquement parlant avec pleins de partenaires divers et variés pour le premier, la famille Le Saint pour le second, Nantes a aussi une base financière solide avec deux sports différents le handball et le volley gérés par une grosse structure. Nous sommes optimistes pour l’avenir. Nous avons quelques belles locomotives, il faut que les autres clubs s’en inspirent. On fait tout un travail d’accompagnement des clubs. On a des clubs à fragilité qui auront des retours de la CNCG pour les alerter, qu’ils fassent attention, notre but étant que les clubs puissent repartir la saison d’après. »

Au-delà des aides des collectivités territoriales, les ressources financières peuvent également provenir des droits télé. Mais, en handball, comme dans d’autres sports, ils sont quasi inexistants :

« On fait des choses avec Handball TV, Sport en France, mais ça reste intimiste. Afin que le handball soit suivi, il faut que le spectacle sportif soit intéressant, que les tribunes soient garnies. Il y a un travail de développement médiatique qui a été enclenché, BeIN Sports a ouvert la porte en télévisant des matches féminins en complément des matches masculins, il faut poursuivre sur cette voie, les encourager à nous diffuser » conclut Pierre Pradeau.

Le handball féminin n’est pas en danger au niveau de ses clubs, il a des locomotives solides et le championnat attire des joueuses étrangères et des stars. Mais les problèmes rencontrés par Fleury et Bourg de Péage ont fait prendre conscience aux différents acteurs de ce sport que le danger planait. Avec les accompagnements dont bénéficient les clubs désormais les cas de Fleury et Bourg de Péage devraient rester des exceptions.

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