vendredi 26 avril 2024

Le PSG va-t-il quitter le Parc des Princes ? Cet ex président qui estime que c’est indispensable !

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Frédéric Denat
Frédéric Denat
Journaliste

De tous les anciens présidents du PSG (2004-2006), il est certainement celui qui a le mieux vécu la perte du titre de champion de France au profit d’un club, le LOSC, qu’il a aussi présidé pendant trois saisons (1999-2002). Pour les dix ans de l’arrivée de QSI dans la Capitale, Francis Graille était donc doublement bien placé pour effectuer un bilan et se projeter sur l’avenir.

Entre Lille et le PSG, deux de vos anciens clubs, vers lequel penchait votre coeur lors de cette fin de saison à suspense en L1 ?

J’étais très partagé avec le confort de me dire que, quel que soit le club champion de France, de mon côté, j’étais satisfait. Malgré les circonstances d’un début de saison perturbé par la crise sanitaire, Lille n’est pas un champion au rabais. De la même manière, il ne faut pas sous-estimer la performance du PSG qui, malgré cette 2ème place, a réalisé une belle saison.

Non seulement ils ont gagné la Coupe de France, mais ils ont aussi été demi-finalistes de la Ligue des Champions… en éliminant des équipes comme Manchester, le Bayern ou Barcelone ! Et ça, au moment, du bilan, il ne faut surtout pas le négliger. Car ensuite, entre une défaite et une victoire, une 1ère et 2ème place, parfois, ça se joue tellement à rien, qu’il est toujours difficile de tirer des conclusions trop hâtives. Je pense donc que le PSG a fait une belle saison.

Francis Graille partagé entre le LOSC et le PSG

Vous êtes resté deux ans à la tête du PSG, à la fin de l’ère Canal+, après vos trois ans à Lille… pouvez-vous comparer les deux expériences ?

A Lille, nous arrivions dans un club qui avait failli descendre en National l’année précédente, avec une structure associative que nous avons transformée en structure professionnelle pour construire des bases solides si j’en crois la situation du club aujourd’hui. En tout cas, on avait fait ça pour qu’elles durent.

A Paris, le souci était d’ordre financier. On avait fait appel à nous pour retrouver un équilibre budgétaire (65 M€ de déficit à l’issue de la saison 2002/2003, Ndlr) et une crédibilité sportive. Je crois pouvoir dire qu’en se qualifiant pour la Ligue des Champions et en gagnant la Coupe de France (en 2004, Ndlr), nous y étions parvenus. Je ne veux pas oublier Auxerre (où il fut président de 2017 à 2021, Ndlr) dans un contexte très différent, un club très ancien qu’il a fallu remettre au goût du jour, mais où je n’imaginais pas partir de si loin.

Le PSG fête cette année les dix ans de l’arrivée de QSI à sa tête. Que vous inspire cet anniversaire ?

Grâce à eux, incontestablement, le PSG a changé de dimension pour devenir une référence internationale, un des leaders mondiaux reconnu dans le monde entier. Et, au cours de ces dix ans, même si pas mal de critiques ont accompagné cette montée en puissance inexorable, il ne faut pas oublier que tout le monde en a profité. On juge mal parfois l’impact du PSG sur le reste du football français et je trouve d’ailleurs que les Parisiens subissent trop souvent un traitement particulier de la part des arbitres. Alors qu’en fait il est une fantastique locomotive. On ne le souligne pas assez à mon sens.

« Je trouve que le psg subit trop souvent un traitement particulier de la part des arbitres »

Canal + est resté quinze ans, quelle durée de vie accordez-vous aux Qataris à Paris ?

Il est d’autant plus difficile de répondre à votre question qu’on parle là d’une stratégie d’Etat. Ils peuvent bien sûr rester beaucoup plus longtemps que Canal, mais aussi se désengager plus vite s’ils considèrent que leur objectif est atteint. Il y a une dizaine d’années, peu de gens parvenaient à situer le Qatar sur un planisphère. Aujourd’hui, notamment grâce au PSG, ou à BeIN SPORTS, tout le monde sait où se trouve ce pays. Auront-ils encore besoin de communiquer après la Coupe du Monde 2022 ? Je ne sais pas…

Quand vous parlez du PSG de 2021, avezvous l’impression de parler du club que vous avez présidé entre 2003 et 2005 ?

Non, évidemment non… Entre temps, le nombre de salariés a été multiplié par trois ou quatre, les recettes publicitaires ne sont pas comparables, un nouveau centre de formation va sortir de terre… il n’y a guère que le stade qui est resté le même. Au-delà de tout ce qu’on peut imaginer pour le futur, une chose est certaine, les Qataris font tout pour assurer la pérennité du club. S’ils partent un jour, tout sera prêt pour perpétuer leur héritage.

Francis Graille pense que le PSG doit avoir un nouveau stade

Au-delà des résultats, de cette Ligue des Champions après laquelle ils courent encore, quel pourrait être le prochain grand chantier du club ?

Le point d’orgue de la présence des Qataris à Paris pourrait être la construction d’un nouveau stade, qui ne peut pas être le Stade de France. Une nouvelle enceinte avec davantage de capacités d’accueil leur permettrait d’augmenter la rentabilité et de ne plus être aussi dépendant du sponsoring venu du Qatar. Le PSG aurait besoin d’un nouveau stade plus grand que le Parc.

Pour plus d’éthique dans l’origine des fonds investis ?

Je peux comprendre ceux qui émettent des doutes, mais je note aussi que tout le monde profite de l’impact financier des Qataris, les clubs qui effectuent leur meilleure affluence quand ils les reçoivent, les chaînes de télé qui battent des records d’audience grâce aux stars du PSG… même Jean-Michel Aulas, qui était un farouche opposant, a depuis beaucoup évolué. Pour le reste, est-ce éthique de voir un club déficitaire sans cesse renfloué par son actionnaire majoritaire ? Je n’ai pas la réponse.

Quelle relation avez-vous aujourd’hui avec lePSG?

J’ai d’abord une relation affective parce que vous ne pouvez pas rester insensible à toutes les émotions fortes, positives ou négatives, vécues pendant deux ans. J’ai ensuite une relation professionnelle à travers mes rapports toujours courtois et chaleureux avec Nasser (Al-Khelaïfi) au sein du conseil d’administration de la LFP.

Si, au début de l’ère QSI, on avait l’impression que certains, surtout parmi les joueurs, considéraient que le PSG n’existait pas avant eux, la situation s’est beaucoup améliorée depuis. Les dirigeants actuels font tout pour reconnaître le travail du passé, l’histoire du club et ceux qui l’ont écrite. J’ai donc toujours été bien reçu au PSG.

Pour Francis Graille, Pochettino peut s’imposer à Paris

Regrettez-vous le départ de Pochettino à Bordeaux à votre arrivée ?
Nous avions de très bonnes relations avec Jean-Louis Triaud le président des Girondins. Nous venions de recruter Pauleta chez lui. Il restait un an de contrat à Mauricio, mais nous l’en avons libéré… J’ai eu le temps d’avoir un échange avec lui, mais très bref. J’avais été nommé président avant la fin de la saison, mais j’avais voulu laisser mon prédécesseur, Laurent Perpère, encore en place au moins jusqu’à la finale de la Coupe de France (perdue face à Auxerre 1-2, Ndlr), gérer ces dossiers jusqu’au bout. Idem pour le départ de Ronaldinho au Barça…

Pochettino a-t-il le profil pour s’imposer à Paris ?

Il en a en tout cas le profil, celui d’un ancien joueur de haut niveau qui connait bien le club, d’un entraîneur qui a déjà fait ses preuves ailleurs, en Espagne, en Angleterre, jusqu’au plus haut niveau européen avec Tottenham. Je regrette juste qu’il ne fasse pas encore l’effort de parler français. Tuchel avait eu cette démarche qui me plait bien. J’espère que ça ne signifie pas qu’il ne se sent que de passage.

En même temps, vue la durée de vie de ses prédécesseurs, comment lui en vouloir de ne pas se projeter dans la durée…

C’est vrai, en terme de management, il est compliqué de s’imposer à Paris pour un entraîneur. Pourtant, c’est dans la continuité et la durée qu’on réussit à imposer un style. Sans évoquer Ancelotti ou Blanc, les deux derniers entraîneurs du PSG étaient en finale européenne cette saison, Tuchel et Emery. Ils ne sont donc pas de mauvais entraîneurs, à la base il s’agissait de bons choix.

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