L’équipe de France brille, les audiences sont en hausse, le beau jeu est au rendez-vous. Mais derrière cette vitrine nationale, quelle est la véritable situation du rugby féminin en France ?
En 2014, la France organisait sa Coupe du monde féminine et le succès était au rendez-vous. Les stades étaient en fête, les enfants portaient des maillots des Bleues. Cet évènement semblait devoir marquer un tournant dans l’évolution de ce sport qui vivait dans la confidentialité jusque-là.
Cet élan donné par la Coupe du monde aura un impact sur l’équipe de France et dans un premier temps sur le championnat. Les matches des filles ont été médiatisés avec le championnat retransmis sur Eurosport et les matches des Bleues sur France Télévisions :
« L’équipe de France est une belle vitrine car les filles produisent du beau jeu. Elles ont des résultats. Ce Mondial a été le déclencheur, je me souviens d’ambiances de folie notamment à Jean Bouin. Avant, c’était un peu confidentiel, le championnat a commencé à être télévisé, les parents n’hésitaient plus à mettre leurs filles au rugby afin qu’elles essayent ce sport » se remémore Marie Sempéré, ancienne internationale et désormais consultante pour France Télévisions.
« Il faut s’inspirer de ce qui se fait en Angleterre. Ils ont professionnalisé le rugby féminin à 7 dans l’optique des JO de Rio puis ils ont fait de même pour le rugby à 15 »
Le problème, c’est que neuf ans après on s’aperçoit que sur le plan national l’essai n’a pas été totalement transformé. Hormis quelques clubs qui sont bien structurés, les autres possèdent de faibles moyens et Eurosport a rendu les droits du championnat :
« Certains gros clubs se sont structurés, mais Lille a des soucis par exemple. Blagnac sort son épingle du jeu, mais les joueuses ne sont pas toutes professionnelles, elles doivent faire beaucoup de sacrifices. Il faut s’inspirer de ce qui se fait en Angleterre. Ils ont professionnalisé le rugby féminin à 7 en 2015/2016 dans l’optique de bien préparer les JO de Rio puis ils ont fait de même pour le rugby à 15. La fédération anglaise donne de l’argent aux clubs, les joueuses sont semi-professionnelles. »
« Les filles ont des contrats d’un à trois ans, des choses sont mises en place aussi en cas de maternité elles continuent d’être payées. Leur championnat est d’un très haut niveau, il est visible sur les chaines nationales. En France, Eurosport a arrêté le rugby, il y a une différence de niveau entre les équipes, les stades ne sont pas toujours adaptés pour des retransmissions. Il faudrait qu’un gros sponsor veuille s’investir, qu’il y ait moins de différences entre les internationales et les joueuses de club. »
Aujourd’hui, l’équipe de France est un peu l’arbre qui cache la forêt. Mais sans des clubs avec une économie forte les joueuses auront du mal à maintenir leur niveau.