Cette saison, sur les trois grands Tours, avec Jasper Philipsen et Kaden Groves, la formation belge n’a laissé que des miettes aux autres chasseurs d’étapes. Au-delà, le train belge a toujours enlevé au moins une étape lors des neuf derniers grands Tours qu’elle a disputés depuis son arrivée sur le Giro en 2021. Et ce n’est peut-être qu’un début…
Chez Alpecin-Deceuninck, la saison s’est terminée comme elle avait commencée, avec un Jasper Philipsen dominant le peloton, coureur le plus prolifique de l’année avec 19 victoires (sur 24 sprints disputés), mieux que Pogacar (17), son meilleur ami, et Vingegaard (15).
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De ses deux étapes de Tirreno-Adriatico (3ème et 7ème) au printemps à ses quatre du Tour de Turquie (1ère, 2ème, 4ème et 8ème) à l’automne, les hommes des frères Roodhooft n’ont jamais vraiment desserré l’étreinte.
Grâce à leur sprinteur belge évidemment, mais aussi à son pendant australien, Kaden Groves, qui a levé les bras à 7 reprises et fait jeu égal avec Philipsen sur les grands Tours avec quatre succès (3 sur la Vuelta et 1 sur le Giro contre 4 sur le Tour), un maillot vert chacun, Groves manquant d’un seul petit point celui du Giro au profit de Jonathan Milan (Bahrain), ce qui aurait offert le grand chelem à son équipe à l’instar de celui réalisé par les Jumbo-Visma pour les classements généraux.
Alpecin-Deceuninck tiraillée entre Jumbo-Visma et UAE Team Emirates
Face à la domination en montagne de l’équipe néerlandaise, prévisible, Alpecin-Deceuninck avait depuis longtemps tout misé sur la puissance de ses puncheurs-sprinteurs pour les grands Tours. Et lorsque le fantastique duo de finisseurs Philipsen-Groves n’était pas là, Mathieu Van der Poel a fait le reste.
Depuis le Giro 2021 alors qu’ils n’étaient que ProTeam -, leur première participation à un grand Tour, et un succès de Tim Merlier, les Alpecin, autrefois Fenix, ne sont jamais rentrés bredouilles d’un voyage de trois semaines. Avant le prochain Giro, ils restent sur une série de 18 victoires en 9 éditions.
Aussi exceptionnelle fut-elle, cette dynamique n’est pas la meilleure en cours puisque l’UAE Emirates a débuté sa série lors de la Vuelta 2019, soit 12 courses. La progression de la formation belge est toutefois plus spectaculaire car construite sur les bases d’une petite équipe de cyclo-cross (BKCP-Powerplus) qui n’avait comme seul argument à ses débuts sur route que la présence de Van der Poel dans des rangs dégarnis et manquant d’expérience.
Dix ans après, il n’est pas exagéré de considérer qu’elle a momentanément pris la place de la Quick-Step de l’inénarrable Patrick Lefévère.
Deceuninck a eu le nez creux…
Ironie du sort, c’est en accueillant son ancien sponsor, Deceuninck, qu’Alpecin a franchi un palier, en lui chipant également le directeur sportif Rik Van Slycke. Présente aux côtés de l’équipe d’Alaphilippe depuis 2019, la société belge de menuiserie a eu le nez creux en changeant de monture.
Car depuis, les Wolfpacks ne sont plus ce qu’ils étaient, remplacés par les compatriotes d’Herentals qui ne cessent de monter en puissance au point d’être assimilés à une véritable meute.
Passée d’une vingtaine de victoires en 2019 (21) et 2020 (16), à plus de trente en 2021 (33) et 2022 (33), elle a encore fait mieux en 2023 (36) et ne compte pas s’arrêter en si bon chemin.
Avec les nouveaux moyens financiers alloués par Deceuninck, les arrivées d’Hermans, de Groves et de Kragh-Andersen en 2023, celles des prometteurs Hollmann et Van Tricht (un autre ancien du Wolfpack), cette année, sans oublier le champion du monde Espoirs, Axel Laurance, lancés dans le grand bain, offrent une grande densité à l’ensemble avec une dizaine de vainqueurs potentiels, prêts à poursuivre la série en grands Tours et écrire la légende de la meute.
Tom Boissy