Alors que l’OM va tout miser sur la Coupe de France pour transformer sa saison (avec dès dimanche un 16ème à sa portée contre les amateurs du Canet-en-Roussillon), retour sur grandes heures du club dans cette compétition.
Depuis sa première participation en 1918, l’OM a longtemps fait de la Coupe de France sa chasse gardée en atteignant 19 finales (deux fois sur dix), un record qui chancelle, les Phocéens attendant un onzième succès depuis 31 ans (vainqueurs en 1924, 1926, 1927, 1935, 1938, 1943, 1969, 1972, 1976, 1989). Retour sur les moments les plus marquants, ceux qu’on n’est pas prêts d’oublier.
Le plus beau, 1989, JPP au sommet de son art en Coupe de France
Un mois après avoir conquis le titre, 17 ans après le dernier, l’OM de Tapie se présente au Parc des Princes en favori face à Monaco, pour un doublé que Marseille attend également depuis 1972. D’une ère à l’autre, d’un buteur de légende, Josip Skoblar, à un autre d’exception, Jean-Pierre Papin, cette finale 1989 reste encore aujourd’hui l’une des plus belles de l’histoire.
D’abord parce qu’il y a eu sept buts, pas un record, mais presque (il appartient à TFC – Angers 6-3 en 1957), ensuite parce que le scénario fut haletant jusqu’à la fin (mené de deux buts, Monaco est revenu à une longueur dans le dernier quart d’heure), enfin parce que ce 10 juin 1989 fut le jour de gloire de JPP, auteur d’un triplé fantastique… qui aurait pu se transformer en quadruplé s’il n’avait pas manqué un penalty !
Trois buts, seul Pécout avait réussi l’exploit avec Nantes dix ans avant, mais sur 120 minutes en raison des prolongations. Papin, lui, n’eut besoin que de 33 minutes, entre la 14ème et 47ème, pour crucifier Ettori à trois reprises : après avoir éliminé Battiston sur un double crochet et déclenché une frappe croisée de l’angle de la surface (1-0), d’une tête au-dessus de Sonor à la réception d’un centre de Thys (2-0), d’une frappe de près dans un trou de souris entre Petit et Sonor (3-1).
Le quatrième but aurait pu venir d’un penalty qu’Ettori parvint à détourner. « Je n’en avais jamais manqué un jusque-là ! » se souvient Papin qui allait quand même pouvoir recevoir la coupe des mains de François Mitterrand, à qui il s’offrira le luxe de… faire la bise. Avec le recul, cette finale est pour JPP « peut-être le meilleur match de ma carrière. Parce que c’était l’apothéose d’une saison avec ce doublé, parce que j’ai mis trois buts, dans des positions différentes, et face à ce qui se faisait de mieux à l’époque en France, une équipe de Monaco impressionnante qui n’avait pratiquement que des internationaux avec Sonor, Amoros, Battiston, Petit, Dib, Hoddle, Weah… En plus, j’avais fait la bise au Président, c’est vraiment un grand souvenir ! »
Le plus cruel, 1996, avec le bonjour de Monsieur Roux
C’est depuis la D2 qu’ils ne vont plus tarder à quitter après deux années de purgatoire post-affaire VA-OM, que les Phocéens vont offrir à leurs supporteurs une de leurs plus belles épopées. Après avoir notamment sorti le voisin d’Endoume coaché par un certain José Anigo en 32èmes de finale, puis Lille alors en D1, c’est l’AJ Auxerre de Blanc, Laslandes, Diomède, Cocard et Guivarc’h, futur champion de France, qui se présente au Vélodrome en demifinale.
Un an après avoir déjà performé en Coupe de l’UEFA, les joueurs de Gili remettent ça en ce 13 avril 1996 pour cette opposition a priori déséquilibrée entre le leader de D1 et celui de D2. Dans un Vélodrome en travaux, l’atmosphère ne tarde pas à monter d’un cran dans un match étouffant qui transcende les Marseillais.
JPP auteur en 1989 d’un triplé magique en Coupe de France, tout aussi magique que sa bise au Président Mitterrand…
Elle pousse les joueurs de Guy Roux dans leurs derniers retranchements. Le 0-0 à l’issue du temps réglementaire annonçait une prolongation disputée à 10 contre 10 après les expulsions de Casoni et West. Et tout semblait aller vers la série de tirs au but lorsque Lamouchi douchait l’enthousiasme des supporteurs à trois minutes de la fin…
Avant que Ferrer égalise sur penalty au bout du temps additionnel des prolongations, non sans que Charbonnier, le gardien de l’AJA ne fasse des miracles. En craquant dans la série fatidique (1-3), l’OM pouvait se mordre les doigts. Guy Roux se préparer à aller chercher son premier doublé coupe-championnat.
« Ce match à Marseille était un piège, précise-t-il, car il était évident que cette équipe n’avait de D2 que le nom. Avec Casoni, Amoros, Dib, Ferreri, Cascarino, Ferrer, Echouafni… c’était une équipe de D1. Nous avions gagné avec les tripes et dans une ambiance assez survoltée. Nous avions des gars capables de résister à cette pression. C’était notre année. » En finale, l’OM aurait retrouvé Nîmes… alors en National 1. Regrets éternels.
Le plus légendaire 1979, les canaris étaient presque cuits
Face à une équipe nantaise qui allait disputer le titre à Strasbourg jusqu’à la dernière journée, et qui allait être championne de France en 1980, le 1-3 subi à Marcel Saupin, un stade où les coéquipiers d’Henri Michel étaient quasiment imprenables, semblait rédhibitoire aux joueurs de Jules Zvunka, appelé en cours de saison à la place de Markovic.
Le défi se compliquait encore davantage au retour lorsque Pécout ouvrait la marque dès la 5ème minute pour obliger les Olympiens à marquer quatre fois pour se qualifier. Il devenait irréalisable lorsque Trossero doublait la mise à la 24ème.
À 1-3, 0-2… les carottes semblaient cuites pour des supporteurs qui avaient pourtant rempli le Vélodrome mais dont certains, trop dépités, commençaient à rentrer chez eux. Ils allaient le regretter.
Car, à la pause, grâce à Robert Buigues et Marius Trésor sur deux coups de tête gagnants, l’OM était revenu à égalité. Capable d’inscrire deux buts en cinq minutes, l’OM avait encore 45 minutes pour en mettre trois de plus. L’impensable prenait de l’épaisseur lorsque Didier Six donnait l’avantage aux siens sur penalty au retour des vestiaires.
À 3-2, la course contre la montre pouvait débuter et offrir à un Vélodrome redevenu incandescent un moment rare d’émotion et de suspense. Encore deux buts… Plus qu’un à la 76ème minute lorsque Boubacar catapultait de la tête un centre de Sikely et portait le score à 4-2.
À un quart d’heure de la fin, l’OM se retrouvait au pied d’une inédite remontada. Malgré tous les efforts des Berdoll, Linderoth, Fernandez ou Bracci, malgré une pression de tous les instants sur les cages de Bertrand-Demanes, les Canaris parviendront à éviter ce cinquième but qui leur eut été fatal.
Trois ans avant Séville, dont il fut aussi un des principaux acteurs, et buteur, Marius Trésor se souvient : « On avait peut-être fait le plus dur, il ne nous restait qu’un but à marquer… Mais, en face, c’était le grand Nantes qui avait su se reprendre quand il le fallait face à notre furia.
Encore aujourd’hui, cette élimination reste un des pires souvenirs de ma carrière. A un autre degré, on peut le comparer à Séville parce que tout le vestiaire était aussi en larmes après le match. A la limite, on aurait préféré perdre et faire match nul que de gagner et passer aussi près de la qualification. » Les regrets furent d’autant plus grands que Nantes finit par gagner l’épreuve en battant deux clubs de D2, Angoulême en demi et Auxerre en finale.
Le plus dramatique 1992, le drame de Furiani en demi de Coupe de France
L’OM est déjà champion en ce 5 mai 1992 lorsqu’il se déplace à Bastia pour une demi-finale de Coupe de France qui enflamme toute la Corse au point de transformer le vétuste stade Armand Cesari de 8000 places en bonbonnière surchauffée par 18 000 spectateurs.
L’effondrement de la tribune provisoire qui interviendra pendant l’échauffement et fera 18 morts et 2357 blessés ne permettra évidemment pas au match de se disputer, ni à l’OM de vivre une finale qui lui tendait les bras.
En 1992, Bastia n’est en effet qu’en D2 et, malgré ses exploits face à Toulouse et Nancy aux tours précédents, pensionnaires de D1, les joueurs d’Exbrayat ne semblent pas en mesure d’inquiéter le triple champion de France en titre et récent finaliste de la Ligue des Champions.
Pour la première fois de l’histoire, il n’y eut pas de finale en 1992, les deux clubs refusant de rejouer le match en hommage aux victimes de la catastrophe de Furiani. C’est encore Monaco qui attendait l’OM pour cette finale qui n’aura jamais lieu…
Le meilleur buteur Jean Boyer, le spécialiste
C’est avant la guerre que les buteurs olympiens s’en sont donnés à coeur joie dans une épreuve que l’OM remportera six fois entre 1924 et 1943. De quoi offrir à Jean Boyer 55 rencontres de coupe (record) et pas moins de 75 buts inscrits pour trois victoires (1924, 1926, 1927) et une finale (1934).
Parisien d’origine, le premier international (15 sélections) de l’histoire du club est resté douze ans à Marseille pour transformer le club et en faire un des meilleurs du pays. Avant 1924, tous les vainqueurs de la coupe étaient en effet issus de la région parisienne.
L’OM devenait grâce à Boyer, le Parisien, et ses deux compères d’attaque, Dewaquez et Cruz, le premier club de province à inscrire son nom au palmarès. Au classement des meilleurs buteurs, il devance Joseph Alcazar (37 buts), Emmanuel Aznar (31 buts), Willy Kohut (30 buts) et Jean-Pierre Papin (25 buts).
C’est aussi Boyer qui a disputé le plus de rencontres de Coupe de France (55) entre 1923 et 1934, devant Jean Bastien (45 matches entre 1935 et 1949) pour deux victoires en 1938 et 1943, et François Bracci (44 entre 1972 et 1985) pour une victoire en 1976.
Le plus titré Jules Zvunka, Monsieur Coupe de France
Parce qu’il l’a gagnée, joueur, à deux reprises (1969 et 1972), entraîneur, en 1976, Jules Zvunka incarne encore aujourd’hui cet esprit coupe qui a longtemps accompagné l’OM.
Dans un entretien qu’il nous avait accordé en 2002, il était revenu sur le lien presque charnel qui unissait Dame Coupe et Marseille : « Le format de la compétition convient parfaitement au tempérament des Marseillais, c’est une sorte de jouissance immédiate. Un match, une qualification en jeu… et l’obligation pour les joueurs de se transcender ou de se faire éliminer. »
En ayant soulevé trois des dix Coupes de France gagnées par l’OM, l’aîné des Zvunka est l’Olympien le plus titre de l’après-guerre, celui qui a su le mieux trouver les mots, comme capitaine ou coach, pour amener son équipe jusqu’au bout de trois épopées légendaires.
La première en 1969 face à Bordeaux, « mon premier trophée, la première coupe depuis 1943 et le défilé dans les rues de Marseille où nous avons mis plus de cinq heures pour aller du Vélodrome à la mairie. » La deuxième en 1972, face à Bastia, année du doublé, en tant que capitaine, « une joie immense, l’émotion au-dessus de tout de recevoir la coupe des mains de Georges Pompidou. »
La troisième avec la casquette de coach, en 1976, qu’il avait prise en cours de route sur la tête de José Arribas, face à Lyon : « Pour un sentiment bien différent, c’était la victoire des joueurs avant tout, c’eut été la défaite du coach si nous avions perdu. J’ai surtout eu le sentiment du travail accompli… » Quatre ans après un énième retour sur le banc, en 1980, c’est après une élimination en coupe face à Cannes qu’il était remercié.
Le plus long 1931, un match sans fin !
Disputé sur un seul match, le huitième de finale de la saison 1930/1931 a ressemblé à un match sans fin. Alors que la série des tirs au but n’existait pas encore, il a fallu pas moins de quatre matches, atteignant forcément tous les prolongations, même le dernier, pour départager l’OM et le Club Français, un club parisien fondé en 1902, qui a disparu en 1935 après avoir gagné la Coupe de France… en 1931.
Après un premier match terminé sur un score nul 1-1, au stade Fernand Bouisson de Marseille, le 8 février, l’OM pensait pourtant avoir gagné le second programmé à Montrouge le 22 février. Sur le stade Buffalo, la victoire 2-0 ne souffrait d’aucune contestation.
Sauf que le club parisien déposa une réclamation contre la qualification du joueur allemand de l’OM, Vernicke, suspendu en Allemagne avant son arrivée à Marseille, pour fait de professionnalisme.
Une troisième rencontre était donc proposée aux protagonistes, sur terrain neutre, à Sète, aux Métairies, le 15 mars, pour un nouveau match nul (3-3) qui ouvrait la porte à un quatrième épisode une semaine plus tard… qui cette fois, toujours après prolongations, accoucha enfin d’un vainqueur, le Club Français (2-1) dans la prestigieuse enceinte du stade Olympique de Colombes devant 12 000 spectateurs.
Et nous ne comptons pas dans ces quatre matches, un cinquième, remis, entre le 2ème et le 3ème, en raison de la pelouse impraticable du stade de Strasbourg ! Il aura donc fallu programmer cinq matches, disputer 480 minutes et parcourir des milliers de kilomètres, entre le 8 mars et le 22 février, pour accoucher d’un vainqueur…
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