Les vérités de Valériane Ayayi (30 ans, 140 sélections), sur le groupe des Bleues qui prépare les Jeux. Un constat enthousiaste malgré les différences de générations.
Cela fait-il bizarre d’être une des plus anciennes du groupe France ?
En âge, il y a Sarah (Michel Boury 35 ans, Ndlr), mais c’est moi qui ai le plus de sélections (140 contre 135, Ndlr). C’est bizarre : oui et non. J’ai toujours été la joueuse entre deux générations. Il y a beaucoup plus de nouvelles maintenant, de joueuses plus jeunes. Mais c’est cool, c’est un rôle qui est différent.
Etes-vous quelqu’un qui parlez beaucoup dans le vestiaire, sur le terrain, ou allez-vous devoir forcer votre nature pour endosser ce rôle de leader ?
Non, j’ai toujours été quelqu’un qui allait vers les gens. J’ai toujours besoin de partager, d’échanger, mais tout dépend de ce que le coach me demande, de ce qu’il attend de moi dans ce rôle-là. J’ai toujours eu le rôle tampon entre deux générations. J’ai toujours fait la connexion entre les groupes donc il n’y aura pas grand-chose qui va changer pour moi.
Quand vous êtes arrivée toute jeune en équipe de France, vous rappelez-vous de joueuses qui sont venues vers vous, qui ont joué le rôle de grandes sœurs ?
Isabelle Yacoubou et Emilie Gomis m’ont énormément marquée. Elles m’ont pris avec elles. J’ai eu la chance de continuer ma carrière avec chacune d’entre elles. C’est important pour moi de rendre ce que me l’on m’a donné en équipe de France.
Ce rôle d’ainée, comment cela se concrétise-t-il au quotidien ?
Au quotidien, c’est un petit peu tout. Il y a aussi mon rôle de maman dans la vie qui joue avec les filles. Mais c’est essayer d’apporter ce qu’elles ont besoin, que ce soit sur ou en dehors du terrain, toujours avoir cette bienveillance, cette générosité auprès d’elles. On a le même objectif toutes ensemble, c’est gagner et faire avancer l’équipe.
Cela pompe-t-il de l’énergie et cela peut-il être préjudiciable dans votre rôle de joueuse ?
Je ne pense pas, c’est quelque chose d’assez naturel. Je viens d’une famille avec quatre enfants, j’ai pu gérer mes frères et sœurs et pu les guider. En étant maman, j’ai désormais ce rôle qui est assez naturel. Donc non, j’y prends du plaisir et les filles me le rendent bien et ça me donne de l’énergie en retour.
« Si je dois partir à la guerre, Janelle Salaün est la première que je prendrais avec moi ! »
Comment se comporte Janelle Salaün dans le groupe, quelles relations avez-vous avec elle ?
Janelle, c’est une bête de travail très déterminée. On a appris à se connaître sur les dernières compétitions. On est complémentaires sur le terrain. En dehors du terrain, de par le fait que nos frères jouaient ensemble cette saison, on s’est rapprochées. J’apprécie beaucoup Janelle, c’est quelqu’un de très simple, de très déterminée qui a ses objectifs. Si je dois partir à la guerre, c’est la première que je prendrais avec moi.
Dans les plus jeunes, certaines prennent-elles des responsabilités ?
On a deux générations totalement différentes. Les plus jeunes sont axées sur leurs propres performances. Elles sont moins dans le partage. Je ne sais pas si c’est lié à leur manière de grandir et d’évoluer ou s’il y a juste un peu de timidité pour l’instant. Chacune va prendre ses marques et trouver sa place petit à petit. C’est un groupe assez nouveau. Il y a quand même des filles comme Sarah (Michel Boury) ou Alicia (Chery) qui ont l’habitude d’être là.
« L’Euro, c’était une compétition de transition »
On parle souvent de la nouvelle génération qui n’a pas froid aux yeux, qui peut s’imposer tout de suite et on a l’impression que c’est particulièrement vrai pour les jeunes qui arrivent dans cette équipe.
Oui on le voit. Moi j’étais pareil. C’est difficile de comparer et de dire que c’est quelque chose de nouveau. On me l’a reproché quand j’étais plus jeune. Aujourd’hui, je suis contente de les voir s’affirmer, de voir qu’elles n’ont pas froid aux yeux et qu’elles veulent aller chercher une place dès maintenant. Il faudra le prouver sur le terrain et en dehors. Il y a des joueuses qui sont là depuis un moment et qui voudront garder leur place. Il ne faut pas en faire un sujet maintenant. Ça fait un moment qu’on a des joueuses de grand talent qui veulent s’affirmer que ce soit au niveau français ou européen.
La dernière compétition avec les Bleues, c’était l’Euro. Avec un peu de recul, quelle vision avez-vous de cette 3ème place ?
L’Euro, c’était une compétition de transition. On a toujours envie de faire le meilleur résultat et d’aller chercher une médaille d’or. On a été déçues de ne pas le faire. Maintenant, faire un podium européen, ce n’est pas donné à tout le monde surtout chaque année. On a beaucoup appris notamment dans nos relations entre joueuses, dans nos relations sur le terrain. A nous de nous servir de cette expérience pour continuer à construire ce groupe et à monter pour atteindre nos objectifs. Sur le TQO, on a bien répondu par rapport à ce que l’on avait vu l’été précédent.
La préparation pour les JO va être assez longue. Y a-t-il des choses à surveiller dans la vie du groupe ?
Sincèrement, je pense qu’on a un très bon groupe de filles. Il y en a peut-être une ou deux que je connais moins. Mais toutes celles que je connais je n’ai aucun doute. C’est un groupe qui va vivre ensemble pendant de nombreuses semaines. Il y a une sélection qu’il ne faut pas oublier non plus. Il y a aussi la pression, une grosse pression liée au fait de jouer en France. Il y aura des hauts et des bas. Le staff devra gérer les moments un peu plus faibles pour continuer à grandir en tant que groupe et en tant qu’équipe.
Dans ce cadre-là, cela peut-il vous arriver d’hausser la voix ?
Ce n’est pas mon style, mais il faudra faire ce qu’il y aura à faire. S’il y a besoin et que le coach en a besoin, je serai prête à le faire. Je vais plutôt être dans le côté bienveillant, doux.
Vous projetez-vous pour la suite, pour le reste de votre carrière internationale ?
Je me projette d’abord sur cet été qui va être costaud physiquement et mentalement. Et puis après je me projetterai sur d’autres objectifs européens et mondiaux.
Propos recueillis par Tom Leray