Le FC Sochaux Montbélliard vit ses dernières heures dans le milieu du football professionnel. Après avoir épuisé quasiment tous ses recours, le club du Doubs devrait tomber en National 3, comme Strasbourg et Bastia avant lui.
La saucisse de Montbélliard ne devrait pas avoir bon goût dans les assiettes des habitants de la ville. Les supporters historiques du FC Sochaux sont sonnés par ce qu’ils viennent d’apprendre hier soir. Le tribunal administratif a rejeté le recours du club pour rester en Ligue 2. La LFP a dégainé le règlement quelques minutes plus tard pour signifier le repêchage d’Annecy en deuxième division.
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Un choc pour ce club mythique fondé en 1928 par la famille Peugeot. Sochaux était passé à deux reprises d’accéder à la Ligue 1. La fin de saison 2022-2023 se résume à une longue descente aux enfers du club jaune et bleu.
Au-delà du symbole, le FC Sochaux est l’un des derniers bastion mythique du foot français, ce club qui a la reconnaissance de toutes les écuries françaises pour la qualité de son centre de formation, longtemps un plus grands pour fournir les plus grandes sélections et clubs du Vieux Continent.
C’est en 2014 que l’aventure a commencé à devenir mauvaise pour les Sochaliens. Le désengagement de Peugeot à l’époque a condamné les espoirs d’un retour en Ligue 1.
2014 : Tavares met un stop à l’engagement de Peugeot au FCSM
Nous sommes en 2014, Peugeot se remet difficilement de la crise économique. Le premier constructeur automobile était sauvé de justesse de la faillite par l’État en 2012. L’arrivée de Carlos Tavares en 2013 symbolise le début d’une nouvelle ère pour le constructeur automobile.
PSA se sépare d’actifs qui lui mettent des battons dans les roues. À commencer par le football. Carlos Tavares se désengage du FC Sochaux en 2014, laissant le club orphelin de son fondateur. Une décision aux lourdes conséquences et qui n’a jamais été pardonnée par les supporters sochaliens.
Aujourd’hui, beaucoup considèrent que le retrait de PSA a mis le club dans les plus grandes difficultés économiques. Les Sochaliens s’interrogent sur les véritables liens qui unissent encore le club à, désormais Stellantis, dont Peugeot reste la marque numéro 1.
En 2014, Sochaux plonge en Ligue 2 mais réalise une première saison remarquable aux portes de la montée fut un temps. Avant de terminer dans le ventre mou de la Ligue 2 sous Olivier Echoufni.
2015-2023 : La valse des actionnaires chinois à Sochaux
Sochaux innove en la matière, avec l’arrivée de Ledus, groupe chinois qui ne va rester que 4 an à la tête du club. Sochaux vit l’une de ses plus sombre période depuis sa fondation en 1928. Le club stagne en milieu de tableau voir est tout proche de rétrograder en National. Il faut attendre l’arrivée d’Omar Daf en 2019 pour retrouver une stabilité.
En cette même année, le club sochalien est vendu au groupe immobilier Nenking. Entre temps. Omar Daf avait retrouvé son poste d’entraîneur principal et obtient le maintien sur un fil avec un succès contre Grenoble.
Sochaux est pourtant sous la menace d’une rétrogradation à titre conservatoire. La DNCG reproche au club du Doubs de présenter des comptes en déséquilibre.
Nenking apporte des garanties financières qui empêche Sochaux de descendre en National. S’en suit alors deux années pleines d’ambitions sportives en 2021-2022 et 2022-2023 après deux exercices sportifs précédents difficiles, qui avaient vu Sochaux terminer 14ème et 16ème.
2021-2023 : Sochaux aux portes de la Ligue 1
Le FCSM dispute sur deux saisons la montée en Ligue 1. Les pensionnaires de Bonnal offrent une 5ème place il y a deux ans et disputent les barrages d’accession. Après un succès contre le Paris FC, les Sochaliens échouent contre Auxerre aux tirs aux buts. Les Bourguignons battront ensuite Saint-Etienne pour remonter dans l’élite.
Bis repetita en 2022, Sochaux joue pendant les 2/3 du championnat la montée en Ligue 1. Le club s’effondre en fin de championnat. La cause est toute trouvée en interne : les problèmes financiers.
Sochaux entre alors dans la plus grande zone de turbulence de son histoire et la DNCG ne va pas manquer de rattraper le club de ses prochains déboires. Surtout qu’en interne les premières langues se délient.
Beaucoup reprochent au directeur général Samuel Laurent de méconnaître l’environnement du football. Lui qui n’a aucune expérience en matière de gestion de club. Pourtant, le Directeur du club affirmait avoir déjà travaillé sur l’effectif de la saison 2023-2024 sans évoquer le National pour le club de Bonnal.
Juillet 2023 : Sochaux condamné, l’espoir tardif de Romain Peugeot
C’est la dégringolade qui se poursuit pour le club fondé en 1928. Sochaux est rétrogradé à titre conservatoire en National 1. L’actionnaire Nenking en grande difficulté financière cherche à vendre le club.
Sochaux est dans l’obligation de trouver 12 millions d’euros sous peine d’évoluer en N1. Très vite, le club se retrouve dans une impasse et Nenking n’a plus les moyens de mettre de l’argent dans le club. Bien que Samuel Laurent est promis aux supporters que les 22 millions d’euros avaient été obtenus. Le 11 juillet c’est la fin du rêve/ Sochaux est au bord de la faillite et risque le dépôt de bilan.
Il faut attendre les communications de Romain Peugeot, arrière petit-fils du fondateur de la marque au Lion pour tenter un dernier coup. L’espoir renaît dans la ville.
L’industriel parvient à réunir 8,5 millions d’euros et obtient la garantit de Nenking de fournir les 4 millions d’euros restants. Un dernier espoir qui sera vite douché par les instances judiciaires françaises.
Le CNOSF et le tribunal administratif déboutent Sochaux
Le club saisi le CNOSF qui donne malheureusement un avis défavorable pour le maintien du club en Ligue 2. La conciliatrice reproche trop d’éléments nouveaux pour repasser l’examen financier.
Sochaux tente un dernier coup avec la saisine en urgence du tribunal administratif. L’instance judiciaire décide de refuser l’examen du dossier sochalien. En conséquence, Annecy est repêché.
La question : pourquoi Romain Peugeot n’est-il intervenu que fin juillet ?
L’histoire aurait été belle. Un membre de la famille Peugeot à la rescousse du club qui reste un patrimoine de la famille. Romain Peugeot a toujours voulu aider son club de coeur.
Il est bien connu des supporters puisqu’il a partagé de nombreux matchs avec eux. Romain Peugeot était l’homme parfait pour donner un nouveau relief au FCSM. Cependant, son soutien tardif à l’opération pose beaucoup de questions. En réalité, les réponses sont assez simples.
D’abord, Nenking aurait masqué les difficultés auprès de tous les acteurs du club. Selon plusieurs supporters et membres du club, Nenking aurait tardé à lâcher la main sur le club. Ce qui a repoussé à la mi-juillet toute tentative de changement d’actionnaire.
Parce que Romain Peugeot a consulté de nombreux investisseurs pour combler le manque à gagner. Sochaux devait trouver 12 millions sous quelques jours. La Ligue 2 reprend ce vendredi 4 août au soir.
Romain Peugeot avait également fixé une condition sine qua non : rester en Ligue 2 pour reprendre les rennes du club. Il ne souhait pas prendre le club en National. Trop tard pour lui et Sochaux, une occasion manquée pour Peugeot de revenir par la grande porte.
La DNCG est-elle fautive sur la situation de Sochaux ?
Le grand acteur du contrôle des finances des clubs de Ligue 1 a torpillé de nombreux clubs de Ligue 1 jusqu’au National. Le gendarme financier du football a pour la première fois encadré la masse salariale de l’OL et son mercato. Provoquant la colère de John Textor.
Dans le dossier sochalien, la DNCG avait déjà mis un véto au maintien de Sochaux en 2019. Pourquoi alors, la DNCG n’a pas réitérée ses menaces sur les saisons suivantes ? Elle qui avait accès à tous les détails sur les comptes des pensionnaires du stade Bonnal ?
Beaucoup se demandent si en janvier 2023, un signalement de la DNCG n’aurait pas créée l’onde de choc nécessaire pour changer d’actionnaire à Sochaux et avoir le temps de se préparer. Désormais, c’est la N3 qui attend le club de 90 ans d’âge.
Sochaux peut-il vraiment s’en sortir en N3 ?
C’est toute la question. Après le retrait de Romain Peugeot qui ne comptait pas repartir en National. Le FC Sochaux se dirige vers la perte de son statut professionnel et la menace d’une centaine d’emplois perdus.
Mais le club du Doubs connaît deux exemples qui ont réussi leur résurrection. Il s’agit de Strasbourg, puis de Bastia, désormais respectivement en Ligue 1 et Ligue 2. Reste à savoir qui voudra du FC Sochaux-Montbéliard dans les semaines à venir. Dans les deux cas, la force des clubs a été de trouver des ressources, essentiellement régionales, pour repartir de l’avant. Avec le résultat que l’on sait.
Tout est à reconstruire mais les outils sont disponibles pour permettre au club mythique de se reconstruire avec le temps et un nouvel actionnariat. Sochaux n’a que très peu de temps pour se remettre à l’endroit et c’est le plus dommage. Lâché par PSA, Sochaux n’a que lui-même pour se refaire.