samedi 14 décembre 2024

Manon Houette (Chambray) : « J’ai toujours envie d’être la meilleure ! »

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Eric Mendes
Eric Mendes
Journaliste

A 30 ans, Manon Houette continue de se donner à 100%. Désormais sous le maillot de Chambray et après avoir connu une année 2022 riche, l’ailière gauche veut d’abord se focaliser sur son travail au quotidien sans pour autant faire de Paris 2024 une fixation. Entretien réalisé par Handball Magazine et Le Quotidien du Sport.

Comment allez-vous ?

Pas de bobos à mi-saison. Un bon bilan. Tout va bien. L’objectif du club est d’être européen à la fin de saison. Les cinq premiers de la LFH seront européens. Pour le moment, on est ce qu’on s’est dit (4ème à l’issue des matches aller, Ndlr).

Sentez-vous qu’il y a une progression du niveau dans le championnat de France qui voit toujours Metz et Brest devant, mais des équipes comme Paris ou Nantes qui souhaitent grandir ?

Metz et Brest sont encore au-dessus mais, derrière, il y a un vrai deuxième championnat qui se joue avec ces équipes-là. On espère être plus du niveau de Paris, Nantes, Besançon ou Dijon. Mais le championnat est tellement dense. Brest a été capable de perdre à Saint-Amand. Donc il faut être toujours à fond.

J’espère que l’on va trouver une certaine homogénéité et que, progressivement, cela va perdurer. Malheureusement, il y a eu quelques clubs aussi qui ont été en difficulté comme Fleury ou Bourg-de-Péage qui n’ont pas pu rester dans les clous. On a perdu Mérignac qui est en bas du classement, mais qui est capable de mettre en difficulté tout le monde. C’est ça qui est intéressant. Ça n’existe nulle part ailleurs.

Sentez-vous que les villes qui se passionnaient pour le handball féminin auront du mal à survivre dans les années à venir, sans un réel projet solide ? Faut-il que ça passe par les grandes villes obligatoirement ?

On est Chambray-les-Tours. Je ne suis pas sûre que les grandes villes soient la solution. Toutes les équipes qui sont implantées dans les grandes villes ont aussi énormément de mal à se développer. Le handball féminin est rarement la priorité. Ce n’est pas une question de ville. Les clubs qui ont connu des problèmes sont des clubs qui sont montés haut. Avec Fleury, on a connu la Ligue des Champions. Bourg-de-Péage était 4ème l’an passé. Ce sont des clubs qui ont cartonné, mais qui ont cartonné trop vite.

Dans la construction, il faut aller doucement. Dès qu’on s’emballe, ça ne tient pas. C’est ce qui se passe à Chambray. C’est un club qui monte petit à petit. Chaque année, il est meilleur. Il essaie d’être hyper prudent financièrement. Espérons que tous les clubs tiennent maintenant.

« Je n’ai pas envie de me projeter sur paris 2024… »

Sentez-vous qu’il y a quelque chose qui se passe à Chambray ?

On a un bon effectif. Le staff vit sa première année en D1. Il s’en sort plutôt bien. C’est moins flagrant qu’à Fleury ou à Bourg-de-Péage. Ça va moins vite. Avec Fleury, on était relégable. L’année d’après, on jouait le titre. BDP, l’année d’avant, elles étaient 8èmes. L’an passé, on bat Brest pour être 4ème. Ici, ça avance petit à petit. Ça met des choses en place pour progresser. En tant que joueuses, on veut toujours que ça aille vite, mais les dirigeants savent avancer calmement et sereinement.

Le club profite-t-il de votre expérience du haut niveau pour grandir ?

Si on me sollicite, j’essais d’aider et de dire à quoi ça ressemble les équipes un peu plus hautes. Ce sont encore des grands clubs qui performent aujourd’hui comme Metz ou Thüringen. Tu ne peux pas te créer une histoire par rapport à eux et des sous. Tu fais avec les moyens que tu as. Chambray se débrouille bien avec des résultats qui sont au rendez-vous.

Cette année 2022 a été riche en émotions pour vous que ce soit avec Bourgde-Péage et votre retour en équipe de France. Comment la qualifierez-vous ?

C’est toujours comme ça pour moi (sourire). J’ai eu des opportunités, mais je me l’ai suis créées. C’est assez fatiguant. Ce sont les montagnes russes. J’espère que 2023 sera pareil. Ma manière de vivre tourne autour de cela. Le but étant de vivre un maximum d’émotions. Je veux vivre les expériences à fond ; Je n’ai pas 10 ans de carrière devant moi. Je n’ai pas la volonté de pousser celle-ci jusqu’à ce que je ne puisse plus.

Au moment de votre retour avec les Bleues, vous parliez de bonus. Pourquoi ?

Je ne me voyais pas me projeter. A chaque fois que je me projetais, je finissais par me péter la gueule. Oui, il y a Paris 2024, mais c’est dans un an et demi. Je ne sais même pas comment va se passer mon prochain entraînement. C’est ça la vérité. On n’est pas des sports de temps. Ce n’est pas parce que je vais faire 1m10 que je serai sélectionnée. C’est un sélectionneur qui va décider de ma présence ou non. Je ne peux pas me projeter. C’est ta performance qui va décider. Mais c’est aussi l’humain et la concurrence.

Ce n’est pas parce que certaines sont en tribune qu’elles ne sont pas fortes. J’ai construit ma carrière avec l’idée d’être la meilleure et cela ne change pas. J’ai toujours envie de faire la différence. J’ai toujours envie de scorer et de faire des choses qui sortent de l’ordinaire. Je veux prendre du plaisir tous les jours pour viser le plus haut possible. Il n’y a rien de fixe.

Mais le fait de recevoir le trophée de la meilleure joueuse du mois de décembre confirme bien l’idée qu’il faut compter sur vous…

Evidemment. Je le sais ; Je fais mon job tous les jours. Je me donne à 3000% pour l’équipe sur le terrain. Après, ce genre de trophée permet de refaire parler de moi. Mais je reste la même joueuse. Je continue de faire mon chemin. L’an passé, je suis contente d’arriver dans un club qui termine 4ème sans les 18 points de pénalité. Cette année, Chambray est 4ème après avoir été 6ème l’an passé. Mon objectif est toujours d’apporter un meilleur classement. C’est le cas partout où je passe.

Les JO 2024 ne sont-ils pas dans un coin de votre tête ?

Ça n’a aucun sens d’y croire. Ça n’a pas d’intérêt dans faire un objectif final. Du coup, si cela n’arrive pas, je fais quoi ? L’objectif est quotidien avec mon club et ma volonté d’être la meilleure. C’est sûr que je n’y serai pas sans être performante sur le terrain. Personne ne se projette aussi loin dans la vraie vie. Il y a une chance que ça n’arrive pas. Si je veux augmenter le pourcentage de chances, je dois me donner à fond. C’est tout.

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