Au creux de la vague en 2021, de retour en fin d’année 2022, la révélation du Tour de France 2020, vainqueur de la Flèche Wallonne à 22 ans, sera de retour à son meilleur niveau en 2023. Au service de Pogacar, Marc Hirschi et prêt à aller chercher son premier Monument.
Marc Hirschi : de BMC development a Sunweb
Jusqu’à ses 19 ans, le Bernois touche à tout, débutant en VTT, ajoutant ensuite la route, puis la piste et le cyclo-cross à son bagage tout terrain. Champion de Suisse juniors sur route en 2015, mais aussi champion du monde juniors de l’américaine en 2016, il est le premier coureur à être champion d’Europe et du monde sur route espoirs en 2018.
C’est donc en 2017 qu’il bifurque définitivement vers une carrière sur route en rejoignant la formation BMC Development, la réserve de l’équipe américano-polonaise de World Tour, BMC Racing, qui deviendra CCC Team avant de disparaitre en 2020. Entre temps, Hirschi est passé chez Sunweb, en 2018, toujours dans la Development Team pour s’affirmer comme un des meilleurs rouleurs du monde, terminant 2ème du Tour d’Alsace, après avoir gagné le Tour du Jura en 2017, ses deux premières performances notables chez les « grands ».
A 21 ans, il peut passer pro chez Sunweb, sans complexes et bien déterminé à marcher sur les traces de son voisin à Ittigen, son idole de jeunesse, devenu son agent, Fabian Cancellara.
Ses débuts pros : Le Pays Basque, ça le gagne…
C’est dans le Pays basque que le Suisse ne tarde pas à confirmer chez les pros, dès sa première saison, un talent largement démontré chez les espoirs. Deux fois dans le top 5 sur deux étapes du Tour du Pays basque, sa 3ème place dans la Classique de Saint Sébastien, premier podium sur une course Word Tour, à moins de 21 ans, le met immédiatement en pleine lumière.
La suite est du même acabit avec une 6ème place au Tour d’Allemagne, avec le maillot de meilleur jeune sur les épaules, et une 5ème place dans le BinckBank Tour. Sa 27ème place pour ses premiers Mondiaux en 2019 conclue une première année plus que prometteuse, la seconde s’avèrera explosive !
Son éclosion : proche d’un doublé historique
Son premier Tour de France, son premier grand Tour également, en pleine pandémie, est aussi celui de son explosion. Vainqueur de la 12ème étape, 2ème de la 2ème étape, 3ème lors d’une 9ème étape au cours de laquelle il reste échappé pendant près de 100 km avant d’être repris sur le fil, Hirschi est récompensé de son état d’esprit en remportant le prix de la combativité.
Dans la foulée, il accroche un podium (3ème) aux Mondiaux d’Imola en Italie derrière Alaphilippe et Van Aert, puis remporte sa première grande classique, la Flèche Wallonne, devenant à 22 ans le plus jeune vainqueur de la mythique ardennaise (depuis De Meersman en 1936), premier coureur depuis Eddy Merckx en 1967 à s’y imposer dès sa première participation.
Et de manquer d’un cheveu (gêné dans le sprint par Alaphilippe, il laisse la victoire à Roglic) un doublé qui eut été historique, il termine 2ème de Liège-Bastogne-Liège, son premier podium sur un Monument. A peine deux ans après avoir intégré le Word Tour, le voilà déjà parmi les meilleurs du peloton.
Son coup d’arrêt : reculer pour mieux sauter !
Passé en janvier 2021 chez UAE Team Emirates à la surprise générale, et en raison d’un désaccord profond avec le staff de Sunweb (devenu DSM), Marc subit le premier contre-coup de son entrée fracassante dans le haut du peloton.
Une opération des dents de sagesse, une hanche droite récalcitrante, une chute sur le Tour de France l’empêchent de s’exprimer vraiment, sa 25ème place lors des JO de Tokyo, son abandon lors du Mondial dans les Flandres témoignent d’une réelle souffrance qui l’oblige à se faire opérer d’une hanche en décembre 2021.
De retour au printemps pour les Ardennaises, il ne fait qu’illusion en terminant dans le top 10 de Liège-Bastogne-Liège et de l’Amstel Gold Race. Positif à la Covid avant le départ du Tour de Suisse, il bénéficie du forfait pour les mêmes raisons de son coéquipier Matteo Trentin pour participer à son troisième Tour de France, sans jamais pouvoir tirer son épingle du jeu.
En renonçant aux Mondiaux australiens en septembre, il accepte de faire un pas en arrière pour mieux préparer la fin de sa saison et la suite de sa carrière. Sa victoire dans le Tour de Toscane (une de ses quatre victoires de la saison) et la grosse impression laissée lors du Tour de Lombardie, au service de son coéquipier et vainqueur, Pogacar, laisse à penser qu’on n’est plus très loin de revoir le vrai Hirschi. En 2023, il n’aura que 25 ans et déjà l’expérience d’un coureur capable de gérer ses hauts comme ses bas…
Tom Boissy