samedi 2 novembre 2024

Méline Nocandy (Paris 92) : « Ma blessure m’a ouvert les yeux »

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Jean-Marc Azzola
Jean-Marc Azzola
Journaliste

Repartie au combat après sa grave blessure au genou gauche, Méline Nocandy la demi-centre internationale du Paris 92 explique comment elle a retiré du positif face à ce coup d’arrêt. Entretien pour Handball magazine et Le Quotidien Du Sport.

Comment s’est passé votre retour sur les terrains après votre grave blessure au genou survenue en septembre 2022 contre Plan-de-Cuques ?

Bien. J’étais prête à reprendre et heureuse de refaire mon métier. Mon club ne m’a ni pressée ni stressée. J’ai bien été entourée. J’étais très heureuse de reprendre. J’ai repris le handball en mai ; Pour y disputer le dernier match de l’équipe. J’ai bien redémarré avec une préparation.

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Que vous a appris cette période d’inactivité sur vous-même ?

Je ne dirai pas que cela m’a rendu plus forte, mais cela m’a ouvert les yeux sur la vie et ses valeurs. Parfois je me plaignais pour des choses futiles. Je me suis rendue dans un centre de rééducation, mais pas pour des sportifs. J’ai alors rencontré des gens que je n’avais pas l’habitude de voir.

Quand j’ai remarqué quelqu’un à qui il manquait un pied et qui était appareillé pour pouvoir marcher, ou un autre avec un bras en moins, je me suis dit que ma vie était belle. Je n’ai que les croisés et je vais pouvoir courir à nouveau. Je n’ai aucun problème dans la vie alors que ces gens-là arrivent en centre de rééducation et ont le sourire chaque matin. Depuis, je ne me suis jamais plainte car cela ne vaut pas le coup. Il y a beaucoup plus grave dans la vie…

Marie-José Pérec en soutien de Nocandy

Pendant cette période, avez-vous reçu des messages de réconfort de sportifs de haut niveau ?

De Marie-José Pérec notamment. Mais aussi de la part de toutes mes anciennes équipières de Metz. Elles ont été très bienveillantes. J’ai vraiment eu un super entourage. C’est aussi la première fois que j’ai reçu autant d’amour. Bien plus que quand je ramenais des médailles !

Vous avez une forte admiration pour Teddy Riner. Cela vient d’où ?

Déjà il est Guadeloupéen (sourire). Ensuite, il vient de la Basse-Terre. Moi-aussi. Je ne connais pas beaucoup d’athlètes qui en viennent. Certains disent souvent que les gens de la Basse-Terre sont différents de ceux de la Grande-Terre. Son oncle est aussi un ami de mon père.

Il m’a également offert son livre. Teddy reste une icône. Je suis fan pour tout ce qu’il a fait. Quand je l’ai vu, je me suis sentie comme une enfant, j’ai failli pleurer. Il m’a parlé créole comme si je le connaissais depuis toujours. C’est quelqu’un de très simple.

A l’approche des Jeux et après cette blessure, vous devez avoir les crocs !

Ma blessure a été une chance dans le sens où elle est survenue tôt. Je me souviens quand Orlane Kanor s’est gravement blessée au tendon d’Achille, c’était horrible. Ma blessure m’a rendu encore plus vigilante. Sur le terrain, j’accepte moins de recevoir des mauvais coups. Avant, je ne faisais pas autant attention à cette mise en danger. Désormais, c’est différent. Cela m’a rendu encore plus professionnelle dans ma récupération, dans la musculation. Je me dis que si je reçois un coup, je dois tenir.

« Ma blessure m’a rendue encore plus professionnelle »

La difficulté d’être à nouveau championne olympique, cette fois en France, sera-t-elle une tâche encore plus compliquée que de l’avoir été à Tokyo ?

Je ne pense pas. Nous restons l’équipe de France ! On est une équipe qui monte souvent sur les podiums. On est aussi une équipe que les autres craignent. Après, il est clair, que chez elle, tout le monde va vouloir taper l’équipe de France. Cela va commencer dès le Mondial. Nos adversaires vont nous lancer des messages forts. Je ne veux même pas penser qu’on est championnes olympiques en titre. Nous sommes à la maison. On va être dans un autre mood, dans une autre atmosphère. On va disputer la compétition d’une vie.

Pensez-vous pouvoir changer le visage des Bleues et même du Paris 92 par votre façon de jouer ?

Je viens de Metz. J’ai toujours pensé que personne n’est irremplaçable. Si je fais du handball, c’est pour que mon équipe brille. Je ne crois pas que quelqu’un puisse tout faire tout seul. Une compétition surtout comme celles qui se profilent c’est très long. Sur un match, quelqu’un peut briller, quelqu’un d’autre sur un autre. C’est une bonne chose car ainsi les adversaires ne se focalisent pas que sur une seule personne. Lors des Jeux Olympiques précédents, deux ou trois filles étaient au sommet de leur art. Mais, en fait, toute l’équipe était performante.

Méline Nocandy la Mbappé du hand féminin

Pourtant, on vous surnomme la Mbappé du handball féminin…

(rires) Cela vient de Yacine (Messaoudi, le coach de Paris 92, Ndlr). Peut-être que cela vient du fait que j’ai un jeu atypique. Cela sort de l’ordinaire. Mais je n’ai pas le Ballon d’Or non plus (rires).

Votre explosivité, votre jeu atypique et votre combativité, avez-vous développé ces atouts quand vous jouiez, petite, contre les garçons en Guadeloupe ?

C’est exactement cela ! J’adore le hand, mais quand je fais des choses qui ne ressemblent pas à du hand, cela me plaît. Personne ne s’attend à cela. Je ne le fais même pas exprès. Parfois on me demande de revoir la vidéo sur certains de mes gestes. Et je m’interroge sur le moment quand j’ai pu les faire. J’aime beaucoup être différente et j’accepte de l’être.

J’ai toujours refusé de ressembler aux autres. Maintenant que ça marche, j’ai pu avoir mon identité. Je reste moi-même Méline Nocandy. Tant que c’est accepté et que je peux jouer au plus haut niveau ainsi, cela constitue ma plus grande fierté.

Comment vivez-vous votre notoriété ?

Je suis une personne très simple. Si je peux être dans mon coin, c’est très bien. Cependant, j’aime beaucoup aussi être dans le partage et donner de ma petite expérience.

Vous êtes aussi la marraine de l’association Ela.

Absolument. Ce genre d’action me rappelle les valeurs de la vie. C’est important à mes yeux.

Le sommeil et la nutrition sont-ils deux facteurs essentiels dans le cours de votre carrière ?

J’adore manger et je mange tout le temps. J’adore dormir et je dors jusqu’à pas d’heure. L’autre jour, je me suis réveillée presque à l’heure du match. Je suis comme cela. Pour mes proches, quand on leur dit Méline Nocandy, c’est manger et dormir (rires).

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