Cible d’insultes racistes sur les réseaux sociaux et suspendu par la commission de discipline de l’UCI jusqu’au 7 juin suite à son sprint houleux sur Cholet-Pays de Loire, le sprinteur Nacer Bouhanni de la formation bretonne espère s’illustrer sur la Grande Boucle à laquelle il n’a plus participé depuis 2017. Nous l’avons rencontré quelques temps avant le départ de Brest.
Comment jugez-vous votre première partie de saison ?
Ça allait. Ma condition physique était plutôt bonne. Je me sentais bien. Mais je ne suis pas parvenu à gagner. J’ai tourné autour de la victoire. J’ai accumulé pas mal de 2ème et 3ème places sur des sprints massifs. Je suis dans l’attente d’en gagner une belle ! C’est l’objectif sur la deuxième partie de saison. Renouer avec la victoire en 2021.
Le réaliser sur le Tour de France serait le plus bel endroit, non ?
C’est certain ! A choisir, mieux vaut le faire sur le Tour de France !
Dans ce cas, vous rentreriez dans le cercle fermé des coureurs qui ont remporté des étapes sur les trois grands Tours…
C’est un beau challenge. J’espère être en bonne forme et monter en puissance progressivement.
« Avec ce départ de Bretagne, ce devrait être une belle fête pour l’équipe »
Le Tour de France, avec un départ donné à Brest (le 26 juin), va être un moment spécial pour Arkéa Samsic qui est une équipe bretonne.
Ce devrait être une belle fête pour l’équipe effectivement. On espère collectivement enregistrer les meilleurs résultats possibles. Aller chercher au moins une victoire d’étape serait beau. Ce serait un beau Tour de France réalisé par l’équipe.
Vous ne pensez pas Nairo Quintana capable de gagner le Tour…
Il sera là pour le général, Warren (Barguil) en chasseur d’étapes et moi dans les sprints. Après, ce n’est pas moi qui décide des rôles dans l’équipe. Mais de là à dire que Nairo gagnera, il y a quand même de très grands coureurs en face.
C’est votre deuxième saison chez Arkéa Samsic, comment vous sentez-vous dans cette équipe ?
Je m’y sens bien. On a vraiment une belle équipe. Les choses se mettent en place petit à petit. Cela fait un peu plus d’un an et demi que j’y suis. Il y a encore des automatismes à peaufiner pour les sprints. Cela ne se fait pas du jour au lendemain. Il y a de très bons coureurs dans l’équipe. C’est positif pour la suite.
Aimeriez-vous continuer avec cette formation ?
Pour l’instant, je suis en discussions (il est en fin de contrat, Ndlr). Prolonger ? Pourquoi pas. Je me sens bien dans l’équipe.
Vous êtes-vous senti soutenu par l’équipe après ce que vous avez traversé avec la déferlante d’insultes sur les réseaux sociaux ?
C’est certain. Après je ne suis pas quelqu’un qui a attendu d’être soutenu non plus. Je ne recherchais pas le soutien. Mais il m’a fait du bien, notamment venant des personnes n’appartenant pas au monde du cyclisme.
Nacer Bouhanni se sent bien à Arkéa Samsic
Ce qui s’est passé peut-il être de nature à décupler votre rage sur le Tour ?
Je ne suis pas dans une situation où je doive me justifier envers qui que ce soit. Je fais mon métier du mieux que je peux, je suis un compétiteur. Mais ce qui s’est passé n’a rien à voir avec le milieu sportif. Ces gens-là n’ont rien à voir avec le sport pour raconter de telles conneries.
Insulter comme cela par le biais d’internet, derrière un ordinateur, c’est de la lâcheté pure. Ils se cachent derrière des pseudos. On ne m’a jamais dit de telles choses en face. Pourtant, ce n’est pas dif ficile de me trouver… On sait notamment les courses sur lesquelles je suis. Je ne comprends pas qu’on puisse avoir une parole libre comme cela en étant anonyme. Ce n’est pas normal.
C’est comme un permis de conduire. Quand on l’obtient, on est identifié. Ce devrait être pareil sur les réseaux sociaux. Certains ont pris plaisir à se défouler après mon sprint sur Cholet-Pays de Loire. Il y a tellement de choses que je ne comprends pas. Je suis un sportif. Je suis là pour faire du vélo.
Pouvez-vous revenir sur ce sprint final Cholet-Pays de Loire (qui lui a valu une suspension jusqu’au 7 juin, Ndlr) ?
Que j’ai pu commettre une faute, je l’entends. Mais je n’ai jamais voulu nuire volontairement à quelque adversaire ou faire du mal intentionnellement à qui que ce soit. C’est terrible que certains pensent que j’ai pu vouloir me jeter dans les barrières volontairement. Je commets la faute de changer de ligne, certes. Je me retrouve déséquilibré, je me rattrape comme je peux pour ne pas chuter. Mais c’était instinctif.
Nacer Bouhanni veut se racheter sur le TDF. Toute l’actu d’Arkea dans votre mag Le Sport.