PAR HUGO LE VAY, A SAN ANTONIO
Alors qu’on arrive bientôt au quart de la saison NBA, les Spurs de Victor Wembanyama affichent un bilan de 10 victoires pour 9 défaites. Une progression immense par rapport à la saison dernière, qui laisse penser que San Antonio pourrait se qualifier en playoffs.
Les Spurs de Victor Wembanyama pourraient-ils se qualifier en playoffs dès cette saison ? Bien qu’il soit encore tôt pour se prononcer, plusieurs indicateurs suggèrent que San Antonio pourrait y parvenir, alors que cela paraissait impossible en début de saison. Les joueurs et l’ensemble du staff des Spurs, notamment l’entraîneur intérimaire Mitch Johnson (à la tête de l’équipe pendant l’absence de Gregg Popovich), sont unanimes : l’objectif est d’atteindre les playoffs.
Les Spurs affichent un bilan de dix victoires et neuf défaites, dont quatre succès lors des cinq derniers matches, après la défaite de mardi soir contre les Lakers de Los Angeles (119-101). C’est largement mieux que la saison dernière à la même période (6-13). « On croit vraiment en notre capacité à se frayer un chemin jusqu’en playoffs », déclarait le rookie Stephon Castle après la victoire des Spurs contre les Warriors samedi dernier (104-94). Pour le moment, difficile de lui donner tort.
Une équipe plus compétitive
Mais au-delà du bilan, qu’est-ce qui a véritablement changé à San Antonio ? Et bien déjà, les Spurs jouent mieux, tout simplement. Si Victor Wembanyama était déjà l’un des meilleurs défenseurs de la NBA la saison dernière (deuxième des votes pour le titre de défenseur de l’année), c’est la défense collective qui n’était pas bonne. Cette année, la tendance s’est inversée. « Wemby » est toujours un pilier défensif extraordinaire, et la défense des Spurs autour de lui semble métamorphosée. C’est simple, les Texans possèdent la dixième meilleure défense de la ligue, alors qu’ils étaient seulement 21e l’année passée.
Cette progression statistique, les Spurs en sont conscients, Victor Wembanyama le premier. « Au-delà des résultats des matches, on observe avec les coaches des statistiques avancées par rapport au reste de la Ligue. Notre progression est factuelle », remarque le Français. Et quand on lui demande si atteindre les playoffs semble un objectif à la portée de son équipe, aucune hésitation. « Bien sûr que c’est réaliste », a-t-il insisté.
Une gestion des matches différente
Mais le plus gros changement par rapport à la saison dernière réside surtout dans l’approche et la gestion des fins de matches. L’année dernière, les Spurs ont géré minutieusement le temps de jeu de Victor Wembanyama, qui était limité à moins de 30 minutes par match, afin de réduire le risque de blessure, quitte à faire l’impasse sur la victoire. Aujourd’hui, tout est différent. Lorsqu’un match est serré, même si « Wemby » a dépassé la trentaine de minutes de jeu, pas question de le faire sortir. Contre les Lakers mardi soir, il a fallu que Los Angeles prenne 19 points d’avance à trois minutes de la fin du match pour que Mitch Johnson rappelle sa star sur le banc, avec 33 minutes au compteur, alors même qu’il en avait joué 37 la veille contre Utah (victoire 128-115).
Plus parlant encore, lors de la victoire contre les Warriors, Wembanyama devait être en restriction de temps de jeu, étant donné qu’il faisait son retour de blessure. Avant le match, son entraineur avait déclaré sur le ton de l’humour « qu’il ne jouera sûrement pas 38 minutes ». Finalement, le Français est resté sur le parquet presque tout le quatrième quart-temps, pour assurer la victoire des siens, et la barre des 30 minutes de temps de jeu a été largement dépassée. Un véritable signe de la volonté de gagner à San Antonio.
Les Spurs ont-ils raison d’y croire ?
Au début de la saison, personne n’aurait misé sur San Antonio pour une qualification en playoffs. Après avoir terminé derniers de la conférence Ouest l’année dernière avec un bilan de 22 victoires pour 60 défaites, les discours commencent à changer, et certains, les Spurs en tête, y croient sérieusement. Mais attention, la tâche reste très compliquée.
Actuellement 10e à l’Ouest, Victor Wembanyama et ses coéquipiers évoluent dans la conférence la plus relevée de la NBA. À titre de comparaison, avec leur bilan actuel (10-9), les Texans seraient cinquièmes s’ils évoluaient à l’Est. Il est difficile d’imaginer San Antonio se qualifier autrement que par le play-in (phase préliminaire pour décider des dernières places en playoffs dans chaque conférence), dont le 10e est le dernier participant.
L’effectif n’est pas non plus épargné par les blessures. Devin Vassell, lieutenant de Wembanyama, n’a joué que cinq matches cette saison malgré son retour contre les Lakers mardi soir, et ses pépins physiques semblent récurrents. Jeremy Sochan, l’autre bras droit de « Wemby », est toujours blessé au pouce (retour prévu début décembre) et n’a disputé que sept rencontres. Pour espérer atteindre les playoffs, les Spurs auront besoin de leurs joueurs majeurs en bonne santé.
Même si l’équipe fonctionne sans Sochan et Vassell, Victor Wembanyama ne peut pas porter la responsabilité seul indéfiniment. Les autres joueurs sont remarquables, mais Chris Paul est vieillissant (39 ans) et Stephon Castle, malgré une impressionnante maturité pour ses 20 ans, reste un rookie. Sans oublier que cette saison est particulière pour San Antonio : Gregg Popovich, victime d’un AVC le 2 novembre dernier, est toujours absent, et son retour sur le banc semble peu probable dans un avenir proche. C’est une perte considérable pour la franchise, lui qui en est le chef d’orchestre depuis trois décennies.
Même si la route est encore longue, les Spurs semblent tous croire qu’une qualification en playoffs est possible cette saison. Pour cela, il faudra garder la même régularité défensive et surtout que l’équipe soit épargnée par les blessures. Après trois jours sans match pour Thanksgiving, « Wemby » et sa bande retrouveront dimanche soir les Kings de Sacramento, une équipe qu’ils avaient déjà vaincue le 11 novembre dernier (116-96). Victor Wembanyama s’était alors illustré avec 34 points.