Même si, depuis qu’il a rejoint l’OM, il ne l’assume pas facilement, c’est bien au PSG que Mattéo Guendouzi a débuté le football. Avant de s’envoler vers Lorient, de 6 à 15 ans, en leader d’une génération 1999 que Sébastien Thierry, son coach, n’a pas oublié.
Cachez ces origines que je ne saurais voir… En refusant de poser avec le maillot de son premier club, le PSG, comme tous ses coéquipiers de l’équipe de France l’ont fait sans problème cet hiver en marge de la Coupe du monde, c’est un peu comme si Mattéo reniait ses premières émotions de footeux en herbe (voir encadré ci-contre).
Car c’est bien au PSG, de 2005 à 2014, entre 6 et 15 ans, que l’actuel marseillais a fait ses premiers pas dans le football. Né à Poissy, habitant à Saint-Germain-en-Laye, le PSG était une évidence pour ses parents.
Au PSG dès l’âge de 6 ans pour Guendouzi
Trop jeune pour prendre une licence lors de sa première visite, il a dû attendre ses 6 ans révolus pour intégrer l’école de foot parisienne en cours de saison. Et d’y effectuer toute sa pré-formation avec une génération 1999 qui a plutôt bien réussi depuis à l’instar d’Antoine Bernede (prêté à Lausanne par le RB Salzbourg), Stanley Nsoki (TSG 1899 Hoffenheim), Boubakary Soumaré (Leicester), DanAxel Zagadou (Stuttgart) ou le plus âgé (d’une année !) Odsonne Edouard (Crystal Palace).
Formateur pendant 30 ans au PSG, même s’il en a vu passer énormément, il ne faut pas creuser longtemps avec Sébastien Thierry pour qu’il déterre les souvenirs d’une génération qui avait en commun « un mental hors norme. On sentait qu’ils étaient là pour y arriver. Dès leur plus jeune âge, ils avaient tous un objectif de carrière bien déterminé. »
« Il était dans l’analyse permanente, la compréhension. Quand ça n’allait pas, il voulait des réponses »
Parmi eux, Mattéo « avait un foncier exceptionnel, car il le travaillait beaucoup en dehors du club, mais son manque de vitesse et de puissance l’ont d’abord freiné. Sans son mental, il n’y serait pas arrivé. » Face à des coéquipiers très doués techniquement, toniques et armés pour résister physiquement à des adversaires plus âgés, car ils évoluaient tous dans la catégorie au-dessus de la leur, Guendouzi n’avait d’autre arme que celle de son esprit pour rester au contact.
« Il était incroyable car il se lançait en permanence des défis à atteindre, poursuit son ancien coach, parfois un peu présomptueux, mais qui lui permettaient d’avancer : jouer à tel poste, avec telle équipe, avoir tant de sélections, etc. Et quand il n’y arrivait pas, quand il ne jouait pas aussi souvent qu’il le souhaitait, il venait tout le temps demander des explications, savoir comment faire pour s’améliorer. II voulait des réponses. Il était dans l’analyse permanente, la compréhension. S’il a progressé plus vite et réussi à compenser ses lacunes, c’est aussi pour ça. »
En se donnant les moyens de ses énormes ambitions, Guendouzi a tracé une route qui ne fut pas linéaire comme on pourrait le croire. « Grâce à son entourage, il a aussi pu se fixer des sous-objectifs qui lui permettaient de continuer à avancer même en cas de contre-temps, des étapes intermédiaires qui lui ont permis de rester concentré et de ne pas se disperser sous prétexte qu’il n’avait pas pu franchir un obstacle. »
Guendouzi pose sans cesse des questions à ses entraineurs
Au sein d’une génération qui n’avait aucun souci pour manier le ballon, il a passé ses neuf années de formation à tout faire pour compenser ce relatif déficit technique et cette lenteur qui questionnait ses entraîneurs. Grâce à son leadership, en s’engageant plus que les autres, en réfléchissant plus que les autres à son placement, en anticipant, en courant tout simplement plus que les autres, il a su se rendre indispensable. Sa générosité, sa capacité à reproduire des efforts, son endurance largement au-dessus de la moyenne l’ont placé sur orbite.
« Face à des joueurs plus âgés, il a dû cravacher pour les déloger. Mattéo, je peux vous dire qu’il en pris a des gifles au sens imagé du terme bien sûr, mais rien n’a été facile pour lui et ce parcours compliqué a forgé son caractère. Je le vois encore taper du poing sur une porte parce qu’il n’était pas content de lui. Ça, c’était typique du Mattéo que j’ai connu et que je retrouve aujourd’hui quand je le regarde jouer à la télé. Je vois le même profil de joueur qu’il était en U13 ou en U15. Il a forcément grandi, progressé, évolué dans tous les domaines, mais son socle fondamental est le même. »
Une carrière atypique
Son départ à Lorient est révélateur de sa motivation à jouer le plus vite possible au meilleur niveau. Il n’a jamais douté de ses capacités et ses débuts à 17 ans à Lorient ont validé son choix. « Pourtant, il n’était pas évident de quitter le PSG pour Lorient à ce moment-là, analyse Sébastien Thierry. Avec son père, ils n’ont pas eu peur de refuser des offres. »
Depuis son départ du PSG, Sébastien est resté en contact avec la famille « parce que je suis né dans la même ville que Mattéo (Poissy), que j’habite dans le même village que son papa avec qui on a souvent fait du covoiturage pour aller aux entraînements ou aux matches, parce que nos enfants respectifs se côtoient encore. » Et ça, ce lien affectif et amical qui vient de son enfance parisienne, même devant les supporteurs de l’OM, Mattéo ne le reniera jamais.
L’histoire de deux photos polémiques… : « Quand je vous dis que je suis Marseillais ! »
Après le premier Clasico remporté par l’OM depuis douze ans, en Coupe de France (2-1) au Vélodrome, le 8 février, Guendouzi a posté sur Twitter une photo de lui, enfant, portant un maillot de l’OM sur le bord de la pelouse du PSG avec ce commentaire :
« Quand je vous dis que je suis Marseillais ! » Ce jourlà, alors qu’il était encore au PSG, il faisait partie des jeunes licenciés du club à accompagner les joueurs sur le terrain. Comme il devait donner la main à un joueur du PSG, en l’occurrence Claude Makelele, on lui avait donné un maillot de l’OM, ceux accompagnant les joueurs de l’OM portant un maillot du PSG.
Ce n’est donc pas par amour du club phocéen, mais bien pour respecter le protocole d’entrée des deux équipes qu’il arborait fièrement la tunique phocéenne. A moins qu’il soit déjà supporteur de l’OM à cette époque ? « Il n’y a pas besoin d’en dire plus, commenta-t-il un peu plus tard, la photo est là, elle parle d’elle-même. » Vraiment ?
« C’est un fait établi et incontestable, il a été formé au PSG jusqu’à 15 ans »
Pour Sébastien Thierry, qui était éducateur au PSG à ce moment-là et allait voir arriver Mattéo dans sa catégorie quelques années après, « seul lui peut savoir ce qu’il avait dans la tête ! Mais une chose est sûre et certaine, lorsqu’un enfant est formé dans un club, son premier objectif est d’y réussir, d’y signer son premier contrat professionnel. Petits, ils entretiennent tous des liens charnels avec leur club, ce qui était le cas de Mattéo. Ce n’est qu’après, lorsqu’ils deviennent pros, que la relation devient plus opportuniste ! »
Plus opportuniste et plus ambigüe également en atteste son absence lors de la photo prise pendant la Coupe du monde au Qatar par tous les joueurs sélectionnés avec le maillot de leur club d’origine. Tous sauf… Mattéo !
« Dans le grand théâtre médiatique du foot pro, c’est une manière de gérer sa carrière, souligne Sébastien Thierry, de se mettre les supporteurs dans la poche, de les courtiser. Je n’en ai pas discuté avec lui, mais je pense que s’il avait été présent sur cette photo, personne à Marseille ne lui en aurait tenu rigueur. C’est un fait établi et incontestable, il a été formé au PSG jusqu’à 15 ans. »
Et quand on voit le jeune attaquant de l’OM Enzo Sternal (15 ans) obligé de s’excuser après avoir liké une photo de Mbappé après la victoire 3-0 du PSG au Vélodrome, « Je tiens à m’excuser d’avoir liké un post non approprié et réitère mes excuses envers l’ensemble des supporteurs et du club ! Je suis un joueur de ce grand club qu’est l’OM, un fan de la première heure et je donnerai tout pour ces couleurs » on peut le comprendre…