Consultant phare de beIN Sports, commentateur de la Liga, de la Ligue des Champions et prochainement de la Coupe du monde, Omar Da Fonseca, champion de France comme joueur avec le PSG en 1986 et Monaco en 1988, fait partager sa passion pour ce sport qu’il fait vivre avec emphase. La traduction aussi d’une philosophie de vie émanant d’un homme de 62 ans qui aime les gens. Entretien avec nos confrères du magazine Le Foot Magazine (Groupe Lafont Presse).
Comment avez-vous été amené à être la voix du jeu FIFA23 avec Benjamin Da Silva ?
Des sondages ont été effectués à travers quatre, cinq opérateurs. Ils ont aussi engagé des influenceurs pour poser des questions aux utilisateurs. Sans prétention, on a été élus en étant largement en avance.
Etes-vous davantage fier de votre carrière de consultant que de joueur ?
De consultant probablement. Footballeur, c’était un rêve, un désir, quelque chose que j’ai toujours voulu faire depuis que j’étais petit en Argentine. Cela a plus constitué un aboutissement. Je m’entraînais pour. J’ai pu venir jouer en France. J’ai notamment joué à Paris, à Monaco, à Toulouse. J’ai fait aussi une carrière de directeur à Saint-Etienne. Ma carrière m’a formé, m’a permis de connaître la France, de rencontrer de belles personnes. Je remercie toujours le football. Ma mère m’a donné la vie.
Le foot me l’a fait vivre d’une très belle manière. La carrière de consultant m’est arrivée par le hasard des choses et des rencontres. Charles Biétry m’a mis le pied à l’étrier. Ce n’était pas évident. Je suis étranger. Je ne parle pas superbement bien le français. J’ai un accent. Je viens d’une autre culture. Il y avait quand même quelques critères qui poussaient à penser que je n’en serais pas là.
« Mon style de commentaire est naturel »
Comment Omar Da Fonseca juge-t-il son style comme consultant ?
Il est sans retenue et naturel. J’ai vécu ainsi. Je suis issu d’une culture où le football revêt un aspect passionnel et émotionnel. Avec une beauté et une gestuelle sublimées. Je viens aussi d’une époque de radio. Je suis d’une grande famille avec onze frères et sœurs. Je me souviens que mon grand-père mettait la radio au milieu de la table. Nous nous mettions autour. On regardait la radio (sic). Beaucoup d’images étaient véhiculées et jaillissaient de l’homme qui parlait.
J’ai été nourri et alimenté par cela. J’ai donc été très vite lié au football et aux jeux. A l’école, on nous faisait faire des jeux pour apprendre les mathématiques. En Argentine, par tradition, on joue beaucoup aux échecs et aux dames. Pour moi, accompagner un match de football est la chose la plus importante de toutes les choses les moins importantes. Cela doit rester dans un cadre festif. Je vois le football comme une récréation existentielle. Et surtout pour passer un bon moment.
« Le Brésil et la France, mes deux favoris pour la coupe du monde »
Que répondez-vous à ceux qui pensent que vous en faîtes parfois trop comme lors de l’arrivée de Lionel Messi à Paris ?
(rires) J’ai un chemin de vie où je comprends tout. J’ai une tolérance et une ouverture totales. Je peux comprendre certaines réactions. Mais je suis dans une étape de ma vie où je ne veux pas retenir mes émotions. Je ne veux surtout pas être mesquin avec le sentiment. La seule chose que je ne m’autorise pas, c’est la vulgarité, l’insulte et l’agressivité. J’ai des petits-enfants et je n’aimerais pas qu’ils réagissent ainsi.
Jamais je n’emploie les termes de guerre et duel non plus. Pour revenir à Lionel Messi, ce n’était pas une conférence de presse, mais une présentation de quelqu’un qui venait à Paris. On m’a toujours dit que quand quelqu’un vient chez vous il faut savoir l’accueillir.
Il se trouve que ce Monsieur était Lionel Messi. Un magnifique et digne représentant du sport qu’on aime. Le foot me fait vivre. Je me sens dans l’obligation de faire vivre le football. Par contre, je n’ai pas le monopole de la pensée. Il n’en reste pas moins que je garde un capital de sympathie important. Je ne me prends pas pour un autre. Je suis un simple accompagnateur d’événement.
Quelles sont les grandes difficultés du métier ?
Nous sommes des privilégiés. J’ai été footballeur, dirigeant, supporteur. Dans ces vies, il y a des moments de frustration, de tristesse, d’ego. Là, je couvre des matches de Champions League. Je suis allé encore à Bernabeu récemment. Bien souvent je ne considère pas ce que je fais comme un travail. On se retrouve dans des enceintes magnifiques. On ne fait que parler de football et d’un jeu. Je veux idéaliser cela car cette occupation il faut vraiment la rendre belle. Le football doit véhiculer des valeurs que beaucoup d’êtres humains devraient avoir.
Dans toutes les sociétés, il y a des gens qui veulent prendre votre place ou qui disent que ce que vous faîtes est mal. J’ai dépassé ce cadre. Il ne me reste pas énormément de temps à vivre surtout pour réagir à des choses négatives. Personnellement, je veux continuer à passer de grands moments. La Coupe du monde approche. J’ai hâte que cela arrive.
« Je veux finir mon existence en essayant de partager le plus possible »
Avez-vous des consultants qui sont devenus des amis ?
Bien entendu et sur différentes chaînes. Au-delà de cela, j’organise des matches le lundi et le jeudi, je lave des maillots, je convoque. On est 40 mecs. La vie, c’est une relation humaine. Je n’ai pas besoin d’avoir des bijoux, des voitures. Je n’ai jamais été attiré par l’aspect matériel. Moi une tranche de saucisson, de jambon, un café… J’ai beaucoup d’amis. J’ai besoin des autres aussi et surtout de les aimer. J’ai moins besoin qu’on m’aime. Je veux finir mon existence en essayant de donner et de partager le plus possible. Je remercie la vie.
Vous avez failli racheter le FC Tours. Cela a donné quoi ?
Rien ! J’ai été plutôt déçu. Je venais surtout avec cette envie de créer quelque chose dans un lieu de vie. Un club de foot est fait pour cela. J’ai été éduqué ainsi. Enfant, j’allais dans un club où je faisais du foot, du tennis, de la pétanque, du badminton… On nageait aussi. A Tours, mes petits-enfants y habitent, ma fille, mon fils aussi. Toute ma belle-famille y est également. Au club, les installations sont quasi à l’abandon. Je ne voulais pas venir avec cette prétention de devenir président du club, mais avec quelques personnes pour mettre sur pied un plan financier.
Malheureusement, le club est en semi-faillite. Le tribunal de commerce a voulu donner dix ans pour pouvoir essayer de récupérer les choses. Le club évolue actuellement en 6ème division. Je voulais m’y employer pour les installations, pour que la jeunesse tourangelle puisse s’y épanouir. J’avais un peu cette idée utopique, ce désir d’ouvrir quelques portes à travers ce que je fais. Cela partait d’une idée simple. Mais chez l’humain il y a par contre des complexités bien plus compliquées comme les egos, les intérêts en jeu… Au niveau amateur, je pensais qu’on était épargné par tout cela. Ce n’est pas le cas.
« En Liga on va au stade en famille »
De la France ou l’Argentine qui va être champion du monde ?
Le favori reste le Brésil. Ils ont une quantité de joueurs incroyables. Ils ont les footballeurs les plus forts en attaque dans différentes variétés. Défensivement, ils sont également très présents. La France arriverait derrière eux. Je vois par contre les Argentins un peu plus éloignés. En dehors de Lionel Messi, ils n’ont pas de très, très grosses individualités. L’Albiceleste n’a pas des joueurs parmi les 20, 30 meilleurs du monde. Les Français et les Brésiliens, eux, en comptent beaucoup. Sur l’addition des individualités, on peut mettre les Argentins, avec les Allemands, les Anglais, les Espagnols…
La Liga reste-t-elle le championnat le plus fort ?
(sourire) Je ne veux pas dire absolument le meilleur. Mais en Espagne on continue à laisser un peu d’espaces comparé à ce foot industriel. Dans ce pays, on se rend au stade en famille. On y va avant pour manger les tapas. Je suis allé au Betis à Séville, à Osasuna et ailleurs. Il y a ce côté festif. Et sur le terrain la préférence est laissée et donnée à ce joueur technique, avec cette adresse et sa fantaisie.
Le contrôle du ballon continue à prévaloir comparé aux courses, aux statistiques, au physique pur. En Espagne, le football ne se court pas, il se joue. J’espère qu’ils garderont cela encore longtemps. Je reste nostalgique de ce profil de joueur technique qui nous fait allumer la télévision ou aller au stade.
Et Karim Benzema bientôt Ballon d’Or ?
Ce serait mérité. Il n’y a pas de doute. Il va l’avoir. C’est unanime. Il a fait la meilleure année. Il est devenu une icône. Il est rentré dans la tête des supporteurs. Ils se disent qu’ils aimeraient jouer comme lui. Mais maintenant lui joue comme personne. Il remplit toutes les cases. Il a été efficace notamment en Ligue des Champions, a gagné des choses et a fait gagner son équipe. Je le lui aurais déjà donné l’année d’avant.