samedi 25 janvier 2025

Pacification des tribunes : la Ligue 1 doit-elle prendre exemple sur la Premier League ?

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Il y a plus de 20 ans, l’État britannique prenait des décisions radicales en concertation avec les clubs et les autorités locales, pour éradiquer la violence dans les stades. Un plan national et voulu par les directions sportives des clubs, qui a traduit ses effets immédiatement. Le seul hic réside sur le volet économique. Seul angle mort d’une politique de sécurité qui a fait ses preuves depuis deux décennies. En France, l’Etat avec les groupes de supporters et les clubs ont les moyens de bâtir une politique contre la violence.

Dans les années 80, le football anglais est au bord du précipice. Pour éviter des drames en pagaille comme à Sheffield en 1989 ou en 1998, les autorités anglaises ont décidé d’agir pour le bien du football national.

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Une série de lois et de mesures sont prises en concertation avec les clubs pour supprimer la violence dans les stades et en finir avec des images dramatiques. Bien que difficiles, les mesures prises ont donné au foot anglais plus de légitimité à dupliquer son modèle de sécurité au football français ou encore italien. Encore faudrait-il que les clubs et l’État puissent se réunir et adopter en commun une batterie de mesures nécessaires pour l’image de leur championnat respectif.

Le stade sous le contrôle total du club

C’est la première mesure : elle consiste à donner aux clubs un contrôle total sur la logistique de son stade. De part la billetterie qui lui permet de gérer l’affluence et les identités des spectateurs sur place. Il confère aussi un grand rôle sur la nomination des places et de s’y tenir. Dans le détail, il s’agit pour l’abonné de rester à son siège attribué lors de l’achat de son abonnement.

Cette mesure n’étant pas effective en France. Puisque les groupes de supporters derrière les buts ont bien des abonnés mais qui sélectionnent leur place en tribune. Autrement dit, ils occupent très souvent une place qui n’est pas la leurs. C’est pourquoi, les Anglais ont d’abord demandé au club de faire respecter cette règle auprès des services de sécurité et aux groupes de supporters.

Deuxièmement, il s’agit pour les clubs de faire régner leur autorité sur les tribunes ultras. En clair, de ne pas laisser l’initiative de la tribune à un groupe de supporters. Ce qui donne moins de liberté aux leaders des Ultras d’organiser la tribune selon leurs propres règles.

Ainsi, le club possède la maîtrise pleine et entière de ses gradins. C’est l’un des grand manque de la politique des clubs dans leurs stades. Les 18 clubs de Ligue 1 sont concernés par ce sujet.

Des sanctions judiciaires rapides, efficaces et connus de tous

Le Football Disorder Act 2000 (l’année de sa mise en place) permet à tous les clubs et supporters d’être sous le coup de sanctions législatives et judiciaires fortes et rapides. Ainsi, les supporters qui enfreignent les règles sont systématiquement lourdement sanctionnés.

Que ce soit pour une pénétration sur le terrain, un jet d’objet ou un cri raciste, les supporters sont sous le coup de 10 ans de suspension de stade avec obligation de pointage dans un commissariat les soirs de matchs. Sans oublier les amendes financières qui sont proportionnelles aux sanctions encourues.

Le modèle anglais pousse le raisonnement plus loin, avec la maîtrise de la sécurité dans les virages. Là où les clubs en France laissent de grandes libertés à leurs prestataires et créent des liens ambigus entre les stadiers et les groupes ultras. Le modèle anglais repose sur une totale indépendance des stadiers envers les supporters, la connivence y est exclue.

Enfin, les clubs possèdent les outils pour une surveillance renforcée, pour contrôler l’accès au stade et identifier les fauteurs de trouble. Ainsi, au-delà de la sanction judiciaire d’interdiction de stade, le club peut bannir s’il le souhaite son supporter sur une plus longue durée.

Prix, lien avec le club, esprit de communauté, comment les Anglais ont activé d’autres leviers

En éliminant la violence dans les stades, les Anglais ont réussi leur pari de populariser le football sur d’autres aspects. L’augmentation drastique des droits TV en est un et elle la conséquence du courage des autorités et des clubs de supprimer la violence.

De plus, sur le plan structurel, les stades anglais ont été repensés pour accueillir le public selon des normes de sécurité novatrices. La présence des stadiers à l’extérieur du stade, la coordination avec la police et les accès dégagés sont autant d’atouts pour protéger le stade de la violence.

Les clubs ont aussi sévi sur le porte-monnaie en augmentant le prix des abonnements. Si en France, à Lyon comme à Marseille, ces derniers sont entre 125 et 150€. Il faut au moins multiplier par 10 de l’autre côté de la Manche.

Mais, le paiement mensuel est une aide précieuse pour permettre aux fans de se rendre en stade et soutenir leur club de coeur. Les Français ont laissé depuis trop longtemps les tribunes aux groupes de supporters sans forcément faire de bilan annuel, pour améliorer les conditions de sécurité.

Comment les clubs français peuvent changer la donne contre la violence ?

D’abord, renforcer sans nul doute l’esprit de fraternité et la liaison entre le club et ses supporters. Les anglais ont créé une véritable communauté et un respect entre le club et ses représentants. Que ce soit à domicile ou à l’extérieur, le supporter est le témoin, le responsable et l’acteur de l’image de son club aux quatre coins de l’Angleterre.

Ensuite, les abonnements méritent une profonde réflexion. Faut-il ou non passer vers un format mensuel et augmenter de facto le prix de ces derniers ? La question mérite d’être posée. Car si un club de football en France ne gagne quasiment rien sur un abonnement, il récupère ce manque à gagner à la buvette.

Or, ne serait-ce que de jouer sur le prix des abonnement donnerait un signal ambivalent et contraignant. Les stades perdraient t-ils leurs voix dans les virages ?

Il ne s’agit pas d’opérer un changement drastique dans le prix des abonnements en virage mais au moins de passer une barre symbolique qui mérite un doublement du prix sur la base d’un abonnement mensuel. En clair, proposer un nouveau contrat aux ultras en diversifiant les solutions de fidélité des supporters à leur club. Reste à savoir si la LFP veut bien changer de braquet comme l’Etat.

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