Joseph Pidcock, frère de Tom, et Jules Jalabert, fils de Laurent, ont à peine plus de 20 ans et encore le temps d’espérer ajouter quelques lignes à un palmarès familial déjà bien garni. En évoluant en Conti et en DN1 cette année, ils espèrent se faire un prénom. Mais la route est encore longue. Ils l’abordent avec beaucoup d’humilité.
« Je pense que c’est le meilleur choix. Chez Trinity, je connais tout le monde et j’aurais été considéré comme le frère de Tom alors que chez Groupama-FDJ, je suis moi-même ! » Ainsi s’exprimait Joseph en mai 2021 au moment de quitter une formation anglaise également fréquentée par son frangin avant qu’il opte pour INEOS Grenadiers en 2021.
C’est pourtant bien chez Trinity RT que le cadet des Pidcock (son frère a 23 ans) vient de signer après deux années dans la Conti des frères Madiot où, s’il n’a pas réussi à lever les bras une seule fois, ni été promu avec l’équipe World Tour avec ses huit autres anciens jeunes coéquipiers, il a pu poursuivre sa progression à un rythme qui souffre de la comparaison avec Thomas. Au même âge, le vainqueur de la Flèche Brabançonne 2021 et d’une étape du Tour 2022 avait déjà le Tour d’Alsace, Paris-Roubaix chez les Espoirs à son actif.
Joseph Pidcock : « Je ne suis pas Tom »
« J’essaie de ne pas me comparer à lui sinon ce serait vraiment difficile pour moi », déclarait Joseph au moment de rejoindre la formation française. Conscient qu’il ne devait pas tomber dans le piège, il insistait sur leur différence de profil : « Le cyclo-cross, je n’aimais pas vraiment ça et je sais que si je combine cyclo-cross et route, je ne serai jamais super fort. En ne faisant que de la route, c’est mieux. Je ne suis pas Tom ! »
Plutôt adepte des efforts courts et moins à l’aise sur les contre-la-montre, Joseph ne sera jamais un coureur aussi complet, jamais dans le même registre. Ses performances de 2022 en témoignent. Avec une 7ème place sur la dernière étape de la Ronde de l’Isard, des Top 15 sur deux étapes du Tour de Bretagne (deux épreuves 2.2), il a encore un cap à franchir.
En rentrant au pays avec son compatriote et coéquipier de la Groupama Finlay Pickering, il fait le pari d’un retour aux sources salvateur. Après avoir manqué le train de la Conti aux côtés des Grégoire, Watson, Martinez, Paleni, Pithie, Penhoët, Germani ou Thompson, il remet à plus tard sa mise sur orbite.
Jules Jalabert : « Je ne suis pas un crack »
« Je ne suis pas un crack mais, petit à petit, l’oiseau fait son nid », déclarait-il cet été au Télégramme, avant de participer à l’Estivale Bretonne avec son club, l’Occitane Cycliste Formation. Deux ans à peine après avoir débuté le vélo, le voilà qu’il signe pourtant en N1au AVC Aix avec des Top 10 sur des étapes du Tour du Cameroun, sur la Ronde du Queyran et le championnat d’Occitanie. « Avant, je ne faisais que de la course à pied, mais j’en avais un peu marre et comme j’aimais bien aussi faire du vélo… »
La trajectoire est à l’opposé de son père, Laurent qui, lui, a fini en faisant des triathlons, elle pourrait amener Jules à découvrir lui aussi le peloton professionnel. Etudiant en STAPS (il vient de valider une licence en management du sport), Jules a souhaité s’accorder une année sabbatique au niveau scolaire pour se donner à 100% au cyclisme pour la première fois de sa vie. 100% ou presque car il va aussi travailler à mi-temps dans un Décathlon sur Toulouse.
S’il ne se formalise pas de ses comparaisons permanentes avec l’actuel consultant télé, peut-être que son arrivée en N1 va changer son approche. 76ème de la Ronde l’Isard en 2022, au milieu des meilleurs espoirs du monde, il avoue lui-même, « passer encore inaperçu » et bénéficier d’une approche très bienveillante de ceux qui le connaissent et font référence à son célèbre père. « Ils sont conscients que ça peut être lourd à porter. »
« C’est aussi peut-être pour ça qu’il a souhaité « sortir de (ma) zone de confort en quittant club et amis et tester mes limites. » Très présent pour suivre ses résultats et lui donner des conseils, Laurent se refuse pourtant à lui mettre trop de pression, encore moins des objectifs pour laisser son fils vivre sa passion dans le plaisir… avant de vivre de sa passion ?
Tom Boissy