Après huit ans en ProLigue avec Dijon, le capitaine Pierrick Naudin du DMH retrouve, à 34 ans (il les aura le 20 décembre), la StarLigue qu’il a connue en 2013/2014 avec Dijon et en 2014/2015 avec Aix, et il ne compte pas tout gâcher. Entretien pour Handball magazine et Le Quotidien Du Sport.
Le club retrouve cette saison la StarLigue dix ans après et vous neuf ans après. Y avez-vous toujours cru ?
J’y ai toujours cru parce qu’on a toujours joué plus ou moins les premiers rôles en ProLigue avec Dijon. C’était donc un objectif.
À LIRE AUSSI : toute l’actu hand dans votre mag
N’avez-vous pas songé à quitter Dijon pour retrouver l’élite ?
J’ai fait une saison à Aix. Ensuite, je suis revenu en m’inscrivant sur le long terme avec Dijon. J’ai mes enfants à l’école ici, ma femme travaille aussi ici, je vais avoir 34 ans, je ne partirai plus de la région.
L’émotion a-t-elle été spéciale pour ce retour en StarLigue ?
C’est toujours un peu spécial. Un premier match, c’est toujours compliqué. C’était un mélange d’excitation, d’appréhension. Finalement, on arrache un match nul (34-34 contre Ivry, Ndlr).
Etes-vous inquiet par ce début de saison* ?
On savait que ça allait être difficile. On n’a pas de victoire, mais ça se joue à pas grand-chose, notamment contre Ivry et Créteil. Il ne faut pas qu’on lâche parce que ce petit quelque chose qui a manqué peut vite basculer.
« Il y a d’autres choses à faire valoir que le budget »
L’équipe n’est pas ridicule et joue bien. Ne préfériez-vous pas jouer moins bien et gagner ?
Si on passe toute la saison en entendant qu’on ne joue pas trop mal, qu’on s’accroche puis qu’on craque dans les 10 dernières minutes, ça ne sert finalement à rien. Il vaut mieux prendre des moins 20 et gagner le match d’après que de faire des moins 3. De toute façon, il vaut mieux bien jouer pour pouvoir faire des résultats. Il faut qu’on arrive à aller chercher ce petit truc, qui n’est pas forcément dans le niveau de jeu, mais dans la hargne, le comportement, le tempérament, l’état d’esprit, d’aller chercher dans autre chose qu’une dynamique de victoires, une dynamique qu’on avait en ProLigue.
Le maintien risque de se jouer entre Créteil, Ivry, Saran et Dijon.
Je ne sais pas à combien de points le maintien va se jouer, mais il ne faut pas qu’on lâche. Pour l’instant, on est encore dans la course. Il ne faut pas qu’on regarde le classement, mais on n’est même pas relégable à l’heure actuelle. C’est difficile d’enchaîner les défaites et de ne pas avoir gagné, mais on n’est pas à l’ouest pour autant. Il ne faut pas lâcher !
Les statistiques ne sont pas en faveur des promus. En plus, quand on a le plus petit budget…
L’année dernière, on avait l’avant-dernier budget de ProLigue et on a fini champions ! C’est sûr que le plus petit budget de StarLigue risque de pas finir champion de StarLigue. Mais il y a d’autres choses à faire valoir que le budget ou le nom des joueurs. Il faut qu’on se batte avec autre chose. A domicile, on est poussé par notre public qui est présent depuis le début de saison.
Ça peut nous servir sur certains matches et il n’y a pas besoin de gagner 20 matches pour se maintenir. On va se battre avec tout ce qui a fait nos valeurs. On a toujours été le petit Poucet, une équipe qui n’a pas un gros budget, mais qui se bat, qui joue bien au handball, qui ne lâche rien. Il faut qu’on se batte avec toutes ces valeurs-là.
« On va se battre avec tout ce qui a fait nos valeurs »
Vous allez récupérer en mars Lucien Auffret meilleur buteur du club la saison dernière. Une bonne nouvelle ?
Lucien va revenir, Marc Poletti aussi. Le club a recruté Yannis Mancelle. Le poste n’a pas été laissé vide. Mais quand tu n’as pas un très gros effectif, tu tires sur les joueurs et il y a plus de blessures. On n’a pas été épargné depuis le début de saison, mais il va falloir faire abstraction des blessures.
Vous étiez au club lors de sa dernière saison dans l’élite en 2013/2014. Sentez-vous des différences qui vous incitent à l’optimisme ?
En 2013, on a toujours été vu comme le dernier qui monte, le promu qui sans doute ne se maintiendrait pas. On n’a jamais vraiment eu une crédibilité en StarLigue. Là, avec les performances que l’on réalise, le Final Four en ProLigue, on est un peu plus crédible. C’est un signe qu’il ne faut pas qu’on lâche, on est capable de le faire.
Dijon n’a fait que trois ans en StarLigue et ne s’est maintenu qu’une seule fois en 2009. Se maintenir serait-il un exploit ?
Franchement oui ! Avant le début de saison, on se demandait quel serait le plus gros exploit entre réussir à finir champion de ProLigue, la meilleure saison depuis que je suis au club, ou se maintenir en StarLigue. Je pense que le plus gros exploit serait de se maintenir !
« Je suis à la recherche du plaisir à 34 ans »
Vous êtes le 11ème meilleur buteur du championnat. Vous surprenez-vous vous-même ?
J’ai eu une grosse blessure, je me suis fait opérer des ligaments croisés en 2020 pendant la Covid. Ça a été un moment difficile, mais je n’ai jamais lâché. Au fond de moi, j’y ai toujours cru et ça fait plaisir de retrouver de telles sensations.
La dernière fois, avec Dijon, vous aviez terminé 4ème meilleur buteur de StarLigue. Avez-vous des objectifs en termes de buts ?
Ça fait plaisir de faire une bonne saison et de réussir à marquer des buts, mais ce n’est pas du tout un objectif. A mon âge, je suis vraiment à la recherche de vivre quelque chose et de construire avec Dijon. Quand on regarde derrière, il n’y a que ça qui reste et qui compte, les choses qu’on a partagées avec les gens, qu’on a réussies à accomplir et pas les statistiques. Etre le meilleur buteur ou le meilleur joueur, c’est bien, mais ce n’est pas ça qui reste.
Quelle est votre situation contractuelle ?
Je suis en fin de contrat au mois de juin. Je me sens bien, j’ai envie de continuer. On va discuter avec Dijon.
Comment se passe la cohabitation avec le basket et le foot à Dijon ?
Le foot est descendu, mais c’est un monde à part. La mairie aime bien le handball. On se partage le Palais entre le basket, les filles de la JDA Handball qui jouent dans l’élite et qui ont fait la Coupe d’Europe pour la première fois. La cohabitation se passe bien. La ville est assez grande pour qu’il y ait de la place pour tout le monde.
*Après 11 journées, Dijon compte 4 points et occupe l’avant dernière place.