Véritable force de la nature (1m92, 145 kg), le Franco-samoan, Posolo Tuilagi, frais international tricolore, ne cesse de gravir les échelons à vitesse grand V. Bien difficile de prédire jusqu’où peut aller ce phénomène.
Posolo Tuilagi, le fils de Henry et neveu de Manu, a une puissance physique effrayante. Ses charges sont dévastatrices. Il va aussi très vite et passe très bien les bras. Melvyn Jaminet dans un style diamétralement opposé, quand il évolue à l’USAP, effectue des débuts remarqués en équipe de France. On le qualifie alors d’ovni. Même qualificatif pour le 2ème ligne de l’USAP. Mais à seulement 19 ans !
Il est titularisé pour la première fois contre l’Italie (13-13) le 25 février dernier lors de la 3ème journée du Tournoi après ses entrées précédentes convaincantes contre l’Irlande et l’Ecosse : « C’est un très grand joueur d’avenir. Il a montré avec Perpignan qu’il avait le niveau pour l’équipe de France. Et en équipe de France il a démontré qu’il avait le niveau pour être là » glisse le demi de mêlée du Stade Toulousain Paul Graou. Le demi de mêlée de Castres Jérémy Fernandez est également sous le charme : « Posolo Tuilagi est vraiment un ovni. Quand on a un tel gabarit, cela ne peut que plaider en sa faveur ».
Tuilagi, une puissance physique exceptionnelle
Quand l’entraîneur des avants de l’USAP Perry Freshwater évoque Posolo Tuilagi, il en parle avec une grande affection : « Je le revois courir, gamin, avec ses grandes chaussures sur un terrain avec ses frères et sœurs, pendant les fêtes de Noël. Il faut dire qu’il avait quelques modèles à suivre. Le nom Tuilagi n’est pas si facile à porter. Son père (Henry, Ndlr) est très fier de lui. Il veut qu’il réussisse. Posolo, je l’ai connu quand il avait 3 ans. On l’a vu grandir. Il ne fait pas de bruit. »
« Sauf quand il est sur un terrain ! Tuilagi est très intelligent. Il comprend très vite. Il n’a que 19 ans. On veut tous le protéger. Tuilagi est déjà très sollicité, mais on veut le laisser grandir. Il va faire son bonhomme de chemin. Il doit encore franchir des caps. Cela dépend surtout de lui. Il a encore beaucoup de choses à apprendre. On parle déjà beaucoup de lui. Sera-t-il capable d’enchaîner ? En France, particulièrement, il le faut car le championnat est très long. Il joue n°5. C’est un poste crucial dans une équipe. Il peut devenir un grand joueur, mais c’est à lui de le décider et de faire son chemin. »
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« Un diamant brut qu’il faut polir »
Louis Picamoles (82 sélections, 10 essais), avec toute son expérience, loue les immenses qualités du gamin, mais il met en garde : « Il a un profil très intéressant. Il a des capacités et un potentiel énormes. Mais j’ai envie de le protéger. On a tendance en France à très vite monter des joueurs et à très vite les descendre. Il est encore un jeune joueur. Il n’a pas encore une saison complète de Top 14 dans les jambes. »
« Tuilagi, il y a deux ans, il jouait en Crabos. J’espère qu’on saura préserver son potentiel en le plaçant dans les meilleures dispositions. Il faudra lui laisser le temps d’aller explorer tout son potentiel sans le griller. D’après ce que j’en entends, c’est un gamin qui est bien entouré. Dans la famille, je sais qu’on saura le garder dans le droit chemin. »
« Mais attention à tout l’environnement derrière, des médias aux supporteurs. Il n’a que 19 ans ! Certains se sont brûlés les ailes car on ne leur a pas laissé le temps et on les a montés trop vite. On en a fait des stars trop tôt. Laissons-lui du temps. Avec ses qualités, c’est un diamant brut qu’il faut bien polir. Il faut impérativement en prendre soin, qu’on le préserve et qu’on lui donne tous les moyens de devenir le grand joueur qu’il peut devenir ».
Quel chemin parcouru si vite tout de même ! Posolo Tuilagi en un an et demi est passé de l’ombre à la lumière. Sur le banc avec l’USAP à La Rochelle en septembre 2022 à 18 ans, champion du monde avec l’équipe de France U20 en 2023 (élu homme du match contre la Nouvelle-Zélande), « Moto » aligne depuis de brillantes feuilles de matches avec son club catalan et vient d’impressionner avec la grande équipe de France. Où s’arrêtera-t-il ?