MATCH D’OUVERTURE DE LA COUPE DU MONDE (21h15)
Hôte et grand favori de la compétition, la France n’a jamais semblé aussi armée que cette année pour décrocher enfin le titre de champion du monde qu’elle attend depuis si longtemps. Même la blessure de Romain Ntamack n’a pas douché l’optimisme.
Deux mois après le 3ème titre mondial des U20, les Bleus vont tenter d’imiter leurs jeunes coéquipiers. Après un cycle de quatre années au cours duquel ils ont battu toutes les équipes et décroché en 2022 le dixième Grand Chelem du rugby français, mettant ainsi fin à douze ans de disette, les hommes de Fabien Galthié se présentent comme l’un des grands favoris de cette dixième Coupe du monde :
« Le plus dur sera de gérer la pression car la qualité des joueurs est là. Il y a un vivier assez extraordinaire, même les U20 montrent qu’ils peuvent intégrer le groupe sans que le niveau baisse. On a pu le voir sur cette préparation avec Boudehent, Gailleton ou Bielle-Biarrey. On l’a vu aussi sur les différentes tournées d’été quand le groupe était privé des finalistes du Top 14, le niveau collectif n’a pas baissé, je pense notamment à notre Tournée en Australie en 2021. »
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Le XV de France a une profondeur de banc
« Tout le monde nous prédisait le pire et finalement on s’est très bien comportés. Certains comme Melvyn Jaminet ont saisi leur chance. Les Bleus sont bien sûr capables de battre tout le monde et d’enchaîner les gros matches. Ils pourront prendre leurs marques avec les matches de poule et notamment la bataille avec la Nouvelle-Zélande. Deux équipes qui se battront pour le titre avec l’Irlande et l’Afrique du Sud certainement » analyse Teddy Iribaren qui a participé avec les Bleus à la Tournée d’été en 2021 en Australie.
Le 8 septembre, les Bleus démarreront les hostilités face aux Blacks dans un match où la pression sera énorme, tout un pays attendant ce premier titre de champion du monde. Ils devront éviter de faire comme leurs prédécesseurs de 2007 qui avaient débuté leur Coupe du monde par une défaite inaugurale contre l’Argentine (12-17).
L’ancien international Vincent Clerc, 4ème en 2007 et 2ème en 2011, est optimiste : « Les joueurs sauront gérer cette pression. Ils disputent depuis tout jeune des matches à très haute pression, ils démarrent de plus en plus jeunes en Top 14 et, en équipe de jeunes, notamment en U20, ils battent désormais régulièrement les meilleures nations du monde donc quand ils arrivent en A ils ont déjà une sacrée expérience ».
Ntamack, une absence également préjudiciable sur le plan défensif
Régulièrement annoncée comme favorite aux côtés de la Nouvelle-Zélande, l’Irlande et à un degré moindre l’Afrique du Sud, la France a perdu des points chez les bookmakers avec la blessure et le forfait de Romain Ntamack.
Bien sûr, les Bleus possèdent avec Matthieu Jalibert et Antoine Hastoy ou éventuellement Thomas Ramos des remplaçants de qualité, mais le système a été travaillé depuis quatre ans avec l’ouvreur du Stade Toulousain et sa complicité avec son partenaire de club Antoine Dupont n’est plus à démontrer.
Défensivement, Ntamack va également manquer, il est plus efficace que Jalibert dans ce domaine, mais Vincent Clerc se veut rassurant : « Le XV de France dégage une force collective assez impressionnante. Elle permettra de mieux gérer le forfait de Romain Ntamack et la blessure de Cyril Baille, deux éléments clés du système Galthié. Il avait trouvé une osmose avec Romain, Jalibert a un profil différent, plus puncheur, mais il a déjà réalisé de bonnes performances comme numéro 1. Antoine Hastoy a également acquis une belle expérience avec La Rochelle, en menant l’équipe au titre européen. Thomas Ramos peut aussi jouer en 10. Il a montré qu’il était très performant à ce poste dans des matches importants avec Toulouse. »
L’absence Ntamack, le gros point noir
Dans le pack, la France a subi aussi une perte importante avec la blessure de Cyril Baille qui pourrait revenir pour un quart de finale éventuel. Les Bleus perdent pour plusieurs semaines le meilleur pilier du monde à un poste peu fourni, mais cela offrira la possibilité à Reda Wardi de montrer des qualités qui l’ont fait devenir l’un des moteurs du pack rochelais :
« Cyril Baille peut revenir pendant la compétition. Il ne pourra faire que quelques courses pendant son absence et il ne sera pas à son meilleur niveau s’il revient directement pour un éventuel quart de finale. Il faudrait qu’il puisse disputer un match avant le possible quart pour se remettre dans le rythme. Malheureusement, des coups durs sur des joueurs clés il y en a toujours, les joueurs sont très sollicités » ajoute Vincent Clerc.
La période de préparation n’a pas été de tout repos pour le staff avec les blessures de Willemse, Cros, Taofifenua, mais le groupe reste confiant, les cadres comme Thibaud Flament, Gaël Fickou, Grégory Alldritt, Uini Atonio ou Antoine Dupont ont montré qu’ils étaient en pleine forme malgré une saison harassante pour les Rochelais et les Toulousains.
Le XV de France ne voudrait pas tomber dans la facilité
Si la phase de poules devrait bien se passer avec des matches face à l’Italie, l’Uruguay et la Namibie, la suite du programme sera corsée pour les Bleus avec un quart de finale éventuel contre l’Irlande ou l’Afrique du Sud. Trois fois finaliste du Mondial (en 1987, 1999 et 2011), la France reste sur deux quarts de finale (battue par la Nouvelle-Zélande en 2015 et par le Pays de Galles en 2019).
Elle veut devenir la deuxième nation européenne championne du monde après l’Angleterre en 2003. Au niveau européen, son adversaire le plus compliqué cette année sera l’Irlande, numéro 1 mondiale et auteur du Grand-Chelem. La Nouvelle-Zélande et l’Afrique du Sud seront également des candidats sérieux au titre, les autres nations paraissant être un ton en-dessous. Mais impossible n’est pas Français !
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Lorsque la France a organisé la Coupe du Monde en 2007, les Bleus ont subi trois défaites. Elle a perdu le match d’ouverture face à l’Argentine (12-17), la demi-finale face à l’Angleterre (9-14) et le match pour la 3ème place face à l’Argentine (10-34). Elle devra faire mieux cette année si elle veut être championne du monde.
Calendrier
8 septembre, 21h15 : France Nouvelle-Zélande (Stade de France, Saint-Denis)
14 septembre, 21h : France Uruguay (Stade Pierre-Mauroy, Lille)
21 septembre, 21h : France Namibie (Orange Vélodrome, Marseille)
6 octobre, 21h : France Italie (Groupama Stadium, Lyon)
Jouer à domicile est-il un avantage ?
En 2007, la France a montré que ce n’était pas un avantage. Elle a craqué sous la pression dès le match d’ouverture face à l’Argentine et s’est inclinée de nouveau face aux Argentins pour la petite finale (10-34). L’exploit réalisé face aux Blacks en quarts de finale avait eu lieu à Cardiff, pas en France. Deux nations ont gagné leur Coupe du monde à domicile, la Nouvelle-Zélande en 1987 et 2011 et l’Afrique du Sud en 1995.
A chaque fois le fait de jouer à domicile a eu une grande importance, notamment en 2011 lorsque la Nouvelle-Zélande a été poussée dans ses derniers retranchements par la France (8-7), le soutien du public a eu une importance capitale. Mentalement, les Bleus semblent, cette année, plus armés qu’en 2007 pour affronter la pression populaire, ils ont battu les Blacks au Stade de France, ont réalisé le Grand-Chelem, pas grandchose ne semble pouvoir atteindre cette génération dorée.
Les plus de l’équipe de France
- Antoine Dupont. Le demi de mêlée est le facteur X de la sélection. Il est le seul joueur irremplaçable, il peut changer le cours d’un match à lui tout seul et inspire la crainte aux yeux de ses adversaires.
- La densité du groupe permet au staff de pouvoir gérer les joueurs. Les remplaçants sont du niveau des titulaires. Les impact players n’affaiblissent absolument pas le collectif.
- La forme étincelante de Grégory Alldritt. Le 3ème ligne rochelais est d’une grande régularité depuis trois ans, il est l’un des meilleurs joueurs du monde. Présent dans les rucks, dans l’avancée du jeu, il est partout.
Les moins de l’équipe de France
- Le forfait de Romain Ntamack est un coup dur pour la France. Il n’est pas irremplaçable comme Dupont, Jalibert et Hastoy ont également un très bon niveau, mais le système de jeu mis en place depuis quatre ans tournait autour de Ntamack. Et sa complicité avec Dupont était réelle.
- Le physique des Bleus peut inquiéter au plus mauvais moment. Il y a de la casse avec Paul Willemse, François Cros, Demba Bamba qui ont eu des blessures, Cyril Baille forfait plusieurs semaines.
- Débuter face à la Nouvelle-Zélande n’est pas un cadeau. Les Blacks reviennent bien et le match s’annonce très compliqué. Les Bleus auront une pression monstre et doivent bien commencer la compétition.
L’avis d’Olivier Magne
« La France est surpuissante. Il y a plusieurs options à chaque poste. Les joueurs arrivent au meilleur moment en pleine possession de leurs moyens, ils sont aussi en pleine force de l’âge, ils ont 24-25 ans. Il y a un réservoir exceptionnel avec beaucoup de postes où on a les meilleurs joueurs du monde. En plus d’Antoine Dupont qui est bien sûr un talent exceptionnel, les autres joueurs sont aussi d’un niveau assez exceptionnel, réguliers et ils arrivent à enchainer les bonnes performances. »