Sa blessure au poignet en début de saison n’a fait que retarder l’inéluctable. Le nouveau gardien du Milan AC a bien le profil du futur gardien numéro 1 de l’équipe de France. Mike Maignan, l’indispensable.
Et d’abord parce qu’Hugo Lloris n’est pas éternel. A 35 ans, le gardien des Spurs arrive en fin de contrat en juin prochain et ne devrait pas prolonger sa carrière internationale au-delà de la prochaine Coupe du monde dans un an, une fois qu’il aura battu le record de sélections de Thuram (142).
Si on l’imagine poursuivre dans un club, à Tottenham ou ailleurs, à une époque où de plus en plus de gardiens jouent les prolongations jusqu’à atteindre la quarantaine, les Bleus doivent forcément se chercher un successeur. Dans cette quête, depuis le déclassement de Mandanda, Mike Maignan (26 ans) fait figure de favori.
Maignan dans l’ombre de Lloris
Avec la bénédiction de Lloris en personne qui s’exprimait ainsi lors du dernier rassemblement des Bleus :
« Mike est clairement le futur. Il monte de niveau saison après saison et a encore pris plus de place dans les performances de Lille la saison passée, en faisant gagner des points importants.
Avec Areola, Meslier, Lafont, il fait partie des gardiens de demain. Il est très ambitieux, il a envie d’être confronté au haut niveau, il l’est au Milan AC, et a tout pour être le futur gardien des Bleus ».
On ne peut pas être plus clair. Même sons de cloche chez deux autres anciens internationaux, Olivier Giroud « Je pense qu’il deviendra le successeur de Lloris car il est très talentueux » ou Yohan Cabaye « Je l’ai connu à Paris où il était très jeune, mais il avait déjà de grosses qualités et savait où il voulait aller, avec du caractère, du cran, et beaucoup de travail. Sur le terrain, il dégage beaucoup d’assurance et de sérénité, dans le jeu aérien comme dans le jeu au pied. Il est bien parti pour succéder à Lloris. »
Un boulevard pour Maignan après Lloris
Les 34 ans de Costil, les 36 ans de Mandanda lui ouvrent donc les portes en grand, sans les fermer complètement au nez d’Areola, Meslier et Lafont (voir encadré), les trois autres plus sérieux candidats qui ne présentent pas encore les mêmes garanties que le champion de France 2021.
Pour le responsable des gardiens du centre de formation de Chelsea, Christophe Lollichon, par ailleurs consultant Canal+, « derrière Lloris, Mandanda, Areola et Maignan, nous avons un trou générationnel que seul Meslier peut combler. »
En attendant, « la succession de Llori va dépendre aussi du jeu prôné par le sélectionneur. Maignan n’a pas du tout le même style, il joue plus haut, est plus à l’aise techniquement et s’insère davantage dans le jeu de son équipe, ce qui correspond à l’évolution globale du poste qui fait du gardien un joueur de champs avec deux gants presque comme les autres. »
Autant qu’un choix de gardien, c’est aussi un choix de jeu que devra faire Deschamps ou celui qui va lui succéder après la Coupe du Monde 2022.
« La succession de Lloris va aussi dépendre du jeu prôné par le (futur) sélectionneur »
Plusieurs choses sont néanmoins certaines s’il fait appel à Mike Maignan de sa grande régularité à sa capacité à sortir l’arrêt exceptionnel, à être un des meilleurs du continent dans l’exercice des tirs au but, à être psychologiquement obsédé par la quête des clean-sheets :
« Pour Mike, 3-0 ou 3-1, ce n’est pas pareil ! » disait son ancien entraîneur lillois, Christophe Galtier, après le titre de la saison passée et les 21 clean-sheets des Dogues en championnat !
Au moment où il retrouvait les terrains d’entraînement de Milanello, juste avant la trêve hivernale, Mike Maignan ne comptait qu’une sélection en équipe de France, le 7 octobre 2020 face à l’Ukraine (7-1) en entrant à la pause à la place de Mandanda.
Convoqué pour la première fois en mai 2019, jusqu’à sa présence dans la liste des 23 pour l’Euro 2021 derrière Lloris et Mandanda, il ne s’était jamais tenu trop éloigné de son destin international. En 2022, au Qatar, s’il retrouve ses moyens physiques, il sera la doublure de Lloris, son successeur programmé pour l’Euro 2024 en Allemagne. Avec Areola en doublure et Meslier en n°3 ?
Tom Boissy