Onze ans après avoir repris un club en dépôt de bilan, Marc Keller l’a vendu à un consortium américain pour lui permettre de poursuivre son développement. Avec le risque de devenir une simple filiale du FC Chelsea, l’autre club de BlueCo ?
Selon lui, son maintien à la présidence du Racing atteste du contraire. « Même s’il n’y avait pas d’urgence financière, nous étions conscients que nous avions atteint le plafond de notre modèle, et que si nous voulions nous projeter dans une nouvelle dimension, nous devions être accompagnés par une structure solide capable de soutenir notre développement et notre ambition » déclarait-il au moment de la vente en juin dernier.
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Même s’il est encore trop tôt pour effectuer un bilan, les premiers mois l’ont conforté dans cette ambition ainsi qu’il le manifestait sur les ondes de France Bleu. « Par rapport à ce qu’on avait dit, BlueCo a même mis plus que ce qui était prévu, on est plus haut. Ils ont une réelle volonté à nous aider à structurer le club, à nous amener plus haut. »
Concrètement, pour le premier Mercato de la nouvelle ère, l’arrivée de BlueCo a permis aux Alsaciens de se positionner sur des dossiers auxquels ils ne pouvaient pas prétendre avant pour un total de 56 M€ d’achat.
Strasbourg a investi 56 millions d’euros
Avec l’objectif affirmé de jouer tous les ans dans la première moitié de tableau, de renforcer les infrastructures, de partager ressources et expertises de Chelsea, de se servir du RCS pour permettre à des joueurs de poursuivre leur formation, « tout en conservant l’héritage du RCS », Todd Boehly n’a pas caché qu’il avait racheté le Racing aussi, et peut-être surtout, pour « garantir des opportunités à nos jeunes talents d’atteindre le terrain de Chelsea. Pour cela, nous passons par une autre ligue européenne très compétitive. »
Le profil des recrues est donc bien connu, la plupart de moins de 23 ans comme Abakar Sylla (20 ans), Junior Mwanga (20 ans), Saidou Sow (21 ans) et Emanuel Emegha (20 ans), ou le prêt du jeune brésilien de Chelsea, Angelo (18 ans), ce qui va forcément impacter dans la durée la composition d’un effectif qui ne devrait pas conserver très longtemps des joueurs en fin de parcours ou qui n’auraient aucune chance de traverser la Manche un jour. Comme pour conjurer cette perspective, Marc Keller s’empressait d’ajouter dans son bilan du Mercato :
« Nous avons aussi pris des joueurs dans la tradition de ce qu’on a fait avant, comme Jessy Deminguet. A côté des recrues, on a gardé des joueurs plus expérimentés (Gameiro, Sels, Delaine, Nyamsi) pour faire un bon équilibre », mais pas forcément pour être plus compétitif cette saison sinon le nouveau coach, Patrick Vieira aurait pu compter sur Bellegarde (transféré à Wolverhampton), Diallo (à Al-Shabab) et Djiku (à Fenerbahçe). Pour ceux qui n’auraient pas forcément compris que la priorité de BlueCo restera toujours Chelsea. Aux Alsaciens de faire avec…
BlueCo c’es quoi ?
Consortium de plusieurs investisseurs parmi lesquels Tod Boehely, Mark Walter ou Hansjörg Wyss, hommes d’affaires US et suisse, BlueCo est également composé de Clearlake, un des plus grands fonds d’investissement de la planète qui gère plus de 70 milliards d’actifs et est dirigé par Behdad Eghbali et José Feliciano, deux anciens négociateurs de Wall Street. C
ette immense surface financière qui lui a permis d’acheter, outre le Racing (pour 75 M€), le Chelsea FC et, à Los Angeles, les Lakers (NBA) et les Dodgers (MLB), ancienne franchise de Frank McCourt, s’est encore étendue en septembre. Chelsea a en effet levé 500 M$ auprès d’Ares, un autre fonds d’investissement déjà présent à l’OL et à l’Atlético Madrid via la holding Eagle Football.
Tom Boissy
