Elu Ballon d’Or en 1958, Raymond Kopa a été en avance sur son temps et a demeuré un grand acteur d’un Real au sommet.
Raymond Kopa est décédé à l’âge de 85 ans le 3 mars 2017 à Angers. Le président du Real Madrid Florentino Perez était présent pour assister à ses obsèques. Interrogé, il a déclaré, accompagné d’une délégation madrilène dont Pachin et José Santamaria :
« Je suis très attristé. On vient de perdre un des plus grands joueurs du Real Madrid. Raymond Kopa a marqué une époque ». Symbole du grand Reims, il est passé dans une autre dimension quand il a été joueur du Real Madrid entre 1956 et 1959.
Le natif de Nœux-les-Mines a remporté trois fois la Coupe d’Europe avec le club espagnol (1957, 1958, 1959), et un acteur essentiel de l’épopée des Bleus en 1958 et donc lauréat du Ballon d’Or cette année-là : « 1958 la meilleure année de ma carrière sportive » estimait-il au micro de la FFF, alors âgé de 55 ans.
Il a été Ballon d’Or à une époque où seuls les joueurs européens étaient couronnés. Le Français figurera sur le podium de ce classement pendant quatre années consécutives. Cette récompense a été forcément naturelle, légitime, tant il a été un leader d’attaque omnipotent des deux grands clubs dans les années 50, à savoir Reims (où il terminera sa carrière en 1968) et le grand Real Madrid.
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Un trio magique avec Di Stefano et Puskas
Santiago Bernabeu a immédiatement su que Kopa pouvait parfaitement rentrer dans le projet de jeu du club espagnol. Au milieu de cette formation qui va dominer l’Europe, Kopa va demeurer ce maître absolu du couloir droit. Aux côtés d’Alfredo Di Stefano et Ferenc Puskas, son unique idole, comme il aimait l’affirmer, ce trio redoutable sera le plus tranchant d’Europe.
Ce fils de mineur polonais du Pas-de-Calais a été si grand par le talent en dépit d’un gabarit relatif (1m69). Par sa maîtrise, il a finalement ouvert la lignée des immenses n°10 qu’ont été Michel Platini et Zinédine Zidane. Ce premier Ballon d’Or français du Real Madrid a été un immense précurseur du football de notre pays. Sa destinée a été fabuleuse.
Repéré à seulement 10 ans par le club local de Nœux-les-Mines, il progresse à vitesse grand V. En 1949, quand il participe à un Concours du Jeune Footballeur, il domine la concurrence. Vient ensuite l’expérience angevine. C’est dans ce club qu’il signe son premier contrat professionnel à l’âge de 18 ans. Une aubaine pour le SCO.
Pourtant comme l’a souvent rappelé Kopa,« beaucoup de clubs professionnels de la région, que ce soit Lens, Lille, Roubaix, Valenciennes, sont venus me voir. Ils m’avaient jugé à cette époque trop petit (sic) ».
Une triplette Madrilène digne d’aujourd’hui
Malgré cette défiance à son égard, le talent n’attend pas. Et devant ses performances à répétition, la direction du club de Reims le convainc de signer. De 1951 à 1956, il va vivre cinq grandes saisons en marquant 58 buts en 187 matches.
Il remporte de nombreux trophées sur la scène nationale avant d’échouer en finale de Coupe d’Europe contre le Real en 1956, qu’il rejoint quelques semaines plus tard. En 1956 donc, Kopa signe au Real sous l’impulsion de l’historique Santiago Bernabeu aux dépens du Milan AC, qui le courtisait également.
Quand il arrive en Espagne c’est une grande première. Un Français s’expatrie et le concrétise dans un club de top niveau à l’étranger, qui plus est au Real le plus grand club du monde : « J’ai été le premier joueur français à quitter le pays. A l’époque, beaucoup de joueurs français m’ont pris pour un traitre. J’avais juste le tort d’être un précurseur » a réagi plus tard l’intéressé dans des propos relayés par le site le journaldureal.fr.
Pourtant même Zinédine Zidane a t appuyé à quel point Kopa a montré la voie dans des propos relayés toujours sur ce même site : « C’est lui qui nous a montré le chemin. C’est vraiment quelqu’un qui nous a montré la voie. Non seulement avec Madrid, mais aussi avec l’équipe de France ».
L’empreinte de Kopa à Madrid a été colossale, en ne perdant qu’une seule rencontre à domicile, en remportant donc trois Coupes d’Europe et deux championnats d’Espagne en 1957 et 1958. De ses trois années passées au Real, Kopa dira en 2013 « qu’elles étaient inoubliables, la meilleure période de sa vie. On a perdu un match en trois ans ».
En 103 matches disputés sous le maillot blanc, ce joueur d’exception a marqué 31 buts. Il a utilisé sa réussite au Real, sa notoriété, pour devenir après sa carrière sportive un homme d’affaires reconnu, qu’il restera jusqu’à sa retraite en 1991. A la tête du groupe Kopa, il sera un leader comme il l’était sur le terrain. Il portait si bien son appellation de Napoléon du football.
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