Remco Evenepoel va découvrir le Tour de France cette année. Pour sa première participation, le phénomène belge de la formation Soudal Quick-Step avance prudemment et espère retrouver sa meilleure forme pour jouer un rôle sur cette édition 2024 lui qui a remporté la Vuelta en 2022.
Au moment d’aborder la dernière ligne droite de votre préparation, avec le Dauphiné, dans quel état d’esprit étiez-vous ?
Je ne voulais pas me mettre de pression inutile en me fixant des objectifs. Je voulais simplement reprendre la compétition et la course. L’idée étant surtout de récupérer du rythme. Je voulais voir aussi où
j’en étais physiquement (après sa chute sur le Tour du Pays basque, Ndlr). Je ne voulais pas avoir des objectifs précis au niveau des résultats. Il fallait prendre les jours comme ils venaient. Je voulais aussi aider mes coéquipiers Ilan van Wilder et Mikel Landa. Pour moi, c’était surtout avec l’idée de retrouver les sensations et reprendre du rythme avant les échéances de l’été. L’important était de sortir bien de ces courses.
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Evenepoel a encore quelques appréhensions avant le Tour de France
Après votre grosse chute sur le Tour du Pays basque, début avril, avez-vous fait en sorte de reprendre le temps de l’oublier et de récupérer ?
Je ne vais pas mentir. J’ai surtout eu du mal à retrouver mes sensations. Je n’étais pas à l’aise sur mon vélo durant les premiers entraînements. Petit à petit, j’ai réussi à me retirer la petite appréhension qui pouvait me rester. Ça va mieux aujourd’hui. Je sens que, dans l’omoplate, c’est un peu étrange encore. Spécialement sur les contre-la montres. Cela se ressent dans mon épaule. C’est un peu spécial, mais je suppose qu’avec l’enchaînement des courses et la compétition, ça va partir. Je pourrai de nouveau prendre des risques. Je sens que mon corps est bon pour le service (sic). La forme va aller de mieux en mieux au quotidien.
L’expérience de votre chute sur le Tour de Lombardie, en 2020, vous a-t-elle permis de mieux prendre patience avant de revenir à la compétition cette année ?
Honnêtement, je sais que ce n’est pas la plus grande blessure que j’ai pu rencontrer dans ma carrière avec mon omoplate et ma clavicule, mais l’impact de cette chute m’a marqué, surtout physiquement. J’ai senti qu’il fallait que je prenne ce temps et ne pas précipiter mon retour. Le premier jour que j’ai repris mon vélo, en extérieur, je sais que j’étais prêt. L’expérience sur le Lombardie m’a permis de savoir qu’il faut prendre les étapes calmement pour se reconstruire.
A la fin, on sait qu’il y a l’objectif de sa saison avec le Tour de France. Il y avait le temps entre ma première course et le début du Tour. Si on l’inclut dedans, ça me permettait d’avoir ensuite sept semaines de course. C’est une longue route jusqu’à la fin du Tour. Je n’ai pas pressé mon retour avec ce grand objectif en tête. Je ne voulais pas y aller avec de la fatigue inutile des efforts entrepris pour revenir en forme. J’ai fait en sorte d’avoir la meilleure approche pour être en forme sur le Tour de France.
« La pression va être sur UAE »
Le Tour de France proposera deux contre-la-montres et notamment un dernier lors de l’étape finale sur Nice. Etait-ce important de vous jauger sur un chrono, notamment sur le Dauphiné, qui avait la même distance (34 km) ?
Il était surtout important de voir comment mon épaule allait le supporter. C’est surtout une question de pression au niveau physique plus qu’au niveau technique. Je vais avoir une idée de mes capacités. C’était un pas important pour retrouver la forme en arrivant sur le Tour. C’était un bon test.
Jonas Vingegaard, le vainqueur sortant du Tour de France, a pris le risque d’arriver sur l’épreuve avec peu de jours de course. Comment jugez-vous cette option ?
Je ne me voyais pas faire la même option. Au pire, j’étais plus sûr de l’entraînement puis prendre le départ du Tour de Suisse. Pour moi, j’ai fait le bon choix. Je sais que j’ai besoin de compétition et de courses pour me reconstruire. On verra les réponses que chacun donnera sur son vélo le moment voulu.
La concurrence s’annonce rude sur le Tour de France et notamment avec Primoz Roglic, qui avait chuté avec vous sur le Tour du Pays basque que vous avez retrouvé sur le Dauphiné. Comment l’avezvous trouvé ?
On parle des meilleurs . Primoz (Roglic) a un grand palmarès et il l’a démontré tout au long de sa carrière. Il n’y a pas forcément une rivalité entre nous. C’est un grand champion. Il a toujours une approche différente des autres pour aborder les courses. Il fait en sorte de construire ses courses pour réussir ses objectifs. On ne peut que le respecter. Je suis toujours heureux de le rencontrer et de courir avec lui. Je fais en sorte de toujours le regarder, notamment tactiquement. C’est un parfait tacticien. J’étais heureux de pouvoir le croiser avant le Tour.
« Roglic, Pogacar, Vingegaard, le Tour de France a les meilleurs coureurs »
Etait-ce une situation spéciale que de voir Tadej Pogacar briller sur le Giro quand vous étiez en train de vous battre pour récupérer de votre chute au Tour du Pays basque avec Vingegaard et Roglic ?
La pression va être sur l’UAE au départ de ce Tour de France. Tadej (Pogacar) a couru d’une manière impressionnante sur le Giro. Il est aujourd’hui l’homme à battre, dans l’équipe à battre. Jonas (Vingegaard) sera aussi à surveiller. Il se connaît et reste le double vainqueur du Tour de France. On n’aura pas de pression avec mon équipe. On va essayer de suivre. Si j’arrive à suivre Tadej seulement un jour, ce sera déjà une grande victoire (sourire). Si ça se trouve, il va attaquer dès le premier jour et prendre 5 minutes. C’est un mec spécial. Le meilleur coureur au monde. La question pour moi reste de savoir comment j’ai récupéré. S’il réussit à remporter le Tour de France après avoir gagné le Giro, c’est qu’il se sera donné les moyens pour.
Quand vous vous êtes présenté sur Paris-Nice, vous aviez des objectifs élevés avec le podium et une victoire d’étape. Cela a été fait. Votre approche est-elle plus prudente sur le Tour de France ?
Je n’avais pas de bonnes sensations sur le stage d’altitude que j’ai fait pour préparer le Tour. Cela m’a poussé à être patient. Je veux passer les étapes. Je vais toujours faire en sorte d’avoir le meilleur résultat, mais si ce n’est pas le cas, ce n’est pas grave. Il faut continier à travailler. Je veux évoluer dans la course et trouver mon meilleur niveau. Je ne vais pas me donner à fond comme à Paris-Nice. Il faudra avoir la patience.
Remco Evenepoel déçu de ne pas voir Alaphilippe sur le Tour de France
Auriez-vous espéré avoir Julian Alaphilippe sur le Tour de France ?
C’est un coureur exceptionnel. Il a fait un très bon Giro. Ça faisait longtemps qu’il n’avait pas roulé à ce niveau. J’étais heureux de le voir comme cela, en prenant du plaisir. Il fait des résultats (vainqueur de la 12ème étape, Ndlr). C’était sa décision d’être sur le Tour de France ou pas. Il est assez grand et professionnel pour décider. Je n’allais pas l’obliger de venir. Il est assez adulte pour faire ses propres choix. Je vais les respecter (le Français préfère se concentrer sur les JO, Ndlr).
Comment avez-vous décidé les coureurs qui seraient à vos côtés sur le Tour ?
J’étais d’abord concentré sur mes problèmes et ma récupération. Je ne me suis pas perdu dans la sélection pour le Tour de France. Je fais confiance au staff pour bien décider.
La dernière semaine du Tour de France sera-t-elle décisive pour décider du destin de cette édition 2024 ?
Je le pense. Dans ma tête, je sais que les derniers cinq jours vont être super importants. Chaque étape est importante sur le Tour de France, mais la dernière semaine sera particulière avec des étapes qui terminent au sommet et le contre-la-montre. C’est pour cela que je suis patient. Je vais faire en sorte d’être au meilleur de ma forme à ce moment-là. J’espère que ce sera le cas. C’est l’idée que j’ai dans un coin de ma tête. On est sur la bonne voie. On aura les réponses sur le Tour de France. Je veux croire en mes chances et en moi sur ce Tour.