vendredi 19 avril 2024

Rétro : Alain Perrin, l’entraineur du doublé de 2008 avec l’OL

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Julien Huët
Julien Huët
Journaliste

Coach de l’OL durant la saison 2007/2008, Alain Perrin est le dernier à avoir remporté la Ligue 1 avec le club rhodanien, mais également le seul à avoir réussi le doublé championnat-Coupe de France. Il revient sur cette période et se livre sur l’évolution du club depuis son départ jusqu’à la situation actuelle.

Vous êtes le dernier entraîneur à avoir rem[1]porté le championnat de France avec l’Olympique Lyonnais, c’était il y a déjà 14 ans, quel souvenir gardez-vous de ce sacre ?

C’est vieux déjà ! Des souvenirs mitigés, à la fois entre fonctionnement interne, mais aussi cette relation avec les joueurs et le travail pour arriver au bout. On avait eu un début de saison difficile avec des évènements à maîtriser notamment des blessures qui avait entraîné ce départ un petit peu laborieux. Mais l’effectif, qui était de grande qualité, s’est mis en route et on a réussi à faire le doublé championnat-Coupe de France.

Ça n’avait jamais été fait et puis être de nouveau champion avec le même effectif, la dynamique du moment et la concurrence surtout, c’était évidemment attendu, mais ce n’est jamais facile. On le voit bien avec le Paris Saint-Germain en ce moment. Ce n’est jamais simple de conduire la Ferrari et d’arriver au bout sans accident mécanique.

La même année, vous faites le doublé avec la Coupe de France face au PSG, c’est vraiment pour vous la saison de la consécration de votre travail d’un point de vue personnel ?

Oui mais pas uniquement le mien. Tout le monde a fait sa part de travail, tout le staff. Le mérite revient surtout aux joueurs car on voit bien la difficulté de se maintenir au très haut niveau et avoir une certaine régularité de performance. On avait aussi fait un très bon parcours en Ligue des Champions en se faisant éliminer par Manchester United de Cristiano Ronaldo, qui était d’ailleurs l’équipe qui a gagné la compétition ensuite.

Rien n’a été facile, mais tout le monde a été capable d’avoir cette régularité nécessaire au très haut niveau puisque vous êtes attendu partout. C’était une très belle saison.

“Sur ces dernières années, j’ai vu trop de joueurs qui ne travaillaient pas à fond pour le collectif” (Alain Perrin)

Depuis ces deux titres obtenus lorsque vous étiez coach, l’OL n’a gagné qu’un Trophée des Champions et une Coupe de France en 2012, en 14 ans depuis votre départ. Comment expliqueriez-vous cela ?

Je pense que le club a été rattrapé par la ges[1]tion financière. Il y avait un cercle vertueux et des prises de risques qui étaient payantes avec un effectif permettant d’aller chercher les meilleures places et surtout les titres. Quand vous êtes dans la bonne dynamique, vous allez en Ligue des Champions, vous avez les droits TV.

Mais lorsqu’il y a une petite descente, vous créez la dynamique inverse qui devient déficitaire. Lorsque vous n’êtes plus dans les trois ou quatre premiers, vous êtes tout de suite en récession économique, ce qui ne permet plus d’avoir un effectif de qualité.

L’effectif pouvait manquer de densité et sans celle-ci, il est compliqué d’instaurer de la concurrence. L’entraîneur peut être ensuite démuni face à certains joueurs pour trouver des solutions de remplacement en cas de méforme, de suspension ou de blessure. Moi c’était déjà un petit peu limite car il y avait eu beaucoup de ventes l’année précédent mon arrivée, mais on avait l’avènement de Karim (Benzema) qui tirait l’équipe vers le haut. L’effectif de l’OL depuis n’a fait que diminuer en termes de qualité et de densité.

Un problème avec les jeunes à l’OL

Quel est votre regard sur cet OL des an[1]nées 2010 et du début des années 2020 ?

Il y a eu beaucoup de difficultés liées aux jeunes qui ont pris le pouvoir à l’intérieur de l’équipe et il y a ainsi des questions sur comment on gère cela notamment avec le centre de formation. Ça tient aussi à la personnalité des joueurs, car il y en a eu des talentueux, mais parfois certains ne faisaient pas forcément le travail nécessaire pour l’équipe en axant plutôt sur leur développement personnel.

Le talent a permis par moments de tirer l’équipe vers le haut avec quelques exploits. Mais c’est la culture de la gagne et l’expérience sur la durée qui fait que vous êtes capables d’assumer votre rôle et vos responsabilités. Sur ces dernières années, j’ai vu trop de joueurs qui ne travaillaient pas à fond pour le collectif.

Alain Perrin dénonce cette irrégularité lyonnaise

Que pensez-vous de la saison 2021/2022 de l’OL qui est certainement la pire depuis le début du XXIe siècle ?

Il y a une irrégularité chronique à Lyon ces dernières années. Je pensais pourtant que l’OL était armé cette saison encore pour jouer les premiers rôles, mais un mauvais départ les a plombés. On a rapidement vu un problème défensif qui est apparu. Il y avait trop de fragilités dans cette équipe-là. Sur le plan individuel déjà avec certains garçons qui n’ont pas été à leur niveau ou même à leur niveau précédent.

L’équipe était ainsi plus fragile défensivement et ça devient tout de suite plus compliqué car on ne peut pas jouer tous les matches en marquant trois ou quatre buts. Je pense que c’est ce qui a coûté beaucoup de points à l’équipe dès le départ et qui lui a mis la pression ensuite. Il ne faut pas pointer du doigt uniquement les défenseurs, mais aussi la discipline collective.

Certains attaquants sont joueurs, mais rechignent à effectuer le travail défensif collectif. Il faut avoir une prise de conscience collective que tout le monde doit travailler pour l’équipe en faisant des replacements, en bloquant et en contrôlant la situation. Ce sont ces détails qui rendent une équipe plus solide.

“Il n’y a pas de révolution ou de bouleversement à faire, mais un petit réajustement’’

Pour finir, pensez-vous que l’OL sera capable de se relever pour redevenir l’une des places fortes du championnat de France ?

Avec un ou deux joueurs clés à certains points, ou même en refaisant une saison avec l’effectif actuel, l’OL pourrait se retrouver dans le top 5 et ça change tout financièrement et sportivement ensuite. Il n’y a pas de révolution ou de bouleversement à faire, mais il y a un petit réajustement à mettre en place couplé à de la réussite et peut-être un léger changement de tempérament.

L’équipe actuelle peut aller chercher une troisième ou une quatrième place plus longtemps. L’OL doit revenir dans cette concurrence aux côtés de Marseille et Monaco et avec les nouveaux arrivants que sont Rennes et Nice.

Les médias accentuent les déceptions et les échecs, mais cette équipe est allée l’emporter 3-0 au Vélodrome il n’y a pas longtemps. Elle a également fait un bon parcours européen. Il ne faut pas la dénigrer dans sa totalité, mais faire quelques petits changements. Si la situation économique du club oblige encore à se séparer des meilleurs joueurs, ça peut aussi se jouer là-dessus.

Si vous dégraissez l’effectif de tous ses meilleurs talents chaque saison, ce n’est pas viable. Il faut à un mo ment stopper l’hémorragie et faire peut-être l’effort économique sur une saison pour reconquérir une place européenne et retourner en Ligue des Champions l’an prochain.

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