Cédric Pioline n’a pas été le joueur d’un seul tournoi. Doté de nombreux coups et d’un tennis complet, le Français était à l’aise sur toutes les surfaces. Mai son parcours à Roland-Garros en 1998 reste encore dans toutes les mémoires.
Finaliste de l’US Open en 1993 et de Wimbledon en 1997, Cédric Pioline n’a jamais atteint ce stade de la compétition dans « son tournoi » (il est Parisien), mais il a été demi-finaliste en 1998, deux ans après avoir atteint les quarts de finale. La progression était évidente, mais le parcours jusqu’à la demi-finale n’a pas été de tout repos :
« Cédric était un joueur tout terrain. Il était aussi combattant et il savait parfois bien cacher ses émotions. Quand son tennis était en place, il avait le tennis pour battre n’importe quel joueur, même les meilleurs. Il maîtrisait tous les coups et il avait un style offensif qui plaisait au public » explique l’ancien joueur Rodolphe Gilbert.
Mais en ce mois de juin 1998, il était écrit que l’abnégation et le jeu offensif de Cédric Pioline se heurteraient au solide Alex Corretja.
Il faut dire que le Français n’avait pas préparé cette demi-finale de la meilleure des façons car dès le 1er tour il avait passé beaucoup de temps sur le court en ne battant l’Uruguayen Filippini qu’en cinq sets (6-1, 3-6, 7-5, 6-7, 6-4), puis en 8èmes de finale il avait écarté Marat Safin en allant au bout de lui-même encore (7-5, 4-6, 6-7, 6-4, 6-4) tout comme en quarts de finale face à Hicham Arazi (3-6, 6-2, 7-6, 4-6, 6-3).
Ce match a été certainement le match de trop pour un Cédric Pioline qui est arrivé en demi-finale très entamé physiquement.
« Il avait un style offensif qui plaisait au public »
Très attendu, le match tournera à la démonstration. Pragmatique et concentré sur son tennis, Alex Corretja enchaine les points et s’impose tranquillement en trois sets (6-3, 6-4, 6-2). C’est vraiment sur l’aspect physique que s’est joué le match selon Patrice Hagelauer :
« Sur ce match, Cédric était au bout du rouleau. Il n’avait pu l’emporter car il était à plat sur la fin. Il manquait un peu de jus. Cela n’occultait en rien son parcours remarquable pendant ce Roland-Garros. Mais comme cela avait pu lui arriver sur un US Open, il manquait un peu de physique pour aller au bout. Bref, il avait été un peu court.
Surtout sur un 6ème ou 7ème match d’un Tournoi de Grand Chelem comme Roland-Garros. La différence se fait souvent à ce niveau-là. Mais, encore une fois, Cédric avait fait un très beau tournoi. Il avait les armes pour battre Corretja, mais il lui manquait le physique. »
Dans les vestiaires, il tombera dans les pommes
A la fin du match, Cédric Pioline avouera d’ailleurs qu’il était cuit physiquement :
« Après 22 sets disputés en douze jours et près de 15h16 passées sur le court, il ne me restait que quelques gouttes de carburant dans le réservoir. Malgré le soutien du public, ce n’était pas suffisant pour déborder un joueur du calibre d’Alex Corretja. Ai-je des regrets de ne pas avoir pu aller plus loin dans ce Roland-Garros ?
Non parce que j’ai tout donné et même encore plus et que j’ai vécu des émotions à nulle autre pareille. »
Preuve qu’il avait tout donné, quand il est rentré aux vestiaires il est tombé dans les pommes et a du être aidé par le staff médical. Il mettra plusieurs heures pour récupérer complètement des efforts fournis.
En cette année de Coupe du monde de foot en France, Cédric Pioline ne devancera donc pas les footballeurs français sur le chemin de la gloire et la finale aura une nouvelle fois des airs espagnols avec l’opposition entre Alex Corretja et Carlos Moya.
Ce dernier s’imposera en trois sets (6-7, 7-5, 63). Cédric Pioline peut nourrir des regrets, il a raté le coche, il était dans l’une des meilleures périodes de sa carrière sportive.
Les années suivantes, il ne dépassera plus le stade des huitièmes de finale à Roland-Garros qu’en 2000, l’année où il a obtenu son meilleur classement à l’ATP avec une 5ème place, en s’inclinant contre une de ses vieilles connaissances Marat Safin.
Cédric Pioline avait le tennis et le niveau pour gagner Roland Garros, il était un des rares Français qui pouvaient en rêver mais, pour y parvenir, il fallait qu’il gère les matches plus facilement.
En s’engageant dans des marathons de cinq sets, sur terre battue, il est toujours difficile de tenir quinze jours sans subir une baisse physique fatale comme cela lui est arrivé en cette année 1998 contre Alex Corretja.