samedi 20 avril 2024

Rétro : Jo-Wilfried Tsonga à Roland Garros, des exploits sans finale

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Jean-Marc Azzola
Jean-Marc Azzola
Journaliste

Le Manceau Jo-Wilfried Tsonga reste à ce jour le dernier Français à être allé aussi loin (demi-finaliste en 2013 et 2015) dans le tableau de Roland-Garros.

À 33 ans (depuis le 17 avril), Jo-Wilfried Tsonga a disputé Roland-Garros à déjà 10 reprises. Avec des fortunes diverses (éliminé au 1er tour en 2017 par Renzo Olivo). Il a aussi accumulé les 8èmes de finale, en 2009 (éliminé par Del Potro), 2010 (éliminé par Youzhny) et 2014 (éliminé par Djokovic), et atteint les quarts de finale en 2012 (éliminé par Djokovic).

C’est en 2013 et 2015 que Jo est allé le plus loin, atteignant par deux fois les demi-finales. Son meilleur résultat Porte d’Auteuil à ce jour. En 2013, le finaliste de l’Open d’Australie 2008 bat successivement Nieminen, Chardy, Troicki et le roi Federer en trois sets nets (7-5, 6-, 6-3). Une victoire de prestige contre le Suisse (à l’époque la cinquième victoire du Français contre lui). Tsonga n’avait pas perdu un set avant d’affronter le métronome David Ferrer (défaite 6-1, 7-6, 6-2) :

« Que dire de cette défaite ? Ce match se joue surtout au 2ème set. Si Jo le remporte, la rencontre aurait pu tourner. Cela est devenu ensuite compliqué physiquement et dans la tête. Jo est passé quand même un peu à côté lors de cette partie. L’Espagnol est un excellent joueur, mais Jo s’est un peu crispé pour aller en finale, surtout dans les moments importants au deuxième set. Cela sortait un peu moins bien de sa raquette qu’en quarts contre Federer.

Battre le Suisse à Roland-Garros était déjà un exploit magnifique. Cela aurait été vraiment magique d’aller en finale. Cette défaite contre Ferrer a été une de celles les plus dures à encaisser. Peut-être était-il parti un peu trop confiant contre l’Espagnol après avoir battu Federer. Il pensait probablement lui « marcher » dessus grâce à sa puissance.

Jo n’était pas allé chercher le public non plus. Il avait fini par subir. Tout comme le public. Malgré cette défaite, son parcours a été admirable cette année-là. Jo a quand même atteint cinq demi-finales en Grand Chelem dont deux à Roland-Garros. Il possède un des plus beaux palmarès du tennis français » précise Florent Serra, 16ème de finaliste en 2008.

En 2009, Tsonga change de raquette une semaine avant Roland

En 2015, bis repetita pour Tsonga. Le Manceau atteint une nouvelle fois les demi-finales des Internationaux de France après avoir sorti Lindell, Sela, Andujar et Berdych. Sa victoire en quarts contre Nishikori reste dans toutes les mémoires. Ce match étant interrompu par une chute de plaque de tôle sur le public ! Au terme d’une rencontre à haute intensité, le Français alors 15ème mondial, se défait du Japonais, n°5 mondial, en cinq manches (6-1, 6-4, 4-6, 3-6, 63).

Le Français ne part pas clairement favori contre le protégé de Michael Chang, mais il conserve son break d’avance et fait plier Nishikori sur une ultime attaque de coup droit :

«  Vous m’avez soutenu et quoi qu’il arrive je ne l’oublierai jamais. Je suis un homme comblé » lance Tsonga au public après avoir écrit «  Roland, je t’aime » sur la terre battue du Central. Tsonga s’incline ensuite contre Stan Wawrinka, le futur vainqueur, non sans démériter (3-6, 7-6, 6-7, 4-6) :

« Ce jour-là, il faisait 35 degrés. Donc des conditions particulières, difficiles et humides. Dans la tête, Stan avait été plus fort. Là encore, cela ne se joue pas à grand chose. La configuration de match avait été différente que contre Ferrer deux ans auparavant. Mais, en gagnant le 3ème set contre le Suisse, les choses auraient pu vraiment tourner. Jo aurait pu pousser Stan dans ses retranchements. C ’est vraiment dommage… » se souvient Florent Serra.

Eric Winogradsky a entraîné Jo-Wilfried Tsonga pendant sept ans (de 2004 à 2011). Il a suivi son évolution.

« J’ai toujours pensé que si JoWilfried Tsonga avait davantage disputé de tournois sur terre battue, il en aurait gagné bien davantage. Jo n’a pas joué si longtemps que cela sur terre battue.

Il a toujours été convaincu qu’il avait été formé sur terre battue, qu’il pouvait aussi bien jouer dessus que sur surface plus rapide. En 2009, il a même décidé de changer de raquette une semaine avant le début de Roland-Garros pour mieux varier les trajectoires. Il avait pris ce risque fou, mais qui traduisait bien son état d’esprit, son désir de se battre sur la surface ».

Pour son ancien entraîneur, en 2013 notamment, Tsonga a surtout imposé son style pour aller aussi loin dans le tournoi :

« Jo a obtenu un très beau résultat en atteignant les demi-finales. Il n’a pas le profil type du joueur de terre battue, mais il a un jeu qui s’adapte très bien à la surface à partir du moment où les conditions sont réunies : qu’il soit en forme, qu’il ait pris suffisamment de temps pour s’adapter à la surface… Jo reste un joueur usant pour ses adversaires avec une grosse qualité de frappe. Sa balle est lourde donc il fatigue les joueurs d’en face en y associant son punch naturel ».

Winogradsky livre à peu près la même analyse sur la prestation de Tsonga deux ans plus tard : « On n’arrive jamais à ce stade de la compétition par hasard ou par un concours de circonstances ». Si Nadal reste le maître absolu des lieux, Tsonga a aussi écrit la légende du tournoi. Dans ses victoires et parfois même dans ses défaites…

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