Parce que le PSG n’a pas toujours été une destination naturelle pour les meilleurs joueurs de la planète, voir un triple Ballon d’Or endosser son maillot floqué RTL est un événement. Le 17 juin 1975, Johan Cruyff est bien Parisien pour disputer le Tournoi de Paris.
Cinq ans après sa création officielle, déjà le PSG frappe un grand coup. A l’initiative de Daniel Hechter, son président, il entretient le flou sur la possibilité de recruter le meilleur joueur du monde, récent finaliste de la Coupe du monde, trois fois Ballon d’Or, Johan Cruyff himself !
Si, aujourd’hui, le célèbre couturier, réfute l’idée d’avoir voulu se payer le Hollandais volant, à l’été 1975, son rêve était bien de le convaincre. En tout cas d’essayer. Ou de faire croire que…
“Je l’avais croisé à plusieurs reprises, se souvient-il, et il me connaissait car il s’habillait en Daniel Hechter. Jusqu’au jour où je lui ai demandé, par amitié, s’il voulait venir renforcer notre équipe pour un tournoi que nous organisions au Parc des Princes.” Cela n’avait coûté que quelques tenues de mode au truculent président, fier d’avoir offert Cruyff, son idole, sur un plateau à son entraîneur, une autre légende, Just Fontaine.
1975-1995, vingt ans pour revenir au Parc
Un Tournoi qui a vocation à attirer les meilleurs clubs pour récompenser les supporteurs parisiens. Et, les nombreux people qui fréquentent déjà le Parc. Remplir les caisses également avec des affluences plus conformes au potentiel de la capitale, ce renfort inattendu tombe à pic.
En cette fin de saison sans Coupe du monde, Cruyff a pu se libérer de ses obligations avec le Barça. “C’était un joli produit d’appel, poursuit Hechter, qui devait attirer les spectateurs à une époque où nous ne recevions aucune subvention de la ville. Ce Tournoi devait nous aider à boucler le budget et Cruyff avait gentiment accepté, par amitié pour moi, de jouer le jeu.”
Faut-il rappeler qu’Hechter s’est inspiré du mythique maillot de l’Ajax pour dessiner celui du PSG…
Même si l’affluence est décevante (25 000 personnes), Cruyff est bien aligné face au Sporting Portugal. En demi-finale pour offrir le premier but à Eric Renaut et participer, de manière très active, à la victoire 3-1.
En finale, le Parc enfin rempli de 40 000 spectateurs. Face au FC Valence (vainqueur de Fluminense), le triple vainqueur de la Coupe d’Europe des Clubs Champions avec l’Ajax est moins inspiré. Fatigué par une saison à rallonge où le Barça a perdu son titre et s’est fait éliminer de la C1 par Leeds United en demi-finale. La défaite 0-1, logique. Elle permet au moins au génial batave de prendre conscience d’une réalité à travers les sifflets qui accompagnent certaines de ses actions : le public parisien est très exigeant !
Cruyff parisien d’un soir
Reconnaissant ses limites du moment, avant de participer à la soirée de clôture qui a lieu porte Maillot, à l’hôtel Concorde Lafayette, il déclare à la presse :
“Je n’avais pas assez d’entraînement et je n’ai tenu qu’un match. Il y a un mois, j’étais malade et j’ai dû m’aliter. Je suis désolé…” Grand seigneur, c’est sans rancune qu’il quitte Paris, la ville préférée de sa femme. Il reste le souvenir d’une sensibilité de jeu commune avec Dogliani, Dzajic (invité aussi) ou M’Pelé qui est sous le charme :
“Quel grand joueur ! Avant de frapper le corner (sur le premier but face au Sporting, Ndlr), il me fait un signe et me demande de venir pour m’expliquer qu’il va m’expédier le ballon sur ma tête. Le ballon arrive comme promis et j’ai marqué !”
Par la suite, Johan 1er revint à plusieurs reprises jouer au Parc, en amical avec le Barça en 1977, avec Los Angeles Aztecs en 1979, avant le 20 mars 1995. Ce jour là, le PSG de Fernandez éliminait les Catalans en quarts de finale de la Ligue des Champions. Comme si le Parc ne lui plaisait décidément pas fait pour lui…
Tom Boissy