Le 29 mai 1990, c’est à guichets fermés que l’OGC Nice reçoit le RC Strasbourg en match retour des barrages de maintien en D1. Battus 1-3 à l’aller, les Aiglons n’ont plus le choix. Un exploit ou la descente. Le salut allait venir d’un international luxembourgeois de 30 ans, Langers.
A l’aller, menés 0-3 dans une Meinau en feu qui fêtait déjà son accession en D1, propulsée par l’éclosion d’un jeune Youri Djorkaeff buteur à deux reprises, on ne donnait pas cher des chances des joueurs de Carlos Bianchi. Arrivé en cours de saison pour remplacer Pierre Alonzo, l’Argentin avait réussi à éviter la relégation directe, pas le match de la peur. Quoi qu’il advienne, il avait déjà décidé de ne pas poursuivre sa mission sur la Côte d’Azur.
Ce match retour serait donc son dernier à Nice. Les dynamiques opposées des deux barragistes semblaient condamner des Aiglons amorphes, mais pas complètement endormis. A défaut de renverser la tendance, la réduction du score de Robby Langers en fin de match aller laissait un petit espoir (1-3) pour le retour… Rapidement, cet espoir allait grandir.
Une victoire improbable pour l’OGC Nice
En ouvrant le score dès la 7ème minute d’une frappe du gauche, Langers concrétisait une action amorcée par Rohr et relayée par Bocandé. L’international luxembourgeois recruté à Orléans, où il avait fini meilleur buteur de D2 la saison d’avant, mettait les siens sur orbite.
Il récidivait à la 25ème, du droit à la suite d’un joli numéro de Djelmas. A 2-0, son but en Alsace qualifiait Nice. Et c’était loin d’être terminé. Juste avant la pause, le diable luxembourgeois transformait un penalty obtenu par le même Djelmas (3-0) et s’échappait à la limite de la surface, toujours sur un service du Serbe, pour tromper Sansone de près.
4-0 à la pause, 5-3 sur l’ensemble des deux matches et Langers auteur des cinq buts des Niçois en héros de la soirée… Bianchi pouvait exulter sur son banc, le spectre d’une descente s’éloignait dans le ciel azuréen.
Langers : « Nous nous sommes qualifiés trois fois ! »
Un cinquième but d’El Haddaoui, sur une passe décisive de… Robby Langers, et un sixième de Jules Bocandé à la 88ème transformaient le stade du Ray en hall de gare aux heures de pointe. Porté en triomphe, Langers restait lucide sur la hiérarchie de ses cinq buts :
« Le plus important de tous a été celui marqué à Strasbourg parce qu’il nous permettait d’entretenir l’espoir. Sans ça, à 0-3, nous n’aurions certainement pas attaqué le match retour avec autant d’ambition. Et peut-être que sans ce premier but, il n’y en aurait pas eu un deuxième. Nous étions hyper motivés et avec le fantastique public niçois, nous nous sommes mêmes qualifiés trois fois puisque nous avons marqué six buts quand deux auraient suffi ! »
Morisseau, Roy, Bonnevay, Elsner, Mattio, Gastien, Mazzuchetti, Rohr et Kurbos avaient été les autres héros d’un match mémorable, une de ces soirées qui ont fait la légende du Ray. Malheureusement, ce quadruplé historique n’annonçait rien de bon pour un club qui allait être rétrogradé administrativement un an plus tard pour de graves problèmes financiers.
Transféré à Cannes, après avoir longtemps pensé rejoindre le PSG, Robby Langers aura tout de même gagné, et pour toujours, une place à part dans le coeur des Nissarts.
Tom Boissy