S’ils avaient déjà battu le Real Madrid à deux reprises en phase de groupes, jamais les Gones n’avaient réussi cet exploit en match à élimination directe. Sur la route d’une première demi-finale historique de Ligue des Champions, Lyon accroche un premier grand d’Europe à son tableau de chasse. Peut-être au moment où on s’y attendait le moins.
Après ceux de 2004 (Porto), 2005 (PSV Eindhoven) et 2006 (Milan AC), c’est en sortant le grand Real Madrid, alors propulsé par deux Ballons d’Or en exercice, Cristiano Ronaldo et Kaka, que les joueurs de Claude Puel sont montés dans le quatrième quart de l’histoire du club en Ligue des Champions. Sans ses deux joueurs les plus emblématiques de l’époque, Juninho, rentré au Brésil l’été précédent, et Benzema, transféré.
Au Real, on ne se doutait pas que l’équipe souffreteuse du début de saison en était capable. Même si la victoire de l’aller 1-0, avait confirmé la tendance largement favorable aux Lyonnais, qui restaient sur deux victoires et deux nuls face au Real, le retour s’annonçait bien plus difficile dans un Bernabeu surchauffé et conscient que, cette fois, les joueurs de Pellegrini n’avaient pas droit à l’erreur.
Les déclarations des Madrilènes dans la presse ibérique ne laissaient aucune place au doute, personne chez les Merengues n’envisageait de se faire éliminer par l’OL. Ni Guti qui estimait que « ce serait un désastre de ne pas passer face à Lyon, une bonne équipe, mais pas un grand d’Europe » , ni Sergio Ramos qui pronostiquait « une victoire 3-0 et une autre nuit magique ! » Les deux étaient confortés dans leurs certitudes par l’ouverture du score précoce (5ème minute) sur une frappe de CR7.
On allait voir ce qu’on allait voir. Quand il est au pied du mur, le Real, c’est autre chose !
Lyon, bête noire du Real
Mais en s’imposant à Liverpool en phase de groupes (2-1), Lyon avait en partie effacé ce complexe d’infériorité qui, de manière récurrente dès que la pente s’accentuait, venait contrarier ses plus belles ambitions. Ils l’avaient fait à Anfield Road, ils pouvaient le faire à Santiago Bernabeu.
Ne pas s’affoler, résister et essayer de profiter de la moindre occasion… autant que de la baraka d’un Lloris sur un nuage qui repoussait toutes les tentatives d’Higuain, CR7, Raul ou Van der Vaart. Le 4-3-3 aussi audacieux, en phase offensive, avec le trio Delgado-Lisandro-Go
vou, qu’adapté à une récupération rapide du ballon, avec Toulalan, Makoun et Pjanic, faisait ses preuves pour offrir une balle de match à des Lyonnais concentrés à l’extrême. Encore fallait-il ne pas la manquer…
De plus en plus maître de son jeu au retour des vestiaires, mais manquant de réalisme devant les buts, par des occasions vendangées de Gonalons, Cris, Govou ou Cris, l’OL a un temps pu croire que sa chance était passée.
Jusqu’à ce centre de César Delgado, dévié par son compatriote argentin Lisandro Lopez et repris du gauche par Miralem Pjanic. Casillas battu, l’égalisation était logique et aurait même pu déboucher sur une victoire, tellement le dernier quart d’heure était à l’avantage des Gones. On pense notamment à un face à face immanquable et manqué par Lisandro.
L’essentiel était là, la qualifification pour les quarts de fifinale face à un Real qui butait pour la sixième fois d’affiffilée sur l’obstacle lyonnais. L’année d’après, les Madrilènes auront leur revanche au même stade de l’épreuve (1-1, 0-3), peut-être parce qu’ils avaient enfifin pris conscience que l’OL était bien davantage qu’une bonne équipe, mais désormais un grand d’Europe.
La confiance des Merengues était un leurre
Le lendemain, de retour à Lyon, Puel avait déjà la tête au derby face aux Verts qui se profifilait quelques jours après. Et de se féliciter d’un coaching qui avait permis, à la pause, de renverser le rapport de force au milieu de terrain.
Les entrées de Källström et du jeune Gonalons s’étaient avérées décisives pour jouer plus haut, reprendre le contrôle du jeu, arrêter de subir et se projeter vers les buts de Casillas. Face à l’arrogance des Madrilènes avant la rencontre, Puel n’était pas dupe :
« Cette équipe du Real n’était pas aussi sereine qu’elle voulait le faire croire. Il fallait donc essayer de la faire douter, ce que nous n’avons pas réussi en première période en perdant le ballon trop vite, en voulant trouver « Licha » trop souvent, ce qu’on a fait en seconde période en faisant preuve d’une belle maturité. »
L’OL tenait enfifin son grand exploit européen. Après un quart pour le moins atypique à ce niveau face aux… Girondins de Bordeaux (3-1, 0-1), ils allaient eux aussi accéder au dernier carré. 35 ans après leur meilleur ennemi stéphanois, pour leur première demi-fifinale européenne, ils allaient eux aussi buter sur le Bayern Munich. Mais ça, c’est une autre histoire…
Tom Boissy