Dans les années 50, le Stade de Reims s’impose comme LE grand club français. Avec le merveilleux visionnaire Albert Batteux à la baguette, entraîneur légendaire, cette équipe va se construire un impressionnant palmarès. Mais, en cette année 1958, Nîmes va toutefois offrir une belle opposition. Pas suffisante pour empêcher la bande à Fontaine de réaliser un historique doublé Coupe-championnat. L’unique du Stade.
Jacques Poncelet est un amoureux du Stade de Reims de longue date. Il suit les Rouge et blanc depuis plus de soixante ans !
« Je suis supporteur de cette équipe depuis le temps des Biscuits REM de Reims, cette grande biscuiterie dans les années 50. Ils avaient lancé la collection des footballeurs, une sorte de Panini de l’époque. J’avais une dizaine d’années. Je collectionnais l’album du Stade de Reims. Ensuite, j’ai été responsable au Stade de Reims sur tout ce qui se vendait sur le stade. J’ai été également le directeur de la publication du journal « Allez Reims ». Je suis le fondateur du nouveau logo « Allez Reims ». J’ai donc fait pas mal de choses au Stade pendant 15, 16 ans ».
Jacques Poncelet un mythique de l’année 1958
Jacques Poncelet a même écrit des ouvrages sur son club de cœur dont « la vie en rouge et blanc » paru en 2019 avec son fils Thomas. Il y est notamment question de cette mythique année 1958 pour le club de la Marne :
« 1958 reste à jamais gravée dans l’histoire du club car on a fait le doublé. C’était une grande équipe. Il y a eu aussi d’autres belles formations à Reims comme quand Carlos Bianchi était présent (joueur entre 1973 et 1977 et en 1984/1985, puis comme entraîneur entre 1984 et 1988, Ndlr). Mais aucune de ces équipes n’avait réalisé le doublé. A la fin des années 50, il y avait Fontaine, Piantoni, sans oublier Kopa qui n’était pas au club en 1958 (au Real Madrid, Ndlr). Albert Batteux en était l’entraîneur. Pour la plupart, les joueurs étaient de la région. L’équipe de 1958 ressemblait beaucoup à celle de 1956 (finaliste de la Coupe des Clubs Champions, sa première, Ndlr). »
« Pendant près de dix ans, cette équipe n’a donc pas trop bougé sauf quand Raymond Kopa est parti pour revenir (en 1959, Ndlr). Les joueurs restaient des années dans le même club. On mouillait le maillot pour le Stade de Reims. C’était une équipe de copains. On ne changeait pas comme maintenant. La politique actuelle du Stade de Reims, je ne la cautionne pas trop. On prend souvent des jeunes qui viennent de région parisienne et d’ailleurs. On les forme et on les pousse, quitte à les casser. Ils peuvent se blesser facilement. Pour les revendre ensuite. C’est le cas d’un Edouard Mendy (gardien de Chelsea, Ndlr), acheté trois fois rien quand il est passé par Reims (entre 2016 et 2019, Ndlr). Le Stade de Reims fait des sous. Ce n’est évidemment pas le seul club à procéder de la sorte. »
« Il y a soixante ans en arrière, les choses ne se passaient pas comme cela. Un exemple. J’aime beaucoup un Ilan Kebbal (le milieu de terrain de 23 ans, Ndlr). Il est vraiment gentil comme tout. On nous dit qu’il est très fort, mais on ne peut pas le comparer avec Raymond Kopa tout de même ! En début de saison, une copine l’amenait en Renault. Il vient de passer son permis. Maintenant il sort du vestiaire avec le dernier Coupé Mercedes… Dans le temps, les gars allaient même en vélo à l’entraînement (rires). Tout cela pour dire qu’on ne peut pas comparer les choses ».
La Coupe de France comme apothéose pour le Stade de Reims
Retour en arrière. 18 mai 1958. Cette victoire en Coupe de France en vaut deux. Reims bat Nîmes en finale (3-1). Le Stade fait une pierre deux coups. A une semaine d’intervalle, le grand Reims signe un fantastique doublé Coupe-championnat. Il restera unique dans l’histoire du club. Un jour mémorable.
A Colombes, près de 60 000 spectateurs assistent à la rencontre. Reims est déjà champion de France contre de vaillants Crocos, leurs dauphins sept points derrière. Nîmes est volontaire, mais Bliard ouvre le score peu avant la mi-temps (42ème).
A la reprise, Nîmes égalise sur coup franc d’un tir splendide de Mazouz (49ème). Puis les hommes d’Albert Batteux passent la vitesse supérieure. Piantoni passe à attaque. Désorganisés par l’absence de leur milieu de terrain, les Gardois doivent faire face aux assauts de Reims. Bliard est fauché, mais Fontaine marque le 2ème but pour Reims (56ème).
Ce n’est pas fini. Piantoni lui, est ce merveilleux distributeur. Il passe à Vincent. Bliard, enchaîne, reprend et marque un doublé en fin de rencontre (89ème). La messe est dite. Reims ajoute donc la Coupe de France (sa deuxième et dernière en date après celle de 1950 contre le RC Paris) à son titre de champion de France. Devant l’enthousiasme de ses supporteurs, c’est le classique tour d’honneur pour les champions rémois :
Le seul doublé du club
« à cette. époque se rappelle l’auteur de « Supporters du Stade » paru en 2005. J’allais voir les matches de Reims avec mon patron. Bien entendu cette finale de Coupe de France a marqué les esprits. De par le contexte et par le fait de sa mainmise en championnat devant cette même équipe de Nîmes. Le Stade de Reims avait débuté sa finale avec une belle dose de confiance ».
Ce jour de finale et d’apothéose, Fontaine à Colombes avait donc une nouvelle fois trouvé le chemin des filets.
« C’est en cette même année 1958 que Fontaine est devenu et demeure toujours le meilleur buteur de la Coupe du monde (en une seule édition avec 13 buts, Klose en a marqué 16, mais en quatre éditions, Ndlr). Il devait y avoir sept joueurs de Reims le jour de la finale en équipe de France (en fait, ils étaient neuf internationaux au coup d’envoi, Ndlr). C’était la gloire ».
Ce doublé a notamment été possible grâce à la maestria d’Albert Batteux : « Il était quand même très étonnant de pouvoir tenir une demi-finale et d’apothéose, Fontaine à Colombes avait donc une nouvelle fois trouvé le chemin des filets.
Batteux et les rémois dans la la légende
« C’est en cette même année 1958 que Fontaine est devenu et demeure toujours le meilleur buteur de la Coupe du monde (en une seule édition avec 13 buts, Klose en a marqué 16, mais en quatre éditions, Ndlr). Il devait y avoir sept joueurs de Reims le jour de la finale en équipe de France (en fait, ils étaient neuf internationaux au coup d’envoi, Ndlr). C’était la gloire ».
Ce doublé a notamment été possible grâce à la maestria d’Albert Batteux : « Il était quand même très étonnant de pouvoir tenir une équipe d’une telle dimension. Batteux était issu d’une famille nombreuse (ils étaient 14 enfants, Ndlr). Un de ses frères avait même été docteur au Stade de Reims » ajoute Jacques Poncelet.
Et ce dernier d’achever : « Ce doublé avait été magnifiquement fêté. Il y avait eu des défilés dans les rues. Une vingtaine de sections en ce temps-là « Allez Reims » dans les bars, existaient. Les trains avaient été complets pour aller voir cette finale de Coupe de France ». Un an plus tard, Reims disputera sa deuxième finale de Coupe des Clubs Champions (perdue 2-0 contre le Real). L’histoire sera ensuite bien moins joyeuse. Le licenciement de Batteux en 1963 coïncidera avec le déclin du club relégué en deuxième division en 1964.