C’est le genre d’anecdote qui ne pourrait pas se dérouler de nos jours. Interdit d’attaque par son leader, Raymond Delisle n’en a fait qu’à sa tête et a fini par remporter le 16ème étape du Tour en 1969.
Le 14 juillet 1969, Raymond Delisle (en photo, en 1963, lors de la conquête du maillot jaune) devient le plus improbable vainqueur sur le Tour en s’adjugeant la 16ème étape, contre l’avis de son leader, Roger Pingeon. L’avant-veille lors de la 14ème étape, le Français avait déjà tenté sa chance et s’état faire reprendre par son chef d’équipe. Alors que Pingeon lui avait demandé de faire preuve de sang-froid, face à Eddy Merckx et ses équipiers belge, l champion de France en titre, dans un élan d’impulsivité et de fierté d’exhiber son maillot bleu blanc rouge, n’avait rien écouté. Il avait attaqué et s’était fait reprendre, avant d’être carrément giflé par son leader .
« Il n’est pas possible de courir avec et pour Pingeon. Qu’il soit malade que j’aie gagné le championnat de France est une chose. Mais qu’il m’interdise de tenter ma chance (…) voilà qui va un peu trop loin », avait alors déclaré Delisle, contrarié par l’attitude de son leader, qui avait quelque chose derrière la tête.
On comprit tout de suite le surlendemain, dans la 16ème étape. Moins de 10 km après le départ, Raymond Delisle compte déjà trois attaques à son actif, même si elles n’avaient cependant pas eu l’efficacité souhaitée. C’est un peu plus tard, lors de la traversée de Portet d’Aspet que le sort allait enfin lui être favorable.
« J’espère que Pingeon me redonnera une autre claque afin que je remporte une 2ème victoire ».
Avec une certaine maitrise, le Français se retrouva avec 1min20 d’avance en sommet du col, devant Jan Janssen et Wladimiro Panizza, qui, malgré tous les efforts, ne parviendront pas à ‘empêcher de remporter cette étape Castelnaudary-Luchon.
> Mardi 19 juillet (16ème étape) : Carcassonne – Foix
Une victoire qui a permis d’oublier l’erreur passée du Normand, et qui lui vaudra le surnom de « Rouget Delisle ». Ce dernier ira même jusqu’à déclarer dans l’émotion : « J’espère que Pingeon me redonnera une autre claque afin que je remporte une 2ème victoire ». Après avoir pris sa retraite en 1977, le coureur s’est éteint le 11 août 2013 à l’âge de 70 ans.