Auteur d’un début de saison plus que convaincant (vainqueur du Tour des Alpes), le leader de la formation DSM, Romain Bardet se présente sur le Giro avec beaucoup d’ambitions au général avant de basculer sur son retour en France, sur le Tour.
Comment vous sentez-vous en ce début de saison ?
(Sourire) Tout va pour le mieux. Bien content de bien lancer ma saison avec notamment une belle victoire sur le Tour des Alpes.
D’autant plus que ça vous permet de vous préparer au mieux pour le premier gros objectif de votre saison avec le Tour d’Italie…
J’espère que tout se met bien en place. J’ai passé un bon hiver. Avec deux grands Tours dans l’année, on ne peut pas avoir quatre à cinq pics de forme dans la saison. On a préféré faire un début de saison light sur le nombre de courses avec seulement quatre épreuves comme UAE Tour, Tirreno-Adriatico, le Tour des Alpes puis Liège-BastogneLiège.
On a plutôt essayé de jouer la carte de la fraîcheur. J’ai beaucoup travaillé à l’entraînement, mais j’ai essayé de garder cette envie de faire des courses. Une fois que j’ai fini ce bloc, je sens que ça va de mieux en mieux. Je suis content de mes sensations du moment. C’est un très bon hiver. C’est ma deuxième année dans l’équipe. J’ai beaucoup plus d’automatismes, tout vient plus naturellement, notamment sur les entraînements. Je suis bien et épanoui.
Romain Bardet se concentre sur lui-même
Comment expliquez-vous ce retour aux sources et à la base du cyclisme avec simplement le fait de prendre plaisir sur votre vélo ?
J’ai voulu me recentrer sur moi-même et sur mes objectifs. Je voulais travailler plus dans la tranquillité. Je suis heureux maintenant. J’arrive à me dépasser plus aux entraînements. C’est bien de voir que dès ma course de rentrée, tout est déjà en place. Les sensations sont bonnes, mais il reste du chemin. Le Giro est une grande course, tout peut y arriver.
Pensez-vous que l’expérience de l’année passée avec le Giro puis la Vuelta va vous aider dans l’optique d’enchaîner le Tour d’Italie puis le Tour de France ?
Il est vrai que l’année dernière m’a permis de faire un bon Giro, mais je pense que j’aurais pu finir plus haut (7ème du général, Ndlr). C’était dans les premiers mois d’adaptation à ma nouvelle équipe. Beaucoup de choses avaient changé pour moi. Il fallait que ça se mette en place. C’était intéressant d’y retourner cette année en ayant approfondi les choses. C’est un Tour qui me convient très bien. Je suis souvent bien en mai.
On l’a bien préparé. Les premiers mois de l’année, tout le monde court. Nous, on s’entraîne sans voir les résultats. Je savais qu’en étant patient, ça me donnerait une certaine forme de stabilité et de fraîcheur sur la partie actuelle de la saison. Physiquement, j’étais bien, mais pas suffisamment pour gagner, mais j’allais de mieux en mieux.
« J’ai travaillé à l’entrainement »
Si on suit la logique de l’an passé, vous avez gagné une étape sur la Vuelta et non sur le Giro, est-ce une bonne nouvelle pour le Tour de France qui s’annonce ?
(Sourire) Dès la Vuelta, les sensations étaient bonnes. Je ne vois pas pourquoi ce ne serait pas pareil. Les voyants sont au vert.
Quelles sont vos attentes sur les prochaines courses ?
Je ne veux pas me mettre de pression inutile. Je veux prendre du plaisir sur le vélo. Sur le Tour des Alpes, j’étais là sans me prendre la tête. Cela m’a réussi. Sur le Giro, j’arrive à 100 % concentré pour viser le général.
Etes-vous impatient tout de même de revenir sur le Tour de France ?
Je n’y pense pas trop. On verra après le Giro. On fera un point. Beaucoup s’y sont cassées les dents. Je ne veux pas aller plus vite que la musique. D’abord, focus sur le Giro. Je saurai prendre le temps avant d’y penser et voir la suite, mais le parcours du Tour me plaît. Mais ce serait manquer de respect au Giro que d’anticiper les choses. Il y a une forte concurrence en Italie aussi. Ma priorité première reste le Giro cette année.
Le fait de doubler Giro-Tour ne vous faitil pas peur ?
Je sais que ce ne sera pas simple. Par le passé, beaucoup de coureurs n’ont pas connu le succès espéré. Je viendrai sur le Tour de France pour prendre du plaisir et sans pression. En 2020, je l’avais laissé après une chute. Je veux réussir un bon retour. Je fais en sorte de respecter mon programme, mais j’ai forcément envie de réussir mes retrouvailles. Le haut niveau se joue sur pas grandchose. Si je viens en France, c’est pour faire de belles choses. J’ai envie de retrouver la France. J’y ai beaucoup couru depuis que je suis devenu pro. Mais ça m’a fait du bien de voir autre chose. J’espère que ça se passera bien.
L’expérience avec le Team DSM répond-elle à vos attentes ?
Je suis entouré de jeunes coureurs qui ont une grande envie de progresser. Il y a une vraie dynamique d’équipe. Je me régale. C’est bizarre, d’être l’un des plus expérimentés à 31 ans. Je ne me sens pas vieux pour autant. J’ai encore cette envie de progresser. Je suis entouré de coureurs prometteurs, mais il faut encore quelques courses pour exploiter ce potentiel. Ça me fait plaisir d’être là pour eux. Ils sont super motivés et volontaires. Ils sont dans la meilleure équipe pour se développer. C’est bien d’échanger pour avoir de bons résultats derrière.