vendredi 19 avril 2024

Ronan Pensec : « Pinot, c’est fini »

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Frédéric Denat
Frédéric Denat
Journaliste

L’ancien maillot jaune, Ronan Pensec (deux jours en 1990) continue d’organiser son emploi du temps annuel en fonction des dates du Tour de France. Car, à ses huit participations sous les couleurs de Z Peugeot ou RMO entre 1986 et 1994, il en a ajouté 26 comme consultant à la réalisation sur France Télévisions. De quoi lui permettre de donner un avis, tranché, sur l’évolution du peloton.

Que devenez-vous ?

J’ai créé une société de contrôle technique en 1992, alors que j’étais encore en activité. Une blessure à un talon m’avait fait prendre conscience que tout pouvait basculer très vite. Lorsque j’ai arrêté, en 1997, j’avais un centre technique, j’en ai aujourd’hui cinquante gérés par la SARL Minotaure, la holding qui détient l’ensemble des centres. Sans faire de plans sur la comète, j’avance en fonction des opportunités. J’ai aussi une structure de maisons que je loue pour les vacances (atlantic-collection.com).

Vous ne souhaitiez pas rester dans le vélo ?

Je voulais m’impliquer avec l’objectif de monter une équipe mais, en 1997, le moment n’était pas forcément propice et mes recherches de sponsor n’ont pas été une réussite.

Je l’ai regretté au début, mais quand je vois le développement de ma société, je me dis que j’ai tiré le bon cheval et que ma casquette sur France Télévisions me permet de rester encore au contact d’un milieu que j’aime tout en fréquentant des gens d’horizons différents.

Aimeriez-vous être coureur cycliste au-jourd’hui ?

Oui, car les salaires sont plus importants (rires) ! En même temps, avec ces fameuses oreillettes, je pense que je me régalerais moins. Elles changent quand même pas mal de choses.

Ronan Pensec fait une croix sur Pinot

Prenez-vous du plaisir à regarder les courses ?

Depuis deux ans, les choses bougent grâce à une nouvelle génération plus fougueuse. Avec de tels talents, des jeunes exceptionnels, quel dommage qu’ils soient dirigés et qu’ils n’aient pas la même liberté qu’à notre époque. On sent que certains sont de vrais gagneurs et aspirent à plus de marge de manœuvre, mais en étant quand même trop téléguidés…

Le bon côté des choses, c’est que le cyclisme parvient encore et toujours à susciter des vocations alors que c’est un sport extrêmement difficile qui va à l’encontre des valeurs d’une société où le goût de l’effort se perd peu à peu.

Vous inquiétez-vous de ne toujours pas voir de Français vainqueurs du Tour ?

Heureusement que le cyclisme ne se résume pas au seul Tour de France. Qu’ils essayent déjà de gagner le Dauphiné, Paris-Nice… après on verra. Il faut y aller étape par étape. Certains ont déjà fait leurs preuves dans les Classiques. Un Gaudu est prometteur, mais pas encore assez pour espérer gagner le Tour car il ne roulera jamais à 50 km/h dans un chrono. Qu’il se consacre plutôt à ce qu’il sait faire de mieux.

Pinot, c’est fini. Il avait le potentiel pour, mais il a pris une belle claque il y a deux ans. La solution vient peut-être des Français qui partent dans les équipes étrangères. Si Alaphilippe est le meilleur aujourd’hui, ce n’est peut-être pas un hasard. Je suis curieux de voir ce que va faire Bardet avec DSM. Je suis d’accord avec Jalabert quand il dit que les coureurs français ont trop tendance à s’endormir dès qu’ils prennent un peu de monnaie dans le confort d’une équipe française. Il faudrait un électrochoc pour les réveiller !

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