Pour la première fois de leur carrière, les deux frangins Rudy (31 ans, ex-St Michel-Mavic-Auber93) et Pierre (26 ans, ex-CIC U Nantes Atlantique) portent la même tunique au sein de la formation belge Philippe Wagner/Bazin en Conti où, dans les sprints, un Barbier va donc pouvoir en cacher un autre. Entretien pour Cyclisme magazine et Le Quotidien Du Sport.
Pourquoi a-t-il fallu attendre cette année pour vous voir dans la même équipe ?
Rudy : Pierrot avait ses équipes, j’avais les miennes, et personne ne nous a offert l’occasion de courir ensemble. On faisait chacun nos sprints de notre côté.
Pierre : Parce qu’à la trentaine Rudy arrivait à un tournant de sa carrière et que j’avais besoin de quelqu’un pour être plus fort dans le final des sprints. L’occasion s’était déjà présentée une fois lorsque j’étais stagiaire à Roubaix, mais il avait signé chez AG2R (en 2017, Ndlr). C’était le bon moment car on aurait regretté tous les deux de ne jamais avoir la possibilité d’être dans la même équipe.
Quel premier souvenir sur un vélo avez-vous l’un de l’autre ?
Rudy : Je le revois encore aller en vélo à l’école qui n’était éloignée de notre domicile que d’un petit kilomètre. Il devait avoir 6-7 ans, j’en avais 11-12, mais on a débuté le vélo en club en même temps, moi en minimes, lui en poussin.
Pierre : J’ai encore la photo chez moi où on nous voit tous les deux dans la cour de chez nos parents. C’est lui qui m’a appris à faire du vélo en faisant des petits slaloms.
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« Avec Pierre, tout doit toujours aller vite ! »
Quel meilleur souvenir de cyclisme en commun avez-vous ?
Rudy : Quand je gagne Paris-Troyes en 2016, la première course pro qu’on faisait ensemble, Pierre finit 3ème. C’était exceptionnel de se retrouver tous les deux sur le podium. Plus récemment, en début de saison, j’ai adoré le voir gagner au Tour de Sharjah à Dubai avec notre nouveau maillot Philippe Wagner/Bazin après l’avoir lancé.
Pierre : Nous avons les deux mêmes meilleurs souvenirs…
Quelle est la principale qualité de votre frère ?
Rudy : Il est assidu, hyper pro, méticuleux dans tout ce qu’il fait pour tout mettre en place dans son processus de réussite. Pierre : Il est généreux et quand il aime il donne sans compter.
Son principal défaut ?
Rudy : Il est impatient, avec lui tout doit toujours aller vite !
Pierre : Il peut être très têtu, limite borné parfois.
Un trait de caractère que vous avez en commun ?
Rudy : On ne lâche jamais rien. Nous partageons des valeurs qui nous ont été inculquées dans l’éducation que nous avons reçue avec notre grande sœur. Depuis, on n’y déroge pas.
Pierre : Je pense que nous sommes tous les deux vaillants et courageux dans l’effort. Quand il faut y aller, on y va ! Au départ des courses, même si on n’a pas les mêmes armes que les grosses structures, on se bat jusqu’au bout avec nos moyens.
« Dans la vie, comme sur un vélo, on est pareil, on ne joue pas un rôle. On sait d’où l’on vient » (Pierre)
Qu’est-ce qui vous différencie ?
Rudy : Pierre appartient à la nouvelle génération qui est à fond sur les stats, très précis dans son entraînement et sa préparation. Je l’ai peut-être été, je ne suis plus comme ça.
Pierre : Je pense être un peu plus réfléchi quand Rudy a tendance à foncer tête baissée. Dans la vie, comme sur un vélo, on est pareil, on ne joue pas un rôle. On sait d’où l’on vient.
Comment se passent vos premiers mois dans votre nouvelle équipe ?
Rudy : Tout se passe bien notamment grâce à Geoffrey Coupé (le manager, Ndlr) qui réussit à fédérer tout le groupe autour de ce projet ambitieux qui repose pas mal sur les épaules de Pierre. Je suis à fond dans cette optique, le faire gagner, donc faire gagner l’équipe, me mettre à son service pour ça. Il le mérite car il est très rapide.
Pierre : C’est vraiment top, que ce soit ma relation avec Rudy ou avec le reste de l’équipe. On a déjà eu l’occasion de montrer que ça matchait bien entre nous en gagnant deux étapes à Dubai (sur le Tour de Sharjah) et depuis les occasions ont manqué pour confirmer. L’objectif est maintenant de gagner une ProSeries, peu importe laquelle et peu importe la manière, avec le Tour de Belgique, les 4 Jours de Dunkerque notamment.
Avec l’ambition d’intégrer la ProTeam la saison prochaine ?
Rudy : Avec l’ambition d’intégrer la ProTeam la saison prochaine !
Pierre : Bien sûr. J’ai envie de dire, sans que cela soit mal interprété, avec ou sans l’équipe… car on nous a débauchés pour un projet ProTeam 2025 alors que j’avais des opportunités d’y évoluer déjà cette année. Si je les ai refusées, et accepté de refaire une année en Conti, c’est que je crois à fond à ce projet. En même temps, j’ai 26 ans, je ne me vois pas rester à ce niveau toute ma carrière.