Arrière à ses débuts à l’US Dax, Pierre Albaladejo deviendra une des plus grandes légendes du rugby français au poste d’ouvreur. Retour sur le parcours de cet homme modeste d’origine espagnole qui n’était pas forcément destiné à devenir rugbyman.
Pierre Albaladejo a grandi à Dax dans un milieu modeste où le rugby n’était pas le principal sujet de conversation. Il n’est pas issu d’une famille de rugbymen et n’était pas destiné à pratiquer ce sport. Mais, en s’amusant avec les copains, il y a pris goût et c’est au sein du club de sa ville qu’il est devenu une star. Il n’a jamais quitté son club de cœur avec lequel il a disputé quatre finales du championnat en 1956, 1961, 1963 et 1966 sans en remporter une seule.
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Il aurait mérité de soulever au moins un Bouclier de Brennus. Arrière reconverti à l’ouverture, il pouvait jouer des deux pieds avec la même efficacité. Son jeu au pied est rapidement devenu une arme tactique pour son équipe et a d’ailleurs, en partie, entraîné son changement de poste. C’est lors de la saison 1958/1959 qu’il a été déplacé de l’arrière à l’ouverture car son entraîneur estimait qu’il ne possédait pas les qualités pour s’intercaler dans la ligne d’arrières et manquait d’assurance sur les balles hautes. A l’ouverture, il était, en revanche, chirurgical.
Quatre tournois des 5 nations pour Pierre Albaladejo
Il n’était pas seulement un ouvreur doté d’un bon pied, il était aussi le premier attaquant de son équipe avec un style très élégant. Il alternait parfaitement entre le jeu au pied et à la main, son intelligence tactique lui permettait de prendre souvent les bonnes décisions.
Dans les années 50-60, on ne parlait que de lui et, en 1957, il remporte le Challenge Yves du Manoir, son premier titre national, il en gagnera un deuxième en 1959. S’il n’a pas été champion avec Dax, il a, en revanche, été titré avec les Bleus. Entre 1954 et 1964, il a été appelé à 30 reprises en équipe de France et a inscrit 104 points.
Il a été l’un des éléments essentiels des quatre Tournois des 5 Nations remportés par la France en 1954, 1960, 1961 et 1962. S’il a joué son dernier match avec les Bleus en 1964, il n’a pas immédiatement pris sa retraite de joueur puisqu’il a porté le maillot dacquois jusqu’en 1966. Déjà brillant et mesuré en interview pendant sa carrière de joueur, il deviendra tout naturellement un brillant consultant.
Le chiffre : 3
Pierre Albaladejo était surnommé Monsieur Drop. Il a hérité de ce surnom lors du match des 5 Nations face à l’Irlande en 1960. Pierre Albaladejo était devenu le premier joueur à réussir trois drops en match international. Il inscrira 12 drops au cours de ses 30 sélections.
Le saviez-vous ?
En 2017, une statue à son effigie est inaugurée près du stade de Dax. Elle le représente en action, initiant une passe. Elle a coûté 45 000 euros. Pierre Albaladejo a demandé qu’elle soit entourée d’une trentaine de stèles portant le nom des autres internationaux Dacquois. Albaladejo a été l’un des rares joueurs honoré lors de son vivant après Gareth Edwards et Colin Meads.