vendredi 19 avril 2024

Sidney Govou : « L’OL ne doit pas perdre son identité »

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Julien Huët
Julien Huët
Journaliste

Septuple champion de France avec l’OL, l’ancien attaquant international Sidney Govou est à la fois l’un des joueurs et l’un des personnages les plus marquants de l’histoire du club. Il se raconte pour Le Foot Lyon et Le Quotidien du Sport.

Quel est votre meilleur souvenir avec l’OL ?

Le premier titre en 2002 restera quelque chose d’exceptionnel, autant d’un point de vue individuel que collectif. C’est comme toutes les premières fois, on ne peut pas les oublier. On n’oublie pas les autres ensuite, mais on les banalise. L’histoire de ce premier titre est magnifique. Le premier contre le deuxième à la dernière journée, je ne sais même pas si ça a déjà existé sur un match décisif à domicile comme ça avait été le cas. Le scénario est énorme (OL-Lens : 3-1, Ndlr). Au-delà de la

performance individuelle et de mon but inscrit ce jour-là, l’histoire est tout simplement trop belle. On remonte beaucoup de points dans la deuxième partie de la saison, sans être pour autant top à tous les matches, loin de là. Il y avait beaucoup de signaux et je pense que c’était écrit. On a tous cru en notre destin.

Et, à l’inverse, quel est votre pire souvenir sous les couleurs rouge et bleu ?

Je pense que c’est l’élimination en quarts de finale de la Ligue des Champions à Eindhoven (1-1, 4 t.a.b à 2 en 2005, Ndlr) que j’ai eu le plus de mal à digérer. Dans l’histoire du club, s’il y a une saison où on aurait dû gagner la Ligue des Champions, je pense que c’était cette année-là, en 2005. On avait l’équipe pour la gagner du moins.

Beaucoup de personnes ont pensé que c’était en 2006 avec Gérard Houllier, mais je reste persuadé que c’est à ce moment-là. En 2006, on a peut-être une meilleure équipe, mais c’est une équipe qui est attendue. En 2005, on a une équipe énormissime, beaucoup plus folle et on n’est pas attendu.

« On a dit beaucoup de choses fausses sur moi »

Que reste-t-il aujourd’hui de votre carrière de joueur ?

J’ai appris énormément de choses, autant dans le monde du football que dans la vie finalement. Je ne suis pas quelqu’un de carriériste. Je suis heureux de ce que j’ai pu apporter et aussi de ce que les gens m’ont donné. C’était beaucoup de bonheur, mais je suis aussi réaliste sur beaucoup de choses. Je ne suis pas un doux rêveur.

Avec le recul, si vous deviez changer une chose dans votre carrière, ce serait laquelle ?

Je ne changerais quasiment rien de ma carrière. Je serais peut-être un peu plus dur avec certaines personnes et certains journalistes. A l’époque, je n’avais pas compris que, quand tu arrives dans ce milieu, on te colle une étiquette dans le dos et on ne peut plus te l’enlever. On a dit beaucoup de choses fausses sur moi.

Je m’en suis toujours plus ou moins sorti. J’étais là pour jouer au football, pas pour amuser la galerie ou faire plaisir à des journalistes. Je n’étais pas là pour être le gendre idéal. Je serais sûrement en tout cas moins sympa avec certaines personnes. J’ai été un peu trop cool, mais bon c’est mon caractère. Je ne peux pas tricher.

Quel est votre but préféré marqué avec l’OL ?

J’aime bien mon piqué face à Penneteau contre Valenciennes en 2007. Si mes souvenirs sont bons, il vient en début de saison et je m’étais embrouillé avec Juninho par médias interposés. Et là c’est lui qui me donne le ballon puis je fais le piqué et je marque, alors que j’étais remplaçant je crois.

En fait, c’est marrant puisque ça a été interprété comme la fin de notre chamaillerie. Ce but a une signification au-delà d’être beau. Directement après on se prend dans les bras. Finalement, ce n’est même pas le but qui a mis fin à notre embrouille, mais l’intelligence de chacun qui nous a permis de comprendre qu’on avait besoin l’un de l’autre pour gagner donc ça s’est arrêté là.

« Je ne travaille pas au club donc j’ai ma liberté de parole »

Et le but dont vous avez marre qu’on vous parle ?

On me parle souvent de mon doublé contre le Bayern Munich (3-0 en 2001, Ndlr), mais ça ne m’énerve pas. Quand on te parle d’un but, c’est forcément positif. Après, on me parle toujours du Bayern Munich, on dirait que je n’ai fait que ça ! Quand on voit un joueur, on a toujours une image de lui dans un moment précis, c’est normal.

Comment jugez-vous l’évolution de l’OL ces dernières années ?

Le club est en perpétuelle évolution notamment avec ce stade. Il y a quelque chose qui me dérange, c’est le côté de la perte d’identité, mais c’est comme ça de partout dans le football. Le foot commence à appartenir à des gens qui ne comprennent pas le foot et qui pourtant se l’approprient. L’évolution de l’OL a été un peu trop dans ce sens selon moi. Mais je trouve que la gestion du club sur les dix dernières années est bonne. Désormais, il faut basculer sur autre chose.

Aujourd’hui, beaucoup disent que vous avez un rapport un petit peu contrarié avec le club, comment expliqueriez-vous cela ?

Je ne me sens pas en contrariété avec le club. La seule différence, c’est que je dis ce que je pense. Ça peut déranger justement les nouveaux arrivants en pensant que je suis contre, mais non je suis tout sauf contre. En revanche, je ne suis pas un suiveur. Peut-être que je me trompe, mais j’ai certaines idées et j’irai jusqu’au bout de ce que je pense.

Tout en évoluant bien sûr, on peut me faire comprendre que je me trompe. Mais je ne travaille pas au club donc j’ai ma liberté de parole. Si demain je venais à travailler au club, mon discours serait différent. Et encore quoique. Mon discours serait différent en externe, mais en interne non.

Bosz et Juninho ont une sensibilité de joueur pour Govou

Que pensez-vous de l’identité de jeu souhaitée par Juninho et Peter Bosz ?

Identité de jeu, ça ne veut rien dire. Ce sont quels joueurs tu veux dans ton équipe pour montrer qui tu es. On parle plus d’identité, on parle de la volonté du coach. Un mec comme Peter Bosz, pour avoir discuté avec lui, a une sensibilité joueur comme Juninho peut l’avoir.

Et ensuite ils choisissent les joueurs en fonction de leurs caractéristiques et de leurs profils. Tous les coachs veulent récupérer le ballon dans les 30 derniers mètres et gagner. Ils ont tous le même discours. C’est le genre de joueurs que tu as et comment ils se comportent sur le terrain qui reflètent ce que le coach est vraiment.

Comment résumer vos activités actuelles ?

En grande majorité, je suis à la télévision en tant que consultant chez Canal +. Je commente des matches et je participe à des émissions. Je suis aussi dans le sport amateur au FC Limonest-Saint-Didier-Dardilly avec le président Alexandre Vainchtock que je conseille.

Je fais pas mal d’interventions en entreprises depuis déjà un certain temps également, c’est quelque chose que j’ai développé. Et il y a aussi évidemment le plus important : mes enfants !

Pourriez-vous revenir dans un club professionnel d’une façon ou d’une autre ?

Ça devrait arriver rapidement je pense. Dans la vie, il faut prendre des décisions et je pense être au carrefour de décisions importantes à prendre pour mon futur.

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